Alors que l’Ile-de-France manque encore cruellement de logements, avec 1,3 million d’habitants mal logés, un collectif d’associations propose, dans un rapport, des pistes pour produire 70 000 logements abordables par an sur dix ans sans artificialiser les sols mais en optimisant l’existant. Explications.
Logements et bureaux vacants, friches, zones pavillonnaires sous-occupés… : la Fondation pour le logement des défavorisés, France Nature Environnement (FNE) et la Fondation pour la nature et l’homme ont identifié le vaste potentiel de logements que l’Île-de-France pourrait mobiliser tout en préservant ses espaces naturels.
Selon leurs travaux, il y a un “besoin urgent” de 570 000 logements dans la région “la plus inégalitaire de France” sur le plan des revenus, qui compte 1,3 million de personnes en situation de mal-logement. Et où 25% des sols sont artificialisés (contre 9% de la France métropolitaine), ce qui accentue le phénomène des îlots de chaleur, la sécheresse, les inondations et l’effondrement de la biodiversité.
L’Île-de-France est contrainte par l’objectif “zéro artificialisation nette” (ZAN) d’ici 2050, mais reste “libre de fixer sa propre trajectoire” en matière de lutte contre la bétonisation des espaces naturels et agricoles, relève leur rapport.
“Il nous faut un urbanisme de dentelle”
“Il faut sortir de l’urbanisme facile qui consiste à construire sur les terres agricoles. Il nous faut un urbanisme de dentelle, pour préserver un maillage d’espaces naturels irriguant les villes denses”, a ainsi résumé Luc Blanchard, co-président FNE IDF, lors d’une conférence de presse.
Le rapport juge “possible” une production moyenne de 70 000 logements par an, essentiellement à visée sociale, sur dix ans, ce qui correspond à l’objectif fixé par la loi relative au Grand Paris de 2010.
Logements vacants, bureaux vides, friches
Quelque 112 000 logements vacants – sur 447 800 depuis plus de deux ans d’après l’Insee – pourraient être par exemple récupérés, et 14 000 logements créés en mobilisant 1,2 million de mètres carrés de bureaux vides. Le rapport estime aussi qu’il serait possible de créer 60 000 logements via la revalorisation des friches et 40 000 logements par la surélévation du bâti existant.
Fiscalité sur les multi-propriétaires de meublés touristiques
La régulation des résidences secondaires et meublées touristiques, via une fiscalité sur les multipropriétaires, permettrait par ailleurs de remettre 75 000 logements sur le marché de la résidence principale.
Densifier les zones pavillonnaires en préservant les jardins
Le rapport suggère aussi de réaménager les zones pavillonnaires, largement sous-occupées, en les densifiant mais sans toucher aux jardins privés car ils forment des “corridors écologiques” avec les parcs et forêts, favorables à la biodiversité, un fait valoir Luc Blanchard. Cette valorisation est chiffrée à 30 000 logements par an pendant 10 ans.
Une solution serait de récupérer des pavillons occupés par des seniors, souvent trop grands pour eux, en leur trouvant des logements « plus adaptés ». Les pavillons libérés pourraient ensuite être surélevés d’un niveau, laissant la possibilité d’installer des services à leur rez-de-chaussée et in fine, limiter l’usage de la voiture.
Coordonner les acteurs et associer les citoyens
Pour passer à l’acte, les associations préconisent de renforcer la coordination entre acteurs publics et privés, “en impliquant pleinement collectivités, bailleurs sociaux, aménageurs et promoteurs”, et insiste aussi sur la nécessité d’associer les citoyens aux projets “afin de garantir leur acceptabilité et leur ancrage local”.
La surélévation des bâtiments existants est une des solution, y compris pour les pavillons : en Allemagne, l’état prend en charge la construction d’un étage supplémentaire à condition que celui-ci soit loué.
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.