Quizz, ciné-débats, affiches… au collège Dora Maar de Saint-Denis, élèves et enseignants n’ont pas ménagé leur peine pour sensibiliser au maximum, à l’occasion de la quinzaine contre les LGBT-phobies. Une démarche qui s’est structurée en commençant par un prof référent qui a formé ses pairs, pour pouvoir aborder le sujet avec les bons outils.
A Dora Maar, le ton est donné dès l’entrée du collège, avec affiches sensibilisant contre les agressions sexuelles. Devant chaque classe et bureaux administratifs, s’affiche ensuite une personnalité appartenant à la communauté LGBTQIA+ (Lesbienne, Gay, Transgenre, Queer, Intersexe, Asexuel). “Chacun a son affiche sur la porte, on normalise la lutte contre les LGBT-phobies par le nombre”, explique Cécile Lacrosse, principale du collège. Les personnalités ont été choisies après un vote des élèves. “Nous sommes un collège intercommunal, et on note une peur de l’autre, l’objectif, c’est de faire de la prévention sur le savoir vivre-ensemble”, poursuit la principale.

Se former pour savoir en parler avec les élèves
C’est après une agression homophobe sur un enseignant qu’une première heure de vie citoyenne a été mise en place pour tous les élèves du collège, sur le sujet. “Est-ce qu’on crie, est-ce qu’on punit ? Ici, on sait que l’on peut discuter avec les élèves”, défend Arnaud Gromat, professeur d’anglais, qui fait partie des professeurs “ressources” qui se sont formés aux questions des discriminations, de l’orientation et/ou de l’accompagnement des élèves. “Au début, c’était dur de motiver tout le monde, mais maintenant, c’est facile”, constate le prof. Sa collègue en Sciences et vie de la terre insiste pour sa part sur l’importance de la formation des profs entre eux, indispensable “aux collègues qui ont peur de ne pas avoir les clefs pour répondre (aux élèves) ou aborder les sujets de manière légale” Une implication de l’équipe éducative qui compte aussi pour les élèves, ajoute le professeur d’anglais.
“Le but, c’est de semer des graines…”
Du côté des élèves, cette quinzaine de sensibilisation est vécue de manière “clivée” entre “gênés et intéressés“, confie Eve en 6e. “C’est important, car certains restent dans leurs préjugés” explique-t-elle. Pour Kelton, ces sensibilisations permettent de “changer des habitudes” et il estime que “les insultes homophobes reviennent avec moins de ferveur”, insiste-t-il. “Je sais maintenant comment sensibiliser mes amis par rapport à ça.”
Certains élèves deviennent ainsi des vecteurs de sensibilisation malgré les réticences de certains de leurs camarades. “Faudrait laisser vivre (les personnes LGBT+) et faire ce qu’ils veulent” témoigne avec conviction Audrey en troisième, regrettant les remarques homophobes encore nombreuses. Les questions religieuses interviennent aussi souvent dans les ateliers, constate par ailleurs Laure Laborde, conseillère principale d’éducation (CPE), en charge des discriminations? Mais, “les échanges étaient très respectueux et sereins” lorsqu’ils ont été abordés dans les classes, souligne-t-elle. “On a aussi fait des efforts de communication vers les parents”, insiste-t-elle.
“On a des enfants qui se forment par différents environnements, que ce soit la famille, le sport, les médias … Si on est trop moralistes, on risque de bloquer la parole, le but, c’est de semer des graines”, soutient Arnaud Gromat. L’objectif est de former les élèves au vivre ensemble, et aussi qu’ils “aient conscience de la loi et de ce qui se dit ou pas, pour qu’ils basculent moins dans des discours homophobes.”
Libérer la parole

Certains professeurs ont aussi choisi d’intégrer dans leurs cours des réflexions sur les discriminations à travers la dark romance, ce genre littéraire qui met en scène des relations souvent condamnables par la morale ou la loi mais qui est très apprécié par un public jeune et féminin. “J’aimerais bien aussi aborder les violences dans les couples adolescents et la figure du bad boy”, confie Arnaud Gromat. Autant de champs de sensibilisations et de réflexion qui permettent de libérer la parole, estime le prof ressources qui rapporte que beaucoup d’élèves ont profité de cette quinzaine de sensibilisation pour libérer leur parole, faisant parfois leur coming-out.
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