Liaisons intérieures en berne, Asie et Amérique latine à la traîne : la hausse du trafic des aéroports parisiens l’année dernière n’a pas suffi à leur faire retrouver les niveaux d’avant la crise sanitaire, un décrochage par rapport à la tendance mondiale.
L’exercice 2024, le cinquième depuis l’irruption de la pandémie qui a très durement touché le secteur aérien, s’est achevé sur une progression de 3,7% de la fréquentation à Roissy (Paris-Charles-de-Gaulle, CDG) et Orly, à 103,4 millions de voyageurs. Le Groupe ADP, détenu à 50,6% par l’État français, exploite les aéroports de Roissy, Orly et du Bourget, mais aussi de nombreux aéroports dans le monde.
Si ces chiffres sont conformes aux prévisions, les volumes n’ont encore représenté que 95,8% de ceux de 2019, dernière année pleine avant la propagation du Covid-19. Le bilan du transport aérien mondial pour 2024 n’est pas encore connu, mais l’Iata, la principale association de compagnies, prévoyait près de 4,9 milliards de passagers, écrasant le record de 4,5 milliards établi en 2019.
L’aéroport de Roissy , surtout consacré aux long-courriers, n’a retrouvé l’année dernière que 92,3% de ses voyageurs de 2019, malgré une hausse de 4,3% sur un an, rançon de certaines liaisons pas remises de la crise.
Moins de vols d’Asie-Pacifique, Amérique latine et liaisons intérieures, plus de vols vers l’Amérique du nord et l’Afrique
Les vols au départ ou à l’arrivée de l’Asie-Pacifique ont évolué à 85,5% des niveaux de 2019, en très forte hausse néanmoins sur un an (+24,3%). Autres faisceaux lestant la tendance : l’Amérique latine, qui n’a atteint l’année dernière que 85,7% des passagers d’avant la pandémie, le Moyen-Orient, victime des conflits (90,9% de 2019, chute de 3,8% sur un an), et surtout les liaisons intérieures françaises.
En 2024, le nombre de passagers transitant par Roissy ou Orly pour rejoindre des aéroports métropolitains ou en arriver s’est contracté de 4,9% sur un an, à 71,5% des volumes de 2019.
Prévue par les compagnies aériennes comme Air France qui va cesser ses activités à Orly l’année prochaine, cette désaffection est attribuée par les professionnels au développement des visioconférences et à la concurrence du ferroviaire.
À l’inverse, les liaisons africaines (116,8% de 2019) et nord-américaines (105%) tirent la moyenne à la hausse. Les vols à destination et en provenance de la France d’outremer sont au niveau d’avant-crise, à 100,1%.
Croissance plus modeste à Orly, mais au-dessus de 2019
De son côté, l’aéroport d’Orly, d’où partent des vols majoritairement plus courts et de plus en plus assurés par des compagnies “low-cost”, a connu une croissance annuelle plus modeste que Roissy, à 2,6%, mais elle a accueilli 104% du volume de passagers de 2019, après avoir dépassé ses niveaux d’avant-crise dès 2023.
Les aéroports parisiens ne représentent que 28% des passagers du groupe
En 2020, au début de la crise sanitaire, ces installations avaient vu leur fréquentation réduite à 30,6% de celle de l’année précédente. Après une année 2021 à peine meilleure (38,8%), Orly et Roissy avaient retrouvé 80,2% de leurs voyageurs d’avant-crise en 2022 et 92,3% en 2023.
En dehors de ses aéroports franciliens, le Groupe ADP gère en direct ou via des partenaires 26 plateformes aéroportuaires dans le monde, d’Antalya (Turquie) à Santiago du Chili en passant par Almaty (Kazakhstan) et New Delhi. Sur ce périmètre, il a battu l’année dernière son record de passagers, à 363,7 millions, soit 106,5% des niveaux de 2019, dopés par la fréquentation des installations de ses partenaires indien GMR (114,2%) et turc TAV (111,5%).
Nouveau président
L’entreprise aux 28 000 employés doit changer incessamment de PDG après la non-reconduction d’Augustin de Romanet, aux commandes depuis 2012. Selon le site d’investigation économique l’Informé, l’Elysée et Matignon se sont mis d’accord au niveau des conseillers sur la candidature de Philippe Pascal, actuel directeur général adjoint chargé des finances, de la stratégie et de l’administration d’ADP, mais c’est au président Emmanuel Macron de trancher.
Une fois proposé, le candidat devra être auditionné par les deux chambres du Parlement, et sa nomination avalisée en Conseil des ministres, autant d’étapes compliquées par l’instabilité politique de ces derniers mois.
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