Trouver son modèle économique, structurer son offre, défendre son business plan : autant d’étapes qui ne sont pas évidentes lorsque l’on veut lancer son entreprise. L’incubateur ESS² d’Épinay-sur-Seine lance un nouvel appel à projet ce lundi. À la clé un accompagnement gratuit sur huit mois.
Malgré la pluie fine qui tombe ce mercredi, les curieux sont bien au rendez-vous pour les premières portes ouvertes de l’incubateur ESS² (ESS au carré) installé à La Fabrique Bannier. Le site s’est transformé en tiers-lieu dédié à l’économie sociale et solidaire depuis 2019. “On a constaté que beaucoup de gens ne connaissent pas encore le lieu ni le dispositif, en particulier les jeunes“, explique Romain Bernardon, responsable du site et chef de projet économie sociale et solidaire à la ville. Pourtant, depuis 2022, la mairie d’Épinay-sur-Seine a déjà accompagné une trentaine de porteurs de projet.

“Je n’ai pas spécialement encore d’idée. J’adore le monde de l’entreprise et tout ce qui est management“
Plusieurs jeunes en contrat engagement jeune de la mission locale d’Épinay-sur-Seine participent justement à l’une des visites du site cet après-midi. “Ça ne m’intéresse pas de créer une entreprise, mais c’est bien de savoir qu’il y a des endroits comme ça“, commente Lauriane*. Pour une autre jeune femme, l’incubateur est “inspirant“. “Je n’ai pas spécialement encore d’idée. J’adore le monde de l’entreprise et tout ce qui est management“, indique-t-elle. Florian, 23 ans, coordinateur de vie de quartier au Centre culturel Félix Merlin, veut quant à lui monter des ateliers hors les murs. “Pourquoi ne pas développer des activités qui permettent à nos jeunes de découvrir des projets d’entreprises, et aux porteurs de tester leurs produits ou leur service?“, s’enquiert-il. Dans le groupe, il y a aussi Jocelyne, 78 ans, dont 25 ans aux commandes d’un bar PMU dans la ville. “Ce n’est pas facile pour les jeunes de se lancer. On peut avoir les meilleures idées, mais il faut savoir gérer la compta, l’administratif… C’est compliqué. Donc ça peut leur ouvrir des opportunités“, souligne-t-elle.
“Nous privilégions le réseau et en Seine-Saint-Denis, il est extrêmement riche“
L’incubateur ESS2 lancera ce lundi 26 mai un nouvel appel à candidatures. Les porteurs de projets ont jusqu’au 7 juillet pour se manifester, avant l’annonce des lauréats à la mi-juillet. “Nous proposons un accompagnement pendant huit mois, gratuit et ouvert à toutes les structures naissantes [entre 0 et 3 ans] dans le champ de l’ESS. Bien sûr, il y a un comité de sélection qui évaluera la maturité des projets, mais même pour ceux qui ne seraient pas encore assez aboutis, nous pouvons orienter les porteurs vers d’autres structures. Nous privilégions le réseau et en Seine-Saint-Denis, il est extrêmement riche“, explique Romain Bernardon.
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Concrètement, le programme vise à aider les entrepreneurs en herbe à structurer leur business plan. “Il est individualisé dans le sens où certains auront plus de besoins en matière de marketing, d’autres en communication… Au-delà de cette phase de développement, notre rôle est aussi de mettre en relations les porteurs de projets avec des financeurs : ça peut être des banques, mais aussi des collectivités comme la région Ile-de-France. Le fait d’avoir été incubé ici a un certain poids“, souligne le responsable du site. Dans la pratique, avoir un lieu où travailler et la possibilité de partager ses difficultés avec d’autres entrepreneurs, constituent aussi les atouts de ce type de structure. “Par la diversité des profils que l’on a, il y aura toujours quelqu’un qui aura déjà rencontré les mêmes difficultés que vous“, pointe Romain Bernardon.

“Épinay ça a été un coup de foudre“
Parmi les réussites, Fragment Studio réemploie les déchets du BTP et de l’industrie pour les transformer en mobilier d’intérieur ou urbain. “Le projet est né en 2023 d’une rencontre entre un designer, un ingénieur et un entrepreneur au cours d’une formation à la maison des Canaux [temple de l’ESS à Paris 11ème]. Notre envie commune est de trouver des solutions pour une ville durable. Mais c’est l’incubateur qui nous a permis de changer d’échelle. Ça a été une porte d’entrée grâce à accompagnement très individualisé, très précieux par exemple sur le plan juridique“, relate Grégoire Quémaras, l’un des trois co-fondateurs de Fragment studio. L’équipe, passée de trois à sept salariés, termine tout juste sa période d’incubation, mais elle reste à la Fabrique Bannier. Hasard du calendrier, un espace s’est libéré et la startup a décidé d’y déménager en décembre son atelier et son studio de création, installé jusque-là à Colombes (Hauts-de-Seine). “Épinay ça a été coup de foudre“, confie Grégoire Quémaras
Auberfabrik s’est aussi installée à la Fabrique Bannier. L’association d’ESS créée en 2006 à Aubervilliers où est situé le siège, propose tout au long de l’année des ateliers gratuits de tissage, de broderie, ou de teinture végétale. “On a été bénéficiaire du programme d’accompagnement en 2024 pour développer un projet d’accessoires textile appelé Teknicolor, teints à partir de plantes ou de matières naturels. J’ai une expérience dans la création, mais il nous fallait être plus solide pour tout ce qui est gestion d’une marque et la partie commerciale“, fait savoir Valérie Truong, l’une des deux co-fondatrices. “À un moment où s’exprime une certaine désespérance, il faut valoriser la vitalité de toutes ces personnes qui recherchent des solutions collectives à des problèmes que rencontre la société“, défend Romain Bernardon.
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