Pas de bœuf et un maximum de végétarien pour limiter l’impact carbone… telle est la recette de FoodChéri, dédiée à la livraison de repas en entreprise et à domicile, via sa marque Seazon. Fondée à Montreuil en 2015, la foodtech a installé ses cuisines à Sucy-en-Brie depuis 2018. Visite.
10 heures du matin à Sucy-en-Brie, une vingtaine d’employés finit sa pause avant d’enfiler charlotte, blouse, gants et sur-chaussures. En préparation aujourd’hui, sur l’une des trois lignes de conditionnement, des barquettes d'”effiloché de poulet, lumache et vinaigrette citron-basilic” préparées la veille.

“On est une foodtech, 100% digital, mais notre métier est bien la restauration. Et c’est tout d’abord un artisanat“
Fondée à Montreuil en 2015 par Patrick Asdaghi, FoodChéri a fait le pari des plats préparés de saison, composés de produits à faible impact carbone. Rachetée en 2018 par le géant de la restauration collective Sodexo, elle a déménagé dans la zone d’activité de Sucy-en-Brie, située à proximité du marché de Rungis, et lancé une nouvelle marque, Seazon, à destination du grand public. Le concept est simple : le consommateur choisit sur le site internet un abonnement sans engagement pour un minimum de quatre plats différents pour une semaine. Un parti pris qui s’est avéré fructueux avec la crise sanitaire. “C’est avec le Covid et le télétravail que Seazon a explosé“, pointe Matthieu Noel, le directeur des opérations de FoodChéri.
Aujourd’hui, l’entreprise valdemarnaise livre 8 000 à 9 000 clients par mois dans toute la France, dont 60% en Ile-de-France. C’est Chronofresh, une filiale du groupe La Poste spécialisée dans le transport frigorifique, qui assure l’acheminement via un réseau d’une vingtaine d’agences.
La foodtech a aussi développé une vingtaine de comptoirs d’entreprise avec de gros clients comme Axa ou les Ateliers Hermès, mais aussi des groupements d’entreprises. Concrètement, les salariés commandent en “click and collect” sur une application dédiée. Mais, contrairement à Seazon, cette offre “BtoB” inclut entrée et dessert, ainsi que des formules “barista petit-déjeuner” le matin et au goûter l’après-midi. Une formule salade-bar est aussi venue compléter l’offre. “On est 100% digital, mais notre métier reste la restauration. C’est d’abord de l’artisanat avec de vrais cuisiniers au cœur du réacteur“, rappelle toutefois Matthieu Noel.

Accompagnements, cuisson, sauces… tout est préparé dans la cuisine centrale Sucy-en-Brie et ses 2 500 m². À quelques exceptions près, toutefois, comme les pommes de terre qui arrivent déjà épluchées ou les oignons prédécoupés. “Cela n’apporte rien, d’un point de vue qualitatif de le faire sur place“, justifie Quam Kuakuvi, le directeur du site de Sucy-en-Brie. “C’est exactement comme dans un gros restaurant. Il y a une légumerie, une pâtisserie, une chambre froide pour les viandes…“, détaille-t-il en faisant le tour du propriétaire. Dans ce dédale, 93 salariés s’activent, dont une quarantaine de cuisiniers.
Une fois réalisées, les préparations chaudes passent dans une cellule de refroidissement rapide, avant d’être stockées en chambre froide. A l’instar des crozets crémeux aux champignons cuisinés le jour de notre visite. La production est ensuite pesée avant d’être conditionnée en barquette. “Je préfère le terme de dressage, parce qu’il s’agit de remettre en œuvre tous les produits préparés par la cuisine. Cet aspect visuel est très important pour nous. Certaines entreprises ont fait le choix d’investir dans des machines. Nous ont a pris le parti d’investir dans l’humain. Chaque personne a un ingrédient à mettre dans chaque barquette“, note Quam Kuakuvi.

Poulet au cajou, linguine au jambon, crème et grana padamo, jambon coquillettes, purée saucisse volcan…
Parmi les best sellers : poulet au cajou, linguine au jambon, crème et grana padamo, ou encore quelques grands classiques comme le jambon coquillettes ou le “purée saucisse volcan”. “Tout ce qui est un peu régressif finalement“, plaisante Matthieu Noel. Le profil type du consommateur de Seazon est “un ou une quarantenaire, plutôt cadre ou CSP+ qui n’a pas le temps de se faire à manger, mais qui veut de la saveur et de la qualité“, résume-t-il. Côté prix, il faut compter, en moyenne, entre 7 euros pour les formules d’abonnement les plus volumineuses (48 plats maximum par semaine) et un peu plus de 10 euros pour la formule la plus minimaliste (4 plats par semaine). “Si on compare par rapport au prix des chaines de fast-food, on n’est finalement pas si cher que ça, sachant que l’on propose des produits de qualité, avec un nutriscore à 96% de A ou B“, défend Quam Kuakuvi.
Si les barquettes FoodChéri, vendues en BtoB, ont une DLC (date limite de consommation) de 3 jours maximum, celles de Seazon vont jusqu’à 8, voire 9 jours, grâce à “un mélange de gaz inerte alimentaire que l’on a développé avec Air Liquide pour permettre d’allonger la durée de vie des produits“, explique Quam Kuakuvi, qui évite les additifs conservateurs.

“le choix végétarien n’est plus vraiment une question de mode. Il y a un changement de mentalité chez les consommateurs en général“
Pour limiter l’empreinte carbone des produits, l’entreprise a fait le choix de privilégier le végétarien, qui constitue 50% du catalogue, et carrément banni certaines viandes comme le boeuf. “Les produits d’origine végétale dégagent moins de CO2, ce qui nous permet de limiter encore davantage notre impact carbone. Chez FoodChéri, une assiette produit en moyenne 770 grammes de CO2, contre 1 530 pour la moyenne française, défend le responsable du site. On fait aussi attention à la durabilité des ressources. On ne verra pas chez nous de cabillaud parce que c’est une espèce hyper-consommée. Vous ne trouverez pas non plus d’avocat parce que c’est un fruit qui nécessite énormément d’eau.”
Pour Matthieu Noel du reste, “le choix végétarien n’est plus vraiment une question de mode. Il y a un changement de mentalité chez les consommateurs en général. On réfléchit donc à supprimer l’onglet “végétarien” pour que nos plats végétariens ne soient plus une catégorie à part.”
Reste un petit éléphant dans la pièce, l’usage du plastique. Après de nombreux retours consommateurs, le traiteur, qui a adopté le statut d’entreprise à mission en janvier, s’est efforcée de diminuer sa part. Depuis le début 2025, les barquettes sont principalement en carton, avec 8% de plastique utilisé comme revêtement intérieur. Une nécessité pour accommoder les plats en sauce et éviter les risques de fuite, motivent les responsables.

Après les plats à destination du grand public et des entreprises, l’entreprise, qui revendique 300 000 plats livrés par an et 35 millions de chiffres d’affaires, a commencé sa diversification dans l’événementiel, sous marque blanche. “Pour les jeux olympiques, notre actionnaire Sodexo a fait appel à nous pour trois recettes que l’on a livré sur les sites de compétitions. Nous avons aussi réalisé les lunch bags pour les familles des athlètes lors des cérémonies d’ouverture et de clôture. C’était super intense : on est passé de 13 000 à 26 000 repas par jour, mais c’était aussi très stimulant pour nos équipes“, relate Matthieu Noel. Un autre partenariat a suivi pour Roland Garros. “On sait maintenant que nos process peuvent s’adapter pour répondre présent lors de grands événements“, table Quam Kuakuvi, conscient de la nécessité de jouer sur tous les fronts alors que la concurrence s’intensifie sur le marché de la livraison de plats préparés à domicile.
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