Manifestation | Ile-de-France | 19/09
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Manifestation du 18 septembre : l’est parisien a fait entendre sa colère

Manifestation du 18 septembre : l’est parisien a fait entendre sa colère © CH

Profs, soignants, agents territoriaux, lycéens… L’est parisien a nourri le cortège parisien ce jeudi 18 septembre à l’appel de l’intersyndicale. Dans leurs propos comme sur leur pancarte : de la colère et de fortes revendications de justice sociale et fiscale. Reportage.

Près de 55 000 manifestants ont défilé hier à Paris selon la préfecture de police. Une réussite déjà pour les syndicats. “Le 10, il y a eu une conjugaison entre les forces syndicales et des mouvements citoyens plus spontanés. Le 18, on a une mobilisation qui s’élargit avec énormément de salariés en grève. La meilleure façon de bloquer, c’est de se mettre en grève, démocratiquement dans son entreprise. Il y aura certainement des suites. Il faut maintenant agréger peu à peu un maximum de secteurs. Là, on rentre dans une course d’endurance“, considère Kamel Brahmi, secrétaire général de la CGT 93.

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Si on doit se serrer la ceinture c’est pour gagner la grève, pas pour payer la dette

Pour les syndicats, l’objectif est d’inscrire cette mobilisation sociale dans la durée. “Il faut faire comme pour les retraites, mais sur 12-13 jours consécutifs. Il faut que ce soit plus radical et que tout le monde s’y mette et fasse grève“, estime Willy, 59 ans, venu de Romainville. Pour ce salarié d’une institution de prévoyance “Macron a mis son clone à Matignon. Donc c’est la même politique.” À ses côtés, Laetitia, 30 ans, employée dans le secteur de la culture, s’est mise en grève pour la première fois. “Je ne voulais pas me sentir frustrée de ne pas contribuer concrètement à cette mobilisation. C’est vrai que c’est une perte de salaire, mais je pense que c’est nécessaire“, commente-t-elle. “Le message que l’on veut faire passer à M. Lecornu c’est que si on doit se serrer la ceinture c’est pour gagner la grève, pas pour payer la dette“, résume Louise Paternoster, co-secrétaire générale de la CGT Educ’Action 93. “Le mouvement social c’est un peu comme un ressort, à force d’appuyer dessus, il finit par vous sauter à la figure“, prévient-elle.

On a connu un déclassement social ahurissant

Dans les cortèges, les enseignants étaient nombreux à donner de la voix. “De l’argent, il y en a. Dans les aides publiques, dans les dividendes, chez les milliardaires...” entonnent une vingtaine de professeurs d’EPS qui exécute un “haka CAC 40” au début du boulevard Beaumarchais (Paris 3ème arrdt). “63% des collègues sont en grève aujourd’hui en Seine-Saint-Denis dans le 1er degré. C’est un signal d’alerte fort qui est envoyé au premier ministre“, se félicite Caroline Marchand, co-secrétaire de la FSU-Snuipp 93, qui rappelle que “le plan d’urgence pour le 93 est en stand by” depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, en juin 2024. “Le casting on s’en fiche. On attend surtout un changement d’orientation politique qui nous permette de fonctionner correctement dans les écoles. Depuis le 15 septembre, il y a des problèmes de remplacement. Il manque beaucoup d’AESH [accompagnants d’élèves en situation de handicap]. Et comme les salariés du privé, on a des collègues qui n’arrivent pas à vivre de leur métier, parce que les salaires son bas, parce que se loger c’est très cher. On a 1 200 contractuels dans le 1er degré. Heureusement qu’ils sont là, mais ils ne sont pas formés. Et c’est la qualité de l’enseignement qui en pâtit, donc les élèves“, estime l’enseignante qui travaille à Pierrefitte et Villetaneuse. À ses côtés, Marion Fouret, membre du bureau du Snuipp-FSU 94 et enseignante des Rased (réseaux d’aide spécialisés aux élèves en difficulté) au Kremlin-Bicêtre, abonde. “On comprend que le nouveau premier ministre n’a pas l’intention d’infléchir la politique qui a été conduite jusqu’à présent. Mais il faut que lui comprenne que ça ne peut pas durer comme ça. Dans l’académie de Créteil, la crise du recrutement dure depuis 15 ans. Les personnels tiennent à bout de bras le service public mais on n’est vraiment pas récompensés. Le point d’indice est gelé depuis 20 ans. On a connu un déclassement social ahurissant“.

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Ça suffit de taper sur ceux qui n’ont rien. C’est une question de justice.

Un peu plus loin dans le cortège, Khalid, chasuble rouge de la CGT sur les épaules, est salarié d’Aéroports de Paris à Roissy. “Avec 1 400 euros par mois, je ne peux rien faire…“, souffle-t-il. Même constat pour Alexandra, psychologue à l’hôpital Delafontaine depuis deux ans, qui n’est pas syndiquée. “Je n’avais pas manifesté depuis longtemps parce que pendant qu’on est ici les patients ne sont pas soigné. Mais quand on gagne que 1300 euros par mois alors qu’on a 20 ans d’expérience, c’est difficile. Il faut qu’ils [le gouvernement] entendent“, confie-t-elle.

Après avoir participé à la journée du 10 septembre, Alexandra a décidé de venir avec une collègue. “Soignante en colère. Trop c’est trop”, peut-on lire sur sa pancarte. “Encore une fois, on a aucune perspective, aucun espoir. Ils voulaient enlever deux jours fériés, mais, nous, on en a besoin. L’hôpital c’est dur, on est confrontés à des situations gravissimes. Et on entend que l’on va encore enlever des postes, qu’on va réduire les budgets. Mais, les gens meurent dans les couloirs des urgences à Saint-Denis, c’est affolant. Il faut s’en rendre compte“, fustige-t-elle. “Il n’y a plus assez de médecins en centre médico-psychologique. Pour obtenir une consultation en pédopsychiatrie, il y a trois ans d’attente. Les familles que l’on accueille ne sont pas soignées. On parle de personnes qui vont d’hôtel social en hôtel social, il y a une vraie misère. Je veux la taxe Zucman, je veux une mesure symbolique. Ça suffit de taper sur ceux qui n’ont rien. C’est une question de justice. Il faut un vrai changement de politique“, conclut-elle.

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