Justice | Val-de-Marne | 23/10
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Meurtrier d’Anaïs au Plessis-Trévise : une “agressivité paroxystique”

Meurtrier d’Anaïs au Plessis-Trévise : une “agressivité paroxystique” © DR

Au premier jour de son procès à Créteil pour le meurtre d’Anaïs M., 18 ans, après un différend lié au paiement d’un acte sexuel tarifé, l’accusé de 23 ans a reconnu avoir tué la victime, un acte “impardonnable”, mais nié tout caractère intentionnel.

Dans la salle de la cour d’assises du Val-de-Marne, Lilian a pris place dans le box vitré, chemise blanche sous un pull noir. Son visage fin et juvénile est encadré par des cheveux châtains relevés en chignon et rasés sur les côtés.

À la fin de son résumé des faits, la présidente de la cour Danièle Dionisi lui demande s’il souhaite réagir.

“Je voudrais dire que je ne suis pas là pour me chercher des excuses. C’est impardonnable ce que j’ai fait”, répond l’accusé. “Je voudrais sincèrement présenter mes excuses à la famille”, ajoute-t-il, debout dans son box.

À quelques mètres de lui, la mère et la grand-mère d’Anaïs sont assises au premier rang. La première, serrant entre ses doigts un mouchoir froissé, sera appelée à la barre jeudi, lorsque témoigneront les parties civiles.

La nuit du 9 au 10 mai 2021, Anaïs s’était rendue au Plessis-Trévise après avoir été contactée par le jeune homme, à l’époque âgée de 18 ans, via une petite annonce par laquelle elle se prostituait sur Wannonce, site régulièrement cité dans des affaires de proxénétisme.

Originaire de Dunkerque (Nord), Anaïs séjourne alors régulièrement en région parisienne avec un jeune homme qu’elle fréquente, selon les mots de ce dernier. Entendu mercredi, il a assuré qu’elle exerçait à cette époque une activité d’escorte depuis environ un an et demi.

Lorsque la victime retrouve l’accusé au domicile de ses grands-parents, ce dernier est alcoolisé.

Tous deux descendent dans un parking souterrain. Après un début d’acte sexuel finalement interrompu, Lilian refuse de payer les 100 euros qu’il doit à la jeune fille, et n’en propose que la moitié.

Celle-ci proteste, il la frappe. Elle tombe par terre, il la relève en l’étranglant avec son bras droit et lui obstrue la bouche avec la main gauche. Alors qu’il comprend qu’elle est décédée, il reste une dizaine de minutes à côté d’elle sans tenter de la ranimer, bien qu’il soit titulaire d’un brevet de secourisme.

Le 10 mai, au petit matin, une livreuse de journaux découvre le corps de la victime, robe légère remontée à la taille, sur un trottoir de la ville voisine de Pontault-Combault . Là où l’accusé l’a déposé, après avoir tenté de la brûler “peut-être (avec) le souhait inconscient de dissimuler”, dira-t-il pendant l’enquête.

Parti en cavale, il sera interpellé le 14 mai au domicile de sa tante en région parisienne.

“Vous êtes debout vivant parce que vous n’avez pas crié, madame”

Au premier jour de son procès, se sont succédé à la barre un enquêteur de personnalité, un expert psychiatre et plusieurs témoins.

Claire T., 23 ans, ex-petite amie, a raconté sa relation avec l’accusé entre 2017 et 2019, lorsqu’ils étaient encore lycéens. Devant la cour, elle a décrit les violences subies et le comportement particulièrement irascible de Lilian..

“Un soir, on avait un peu bu, et il a complètement pété les plombs. Il m’a mis deux claques. Il m’a poussé avec ses mains. Je me suis effondrée par terre”, décrit la jeune femme.

Et d’ajouter : “Je pense tous les jours à cette fille. Si j’avais dit quelque chose, je ne sais pas si ça aurait pu empêcher tout ça”.

Pour l’expert psychiatrique, qui a rencontré Lilian M. quelques mois après le crime, ce dernier ne souffre pas de pathologie psychiatrique, mais présente un “handicap émotionnel” et une “agressivité paroxystique”.

Également entendue mercredi, Alizée a rencontré Lilian en mars 2021, lorsqu’elle était escorte, pour un acte sexuel tarifé.

À la fin du rapport, la jeune femme se rend compte que l’enveloppe donnée par l’accusé contient des faux billets. Mais elle ne dit rien.

“Il avait un regard qui disait si tu parles, tu vas voir”, témoigne-t-elle à la barre.

Réagissant à son témoignage, l’avocat général souligne : “Vous êtes debout vivant parce que vous n’avez pas crié, madame”.

Le verdict est attendu vendredi.

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