Rigoureux, technique, as du bricolage, “cash”… Qui est Philippe Pascal, le haut fonctionnaire, ancien directeur financier du groupe Paris Aéroports (ADP) qui va en prendre la présidence, après avoir été adoubé par le Parlement.
“À l’issue de mes études, j’ai choisi de servir l’État”, a rappelé le 5 février M. Pascal, 53 ans, lors de sa première audition parlementaire depuis que le président de la République l’a proposé pour remplacer Augustin de Romanet.
Un an plus tôt, le gouvernement Attal avait fait savoir à ce dernier que son souhait d’un nouveau mandat ne serait pas exaucé. L’intérim s’est néanmoins prolongé en raison des multiples rebondissements politiques de 2024.
Titulaire d’une maîtrise de droit public, M. Pascal, dont la nomination a reçu mercredi le feu vert du Parlement, est diplômé de l’École nationale des impôts et a entamé sa carrière à Bercy à la Direction de la législation fiscale. De 1997 à 2007, il y rédige des textes sur “la fiscalité du patrimoine immobilier, la fiscalité agricole et la fiscalité des personnes”, avant un rapide passage en cabinet ministériel.
“Durant toute ma vie professionnelle, j’ai cherché à mettre la technique au service de la stratégie, à réconcilier le court terme et le long terme et à lier les enjeux du service public avec ceux de l’esprit d’entreprise”, a plaidé M. Pascal face aux députés.
C’est début 2013, soit quelques semaines après l’arrivée de M. de Romanet, que M. Pascal, devenu entre-temps inspecteur des Finances, rejoint l’entreprise aéroportuaire détenue en majorité par l’Etat.
Il est alors directeur des opérations financières et des participations, un poste stratégique pour un groupe qui a commencé à essaimer à l’étranger lors de la présidence du prédécesseur de M. de Romanet, Pierre Graff.
Ses responsabilités s’étendent ensuite graduellement et en 2016, il est nommé directeur général adjoint, chargé des finances, de la stratégie et de l’administration, poste dans lequel il affronte en première ligne, à partir de mars 2020, les effets dévastateurs du Covid-19 sur l’activité des aéroports.
L’équipe dirigeante d’ADP met alors en œuvre un plan “de stabilisation et de restructuration” incluant des départs volontaires et d’autres mesures drastiques pour limiter les pertes, comme la fermeture totale d’Orly.
M. Pascal est aussi à la manœuvre la même année lors de la prise de participation de 49% dans l’indien GMR, gestionnaire des aéroports de Delhi, Hyderabad et Goa, après une opération de même nature trois ans plus tôt chez le turc TAV.
ADP gère aujourd’hui directement ou indirectement 26 installations aéroportuaires. Le groupe aux 28 000 employés a ainsi accueilli en 2024 plus de 363 millions de passagers, dont 103 à Paris-Charles-de-Gaulle et Orly.
Rigoureux
Un collaborateur décrit M. Pascal comme un gros travailleur, présent dans les murs de l’entreprise dès 07H30 du matin.
“C’est un hyper pro, un directeur financier qui a un gros bagage intellectuel, rigoureux sur ses bases”, affirme pour sa part à l’AFP un haut dirigeant du secteur aérien français.
“Pour défendre les intérêts d’ADP, on ne peut pas trouver mieux”, même si à son nouveau poste “il va falloir qu’il évolue” vers un rôle plus politique et diplomatique, argumente ce responsable sous couvert de l’anonymat.
As du bricolage
Un avis partagé par une professionnelle de l’aérien: “il a toujours été extrêmement rigoureux sur les budgets”, témoigne-t-elle. Par ailleurs, c’est “quelqu’un qui n’a pas sa langue dans sa poche” et peut être “assez cash” avec ses équipes.
Né à Sartrouville (Yvelines), dans la banlieue nord-ouest parisienne, Philippe Pascal est le benjamin d’une fratrie de cinq. Marié, il a également eu cinq enfants. Côté loisirs, cet amateur de voyages dans les capitales européennes est aussi un bricoleur émérite, qui a restauré lui-même sa maison, y compris le gros œuvre, selon son entourage.
Par Tangi QUEMENER
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