Un couple et leur fils de 11 ans, qui vient de faire sa rentrée en 6ème, étaient hébergés jusqu’à ce lundi sous une tente dans le jardin de Danièle Maillot, conseillère municipale en charge de l’habitat et du logement de Rosny-sous-Bois. Pour le maire, celle-ci a fait preuve “d’une grande générosité“. Pour Ivan Itzkovitch, élu d’opposition et président du groupe URAM, elle a fait preuve “d’irresponsabilité“.
“J’ai été alerté, via les réseaux sociaux, par la situation d’hébergement catastrophique (sous tente avec un enfant de 11 ans !) d’une famille sur le territoire de la commune par votre élue déléguée au logement, Madame Danièle Maillot, dans son jardin, depuis plusieurs mois“, a écrit ce lundi matin Ivan Itzkovitch, élu d’opposition, au maire (LR) de Rosny-sous-Bois, Jean-Pierre Fauconnet. “Si ces faits sont avérés, ils sont d’une particulière gravité“, alerte-t-il, demandant à l’édile le retrait de ses délégations à la conseillère municipale, sa démission et d'”apprécier si la mise en œuvre de l’article 40 du Code de Procédure pénale est nécessaire compte tenu des faits.” Selon cet article, “toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l’exercice de ses fonctions acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenu d’en donner avis sans délai au procureur“.
“Madame Maillot ne peut en rien être assimilée à un « marchand de sommeil »“
De son côté, la municipalité a diffusé un communiqué en réponse à la “polémique grandissante” sur l’initiative de Danièle Maillot. Elle explique que le maire (LR) Jean-Pierre Fauconnet, veut “en premier lieu, rétablir une vérité sur la situation : contrairement à ce que certains commentaires laissent entendre, Madame Maillot ne peut en rien être assimilée à un « marchand de sommeil ». Au contraire, avec son époux, face à la détresse d’une famille vivant dans la rue, elle a fait preuve d’une grande générosité en leur proposant d’installer leur tente dans leur jardin et de leur donner accès aux installations sanitaires (toilettes, salle de bain, lave-linge,…) et aux indispensables de cuisine.” Mais, la ville fait aussi savoir que le maire lui a retiré à ses délégations au logement et à l’habitat. Une décision prise à la demande de la conseillère municipale “consciente des interrogations nombreuses et soucieuse du risque de voir entachée la probité de la Direction de l’Habitat et du Logement“. “J’aimerais saluer la droiture dont elle fait preuve en préservant ainsi le travail en faveur d’un habitat digne pour tous, engagé depuis 2020 par la municipalité“, réagit également Jean-Pierre Fauconnet dans ce communiqué. Sollicité pour que le maire et son élue puissent expliquer la situation, le cabinet du maire n’a pas pour l’instant donné suite à nos demandes.
“Ce n’est pas parce qu’on est généreux que l’on loge quelqu’un dans son jardin“
Contacté par 93 Citoyens, l’élu d’opposition, qui a été adjoint de Claude Capillon, ancien maire (LR) de Rosny-sous-Bois de 2010 à 2020, s’émeut d’une situation d'”hébergement insalubre” particulièrement grave. “Le fait que le maire retire à Danièle Maillot ses délégations montre que je n’ai pas halluciné : l’élue au logement qui est chargé de faire en sorte que tout le monde soit bien logé, loge elle-même des gens de façon insalubre dans son jardin“, fustige Ivan Itzkovitch. “J’ai voulu dénoncer la gestion n’importe quoi d’un sujet qui nous concerne tous qui est le problème du mal-logement. Je ne jette la pierre à personne, mais on ne peut pas héberger des gens comme ça. Ce n’est pas parce qu’on est généreux que l’on loge quelqu’un dans son jardin“, explique-t-il. “Quand vous voyez les vidéos de la prise en charge de ces gens, on ne parle pas de deux semaines dans une tente. Ça fait apparemment près de six mois qu’ils sont installés dans un jardin avec un enfant de 11 ans. Ils vivent dans un bidonville“, s’indigne encore Ivan Itzkovitch, qui explique avoir pris connaissance des faits via les réseaux sociaux durant le week-end.
“Le 18 août, elle m’a contacté en urgence pour me dire que l’élue au logement leur a demandé de partir fin août“
Des images mises en ligne le 21 août montrent, en effet, l’installation de fortune de la famille dans une tente. “Mon mari était courtier en assurance. On vivait bien. On est parti en Tunisie pour travailler, mais [avec] la période du coronavirus on a fait faillite et on a tout perdu”, relate la mère. Avec leurs dernières économies, le couple rentre en France et s’installe dans un hôtel durant un mois et demi, pensant pouvoir remonter la pente. Joint par téléphone, celui qui a filmé ce témoignage, Eden [qui préfère garder l’anonymat de son nom de famille], se décrit comme “un apprenti journaliste“. “J’ai rencontré cette dame au cours d’un micro-trottoir que je réalisais sur le budget des Français. C’est comme ça qu’elle m’a raconté sa situation et qu’elle avait besoin d’aide“, précise-t-il. Mais, c’est après que la situation se complique. “Le 18 août, elle m’a contacté en urgence pour me dire que l’élue au logement leur a demandé de partir fin août“, poursuit Eden.
“On ne peut pas dire à une famille avec un enfant : “viens pendant six mois chez moi et le 1er septembre, jour de la rentrée, je te mets dehors“
Depuis lundi, la famille a été prise en charge par le Samu social, en partie grâce à l’action de la députée (PS) Fatiha Keloua-Hachi que la famille avait sollicité. “Mais on est encore loin d’une solution de logement pérenne“, déplore Ivan Itzkovitch qui renonce à sa demander la démission de Danièle Maillot. “Le maire a pris la mesure qui s’imposait en lui retirant ses délégations. L’incident est clos. Mais, je pense que le citoyen lambda doit être informé qu’il y a des pratiques qui ne se font pas, que les élus ne sont pas au-dessus des lois. C’est illégal de loger quelqu’un dans des conditions insalubres. C’est un sujet particulièrement sensible en Seine-Saint-Denis où une chambre du tribunal de Bobigny est réservée aux infractions pénales de logement“, poursuit l’élu qui est par ailleurs avocat. Il s’étonne aussi que la ville n’ait pas eu recours à des solutions de logement d’urgence plus conventionnelles. “J’ignore ce qu’il s’est passé, et je ne connais pas cette famille. Mais, au-delà d’être un piège, le fait que l’élue ait accepté de les héberger est irresponsable, parce que ça peut durer des années de trouver un logement. Il y a près de 850 demandeurs de logement sur liste d’attente à Rosny. Vous imaginez les dérives. Et, surtout, on ne peut pas dire à une famille avec un enfant ‘viens pendant six mois chez moi et le 1er septembre, jour de la rentrée, je te mets dehors.”
Cet élu LR qui a mis beaucoup de zèle pour dénoncer cette solution provisoire qu’il jugeait ‘inacceptable’ a t’il proposé quelque chose à cette famille ?
Il s’agissait d’une solution d’urgence pour une situation d’urgence, et mieux vaut vivre dans un espace privé, sous une tente, avec accès aux sanitaires et à la cuisine que vivre dans la rue !
Mais bien sûr cela ne devait qu’être provisoire …
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