Trois ans de prison ont été requis mardi à Nanterre, en région parisienne, à l’encontre d’une nourrice accusée d’avoir intoxiqué les parents des enfants d’une famille qu’elle gardait en janvier 2024, le parquet ayant retenu l’antisémitisme comme circonstance aggravante.
Le parquet a également demandé une interdiction du territoire français de 10 ans à l’encontre de la prévenue, une Algérienne de 42 ans, qui avait reconnu durant sa garde à vue avoir versé des produits de nettoyage dans des bouteilles d’alcool aux parents des trois enfants de 2, 5 et 7 ans qu’elle gardait à Levallois-Perret.
La prévenue est poursuivie pour administration de substances nuisibles ayant entraîné une incapacité totale de travail (ITT), supérieure à huit jours, avec la circonstance aggravante d’antisémitisme, ainsi que pour usage d’un document administratif falsifié, à savoir une fausse carte d’identité nationale belge.
L’ancienne employeuse de la nourrice avait porté plainte le 30 janvier 2024 après avoir remarqué qu’une bouteille de vin avait une odeur de produit ménager, qu’un jus de raisin sentait l’eau de Javel et que son démaquillant lui brûlait les yeux.
Les enquêteurs avaient trouvé des traces de produit nettoyant, toxique pour les humains, à plusieurs endroits dans la maisonnée.
Interrogée pendant sa garde à vue sur ses motivations, la nourrice avait alors répondu: “parce qu’ils ont de l’argent et le pouvoir, j’aurais jamais dû travailler pour une Juive”.
Une phrase qu’elle a reconnu mardi à l’audience comme une “phrase de haine” et pour laquelle elle a présenté ses excuses aux parents, affirmant ne pas être raciste ou antisémite.
Quand les parents intoxiqués ont été entendus par les policiers, “la raison qui leur vient à l’esprit n’a pas de rapport avec la religion, mais celle que vous avez évoqué en garde à vue”, à savoir un conflit sur sa rémunération, a noté le président du tribunal durant l’audience.
Pour l’avocate de la prévenue, Me Solange Marle, “la comparaison constante entre ces deux vies, c’est ce sentiment d’écrasement social qui a entraîné ce geste démesuré. C’est pas de la haine, c’est de la souffrance”.
L’un des avocats des parents, Me Sacha Ghozlan, a décrit pour sa part la “coloration particulière” de ce qu’il voit comme un “antisémitisme d’intimité, qui rentre dans la maison, dans le foyer, qui s’en prend aux enfants et aux parents”.
Plusieurs associations se sont constituées parties civiles dans cette affaire: l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), SOS Racisme et la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (Licra).
La mère des enfants a assuré à l’audience que sa fille de neuf ans cachait désormais sa religion en public.
“C’est terrifiant cette histoire, finalement. J’accueille quelqu’un dans mon intimité, et tout devient un danger, une arme”, a-t-elle déploré.
La décision sera rendue le 18 décembre.
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