Des barrières bordurent les bâtiments autour de la Cité du cinéma à Saint-Denis, empêchant l’entrée du Village olympique où 14 000 athlètes se sont croisés aux JO de Paris 2024. 2 800 logements y sont en cours de reconversion.
Après l’effervescence des JO, le Village olympique poursuit sa mue, sans bruit. A dix minutes à pied du Carrefour Pleyel, quelques rares badauds sillonnent les abords du Village qui s’étend sur plus de 50 hectares. Quelques modules Algeco sont imbriqués les uns sur les autres, des ouvriers en tenue s’affairent à terminer les derniers travaux d’aménagement. La passerelle entre Saint-Denis et l’île Saint-Denis, installée pour relier les deux parties du village et ouverte au public depuis plus de six mois, a plus de succès.
“C’est très utile et les habitants de l’île Saint-Denis l’empruntent pour rejoindre le métro”, assure le maire adjoint de Saint-Denis en charge de l’urbanisme, Adrien Delacroix.
Aucun signe extérieur ne vient rappeler que ce quartier en devenir, coincé entre Saint-Denis, Saint-Ouen et l’Ile Saint-Denis, fourmillait d’athlètes et de bénévoles il y a un peu plus d’un an.
2 800 logements en cours de reconversion
“C’est encore une zone très, très calme”, assure un agent immobilier du quartier. Et pour cause, les quelque 2 800 logements, dont près d’un tiers est dédié au logement social, sont encore vides.
Les promoteurs ont engagé dès la fin des Jeux paralympiques à la fin septembre 2024 une phase de reconversion, toujours en cours même si elle s’approche de la fin. Il faut par exemple faire tomber des cloisons et installer des cuisines dans des logements qui en étaient dépourvus pendant les JO, réaménager les espaces… Tout cela prend du temps.
“Le prix entre 7 000 et 8 000 euros le m2 pour un quartier où il n’y a pas encore de commerces, loin des transports, ne me paraît pas être forcement attractif”
La livraison de ces 2 800 logements est prévue pour la fin de l’année. Des bureaux sont aussi prévus, et une annexe du ministère de l’Intérieur va y poser ses valises à priori en 2027.
Ce quartier, créé en près de six ans, et qui doit à terme accueillir près de 6 000 personnes, arrivera-t-il à prendre vie une fois que ses habitants auront investi les lieux?
“Il faudrait que les appartements mis en vente soient tous partis, ce dont je doute”, nuance un agent immobilier croisé à Saint-Ouen. Plus de 700 logements ont été proposés à la vente aux particuliers. “Le prix entre 7 000 et 8 000 euros le m2 pour un quartier où il n’y a pas encore de commerces, loin des transports, ne me paraît pas être forcement attractif”, estime-t-il.
“Ça se vend très bien”, rassure Delphine Bachet, responsable au sein d’Icade, un des cinq promoteurs des lieux. “Pour notre premier lancement en 2023, on a réalisé plus de 80% de ventes”, affirme-t-elle. Un deuxième lot a été mis en vente il y a près de deux mois. Jusqu’ici, sur les 240 logements à vendre pour Icade, 137 ont été vendus. “La crise existe mais on n’est pas impactés comme les autres”, estime Delphine Bachet.
Pour l’instant, les commerces sont rares voire inexistants, mais sont censés fleurir avec l’arrivée des futurs habitants.
“Ce n’est pas un quartier enclavé, il ne s’est pas construit au milieu de nulle part. Il y avait déjà des habitants sur l’Ile Saint-Denis”, rappelle l’élu dionysien Adrien Delacroix.
Les seuls à habiter le village pour l’instant sont des étudiants de SupMéca, l’Institut supérieur mécanique de Paris. Près de 130 d’entre eux logent depuis la rentrée dans un immeuble où les athlètes Nord-Coréens ont séjourné pendant les JO.
“L’appartement est nickel”, témoigne une étudiante de 21 ans. “Le quartier c’est vrai que c’est un peu mort”, explique-t-elle.
Dans quelques mois, avec l’arrivée des premiers habitants, le quartier connaîtra un premier crash test. “Il y avait déjà de la vie, cela va en rajouter, ça va créer une nouvelle intensité”, prédit Adrien Delacroix.
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