Des peines de vingt à vingt-huit ans de réclusion criminelle ont été requises jeudi à Bobigny à l’encontre de quatre jeunes hommes accusés du meurtre en bande organisée de Luigi, 16 ans, tué à la Kalachnikov à Saint-Denis il y a six ans, sur fond de “rivalités de quartiers”.
L’adolescent mort et les accusés appartenaient à des cités voisines de la ville de Saint-Denis, à une dizaine de kilomètres au nord de Paris.
“On a vraiment l’impression que l’attachement au quartier est supérieur à la loi, à tout le reste”, a insisté l’avocate générale, devant la cour d’assises de Seine-Saint-Denis. Elle a conclu que Luigi avait été tué à 16 ans, le 17 septembre 2018, pour “des histoires de cités qui n’ont aucune sens”.
Elle a demandé la peine la plus lourde, 28 ans de réclusion, contre Ridwane A., accusé d’être l’auteur de 16 tirs à “l’arme de guerre”. Elle a relevé que cet homme aujourd’hui âgé de 26 ans, déjà condamné avant le drame pour trafic de stupéfiants, avait été décrit par un expert comme présentant “un trouble de personnalité de type psychopathique” et s’était distingué par sa violence en prison, au point de rejoindre une unité pour “détenus violents”.
A l’encontre de deux demi-frères, Abdramane F. et Mohamed K., elle a réclamé 25 ans de réclusion, et 20 ans contre Cheihk T. Une peine de trois ans d’emprisonnement dont deux avec sursis a été requise contre Yassine B., jugé pour avoir véhiculé et hébergé les accusés pendant leur fuite.
La magistrate a rappelé qu’il y aurait pu avoir d’autres morts ce soir-là: un rescapé de la fusillade n’avait été blessé qu’à la jambe, “par chance”, et une habitante avait reçu “une balle dans son logement”.
Elle a dit ne toujours pas comprendre pourquoi on en était arrivé là, à partir des situations évoquées: “un crachat sur un terrain de foot”, “des altercations” ou “provocations”… “La dynamique de groupe” a entraîné chacun à effacer sa personnalité et “décuplé la violence”. “Ils ont voulu montrer leur supériorité sur le quartier rival”, allant jusqu’à “ôter la vie”, a-t-elle dit.
Rappelant que les caméras de vidéosurveillance de la cité Romain-Rolland avaient été détruites quelques jours avant les faits, elle a estimé qu’un guet-apens y avait été tendu à des jeunes du quartier Joliot-Curie, venus “en découdre”, avec batte de baseball ou barre de fer, en réplique à des tirs.
En défense de Mohamed K., cette thèse du guet-apens a été vivement contestée par Me Grégoire Etrillard, affirmant que les jeunes de Romain-Rolland avaient été pris par surprise: “(La bande de la cité) Joliot-Curie a attaqué et (celle de la cité) Romain-Rolland a tué” en réponse, a-t-il plaidé.
Le verdict est attendu vendredi.
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