Entre coiffes traditionnelles, peintures fluorescentes et sculptures contemporaines, le musée
parisien du Quai Branly expose à partir de mardi des œuvres d’artistes issus des peuples
autochtones d’Amazonie d’une richesse qui veut dépasser “le cliché de la grande forêt vierge”.
L’exposition “Amazônia. Créations et futurs autochtones” est une opportunité pour “casser
l’image de l’Amazonie, que l’Europe imagine comme une forêt peuplée d’Amérindiens figés
dans le temps et qui est en réalité d’une très grande diversité culturelle”, déclare à l’AFP
Leandro Varison, commissaire brésilien de l’exposition qui se tient jusqu’au 18 janvier 2026.
Plus grande forêt tropicale de la planète, l’Amazonie “s’étend sur neuf pays d’Amérique du
Sud et comprend des communautés parlant plus de 300 langues”, ajoute son compatriote et
co-commissaire Denilson Baniwa, artiste et militant des droits des peuples autochtones.
“C’est un monde façonné par l’interaction humaine depuis des millénaires”, décrit-il.
Plus de 200 objets, peintures, sculptures, photographies, bancs et objets tressés,
contemporains pour la plupart, sont exposés aux côtés d’autres plus anciens et traditionnels
issus en partie des collections du musée du Quai Branly et de collections privées.
Le parcours associe aussi l’art contemporain à l’art plus éphémère ou immatériel, tel que des
langues, des chansons, du graphisme corporel.
Parmi les pièces frappantes, des coiffes en plumes colorées, des photographies et sculptures
contemporaines qui revisitent les mythes ancestraux et la signification des scarifications
corporelles.
Cinq siècles après la colonisation occidentale, les peuples autochtones “continuent de faire
vivre, réinventer et transmettre leurs modes d’existence”. Ils dénoncent, souvent avec
humour, “une altérité occidentale prédatrice” dotée d’un “futur qu’elle imagine unique dans
un monde globalisé”, souligne M. Baniwa.
Parmi les artistes, souvent peu connus du public mais prisés des collectionneurs à
l’international, Rember Yahuarcani (Pérou) peint un “passeur d’âmes du Covid-19”.
Dans la dernière partie, de petits pieux disposés en cercle attirent l’attention : ils symbolisent
“le choix de certaines communautés de se couper de tout contact avec le monde extérieur”,
explique M. Varison.
Les artistes entremêlent mythes indigènes, critique de la culture hégémonique et
préoccupations socio-environnementales, tel Jaider Esbell, figure centrale de l’art
contemporain originaire de la réserve indigène de Raposa Serra do Sol, dans l’Etat brésilien
de Roraima (nord), décédé en 2021, et sa sarcastique “lettre au vieux monde”, acquise par le
Centre Pompidou.
En proie à la déforestation, aux épidémies, à la pollution, à la perte de la biodiversité et à
l’accaparement des terres, ces habitants défendent un monde ancré dans l’abondance
naturelle, où les jardins autochtones se confondent avec la forêt.
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