Depuis lundi, une partie des personnels du lycée Paul Eluard à Saint-Denis, qui accueille près de 2 000 élèves, exercent leur droit de retrait. En cause : l’état de vétusté du bâti et les risques d’incendie confirmés par l’avis défavorable rendu par un récent contrôle de la commission de sécurité communale.
Le lycée Paul Eluard pourrait-il fermer ses portes en septembre ? C’est ce que laisse penser le syndicat Sud Éducation 93 dans un communiqué. “Selon les informations qui nous ont été données à l’oral, la commission de sécurité demandera en septembre 2025 à la préfecture une fermeture administrative du lycée si rien n’est fait“, alerte-t-il.
Avis défavorable de la commission de sécurité
Cette commission, qui a visité l’établissement les 18 et 19 décembre, a rendu un avis défavorable à la poursuite des activités des cinq bâtiments de l’établissement. “En cas d’incendie, notamment lié à un court-circuit facilité du fait de la vétusté des bâtiments et des infiltrations d’eau (qui avaient causé l’effondrement de plafonds au printemps 2023), l’incendie se répandrait trop vite pour la moindre évacuation, provoquant des fumées toxiques qu’aucune porte coupe-feu ne pourrait arrêter“, décrit-il.
Aussi les personnels ont-ils demandé de programmer des travaux d’urgence à la région Ile-de-France, qui est responsable de la construction, de l’entretien et du fonctionnement des lycées publics. À commencer par la réfection des portes coupe-feu, la réparation des boîtiers de déclenchement de l’alarme incendie qui sont dysfonctionnels ou la rénovation du gymnase qui est aussi partagé avec des clubs de sport de Saint-Denis.
“Les défaillances pointées relèvent de manquements du lycée ou de dégradations volontaires“
C’est dans ce contexte qu’une trentaine de personnels se sont mis en grève ce lundi 6 janvier, puis que 57 exercent leur droit de retrait le 7 janvier, rapporte le Snes-fsu 93. Sollicitée ce mercredi par 93citoyens, la région Ile-de-France considère que “les personnels exercent un droit retrait injustifié puisque les défaillances pointées relèvent de manquements du lycée ou de dégradations volontaires inacceptables pour lesquelles la Région Île-de-France porte plainte.” Elle estime à cet égard que les “dégradations volontaires” sont, par ailleurs, “à l’origine de la nécessité du remplacement de 25 portes coupe-feu, d’éléments d’éclairage, de dalles de faux plafond…” Et de rappeler, au passage, la demande faite par la région aux chefs d’établissements de porter plainte “systématiquement et immédiatement au nom du lycée“.
La collectivité fait par ailleurs savoir que “malgré plusieurs relances, entrevues et réunions préparatoires à la commission de sécurité tenues le 30 juillet, le 27 août, le 1er octobre et le 27 novembre, certains documents importants n’ont toujours pas été transmis au service de la Région par l’établissement, responsable des vérifications périodiques et de la communication des rapports et attestations de levées des observations“.
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“Les portes coupe-feu ne fonctionnent pas depuis plus d’une décennie“
Ces arguments ne convainquent pas par les personnels. Dans un communiqué, le Snes-Fsu déplore, d’une part, la remise en cause de travail de la direction et des agents du lycée. D’autre part, rétorque-t-il, “bien qu’elles existent, ces dégradations [volontaires causées par les élèves] n’expliquent pas l’état de vétusté général de l’établissement. Les portes coupe-feu ne fonctionnent pas depuis plus d’une décennie, elles restent ouvertes et battantes, générant des incidents (élèves blessés au visage) et des nuisances sonores (110 décibels mesurés au bâtiment S). Les dégradations des installations neuves (portes des toilettes…) sont hélas l’expression d’un malaise général des élèves qui étudient dans un lycée globalement délabré, dans lequel le matériel audiovisuel et informatique ne fonctionne que rarement, et où l’on a froid en hiver.”
Le Snes-Fsu évoque par ailleurs des “agent-es sont en sous-effectif chronique, les absents étant non remplacés depuis des mois“, des “infiltrations d’eau, certaines sont toujours actives, par exemple au bâtiment T“, des “câbles électriques encore sous tension [qui] ont été coupés et restent dans les faux plafonds, d’autres sont laissés sortis de leur gaine, hors du mur, recouverts par un scotch isolant, etc.“
“Il apparaît que de multiples désordres sont causés par de très nombreuses dégradations graves et volontaires ou par des manquements des enseignants, dont certains fumaient, par exemple, en salle des professeurs le jour de la commission de sécurité“, tacle pour sa part la région.
Plan de rénovation en 2026
Pour ce qui des mesures d’urgence à prendre, la directrice générale adjointe des services de la région, Anne-Claire Néron, informe les personnels, dans une lettre du 3 janvier, que “les actions nécessaires à la levée des anomalies à charge de la Région Île-de-France ont été d’ores et déjà prises en compte, elles seront traitées au plus tard au cours du 1er semestre 2025“. Ce sera le cas, par exemple, de 15 portes coupe-feu du bâtiment d’enseignement général, de cinq autres dans le bâtiment scientifique, de certaines portes cassées et déposées, ainsi que des robinetteries des sanitaires. À charge en revanche pour l’établissement de procéder à d’autres réparations ou d’informer la région des besoins.
Anne-Claire Néron fait aussi le point sur certains travaux sur le bâti. Concernant le câblage, certains sont ainsi encore en cours dans le bâtiment de l’enseignement général (avancement des travaux à 92%) et celui de l’enseignement technologique (avancement des travaux à 59%) selon la région. D’autres travaux doivent suivr,e comme le remplacement des dalles de faux plafond. À moyen terme, une opération de rénovation d’envergure du lycée Paul Eluard, à l’étude actuellement, est programmée pour démarrer au printemps 2026. D’un montant de 40,1 millions d’euros, elle prévoit aussi l’installation de caméras intérieures dans les bâtiments.
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