Justice | | 11/03
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Narchomicide avec “effet de meute” à Saint-Ouen : 10 à 27 ans de réclusion requis

Narchomicide avec “effet de meute” à Saint-Ouen : 10 à 27 ans de réclusion requis © CH

L’accusation a requis lundi, à Bobigny, des peines s’échelonnant de 10 à 27 ans de réclusion contre les sept accusés du meurtre de Kevin G. à Saint-Ouen en 2021, présentant deux frères comme les “meneurs” d’une “expédition punitive” sur fond de trafic de stupéfiants.

Il aura été beaucoup question d'”effet de meute”, lors de ces réquisitions prononcées devant la cour d’assises de Seine-Sain-Denis par les avocates générales, Alice Guillet et Clara Castello.

Le déchaînement de violences avait été filmé par les caméras de la ville de Saint-Ouen, aux portes de Paris, le soir du 3 janvier 2021. Seul et désarmé, Kevin G., 26 ans, avait reçu 14 coups de batte de baseball enroulée de fil barbelé et 35 coups de couteau, dont un – mortel – dans la cuisse.

Les deux avocates générales ont réclamé la même peine de 27 ans de réclusion criminelle contre deux frères, Chakibe et Hichem A., aujourd’hui âgés de 30 et 32 ans.

Sur les images projetées à l’audience, la cour avait pu voir le plus jeune donner le premier coup – à la “batte au barbelé” – mais aussi le dernier, du pied dans la tête de la victime. Il avait été interpellé alors qu’il fuyait, portant encore son “impressionnante” batte ensanglantée de 82 centimètres.

Le premier jour du procès, Chakibe A. avait exprimé sa “culpabilité infinie”, tout en niant avoir voulu tuer.

Son aîné, Hichem A., considéré par l’accusation comme la personne encagoulée ayant porté des coups de couteau de la main gauche, avait au contraire, constamment réfuté être “ce personnage” sur les images. Il avait nié être gaucher, s’affirmant même ambidextre, en réponse à des policiers qui l’avaient filmé ouvrant une porte ou un sac de la main gauche.

Il a toujours affirmé qu’il révisait “ses leçons” de formation d’ambulancier ce soir-là chez ses parents, et était seulement sorti à pied “acheter quelque chose à manger”.

Mais pour l’accusation, de minutieuses analyses ont prouvé qu’il était “le conducteur habituel” de la voiture dont se sont servis les assaillants, et qu‘”il ne pouvait pas être chez lui ce soir-là quand son téléphone a borné à 6 km de son domicile”. Un téléphone resté par ailleurs hors connexion pendant une heure trente.

“Alliance impardonnable”

Vingt-deux ans de réclusion ont été réclamés contre Karim L., qui avait finalement admis, la semaine dernière, avoir porté des coups de couteau. En garde à vue, il avait tenté d’effacer avec un verre d’eau les traces de sang sur lui, et gratté le logo de la veste qu’il portait.

Les magistrates du parquet général rejettent la thèse d’“une rixe” entre cités. Elles décrivent “une expédition punitive” ciblée, menée par des “seconds couteaux” du trafic de drogue, enhardis par un “effet de meute” décrit au procès par un expert psychiatre.

Un policier avait entendu un des fuyards lancer: “C’est pour venger Gacem”. “Les policiers n’ont pas inventé cette phrase”, a conclu l’accusation, pour qui cela évoquait l’assassinat en 2019 d’un gros trafiquant, Mohamed Gacem, qu’aurait commandité son rival, El Mehdi Zouhairi.

Pour les deux magistrates, le meurtre du 3 janvier 2021 ne relève pas d‘”un règlement de comptes entre les Zouhairi et les Gacem”. Mais le “vulnérable” dealer Kevin G. aurait tenté de reprendre un point de vente, en demandant de l’aide “à plus fort que lui, la cité des Boute-en-train d’El Mehdi Zouhairi”. Et c’est cela qui, aux yeux des accusés, aurait constitué “une alliance impardonnable avec celui qui avait tué Gacem”.

Contre Chamsdine M., 27 ans, dépourvu d’antécédents judiciaires, l’accusation a demandé la peine la plus faible, 10 ans de prison, tout en rappelant qu’“on ne lui reproche pas d’avoir porté des coups mais de faire partie de la meute”.

Son avocate, Me Laurence Mariani, a vivement contesté ces réquisitions, décrivant son client comme un suiveur “non violent” qui “n’a pas eu le courage de se désolidariser de ce groupe”.

Le verdict est attendu mercredi. Mais la cour a déjà condamné lundi à 1 000 euros d’amende chacun des trois témoins qui ne se sont pas présentés, dont la mère des deux frères, partie à l’étranger.

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