L’université Paris 8 a annoncé ce mercredi avoir saisi le procureur de la République pour des propos faisant l’apologie du terrorisme tenus lors d’un rassemblement organisé le 15 octobre par la Fédération syndicale étudiante.
“Des propos d’une extrême gravité faisant “l’apologie du terrorisme“, dénonce ce mercredi l’université Paris 8 dans un communiqué à la suite de la diffusion par le média Léon d’une vidéo filmée lors d’une conférence organisée le 15 octobre par la Fédération syndicale étudiante dans un amphithéâtre. Ce média, qui se présente comme un “média engagé, une histoire juive pour vous“, y décrit cette réunion comme “un évènement d’ultragauche“.
“Nous n’avons eu aucun problème à revendiquer ce 7 octobre“
“Condamnez-vous le 7 octobre?“, entend-on une intervenante interroger les participants qui répondent par un non unanime, en référence aux attaques terroristes perpétrées en 2023 par le Hamas dans plusieurs localités israélienne causant la mort d’environ 1219 personnes. 251 personnes avaient alors aussi été prises en otages. Selon le média Léon, quelque 200 étudiants ont assisté à cette réunion. “En défendant George Abdallah, nous étions préparés à ce soutien inconditionnel à la résistance héroïque du peuple palestinien et à cette résistance qui passe principalement par la lutte armée. Et donc le 7 octobre nous étions prêts. Nous n’avons eu aucun problème à revendiquer ce 7 octobre“, lance-t-elle sous les applaudissements de la salle. George Ibrahime Abdallah, un militant libanais condamné en 1987 à la réclusion à perpétuité pour complicité d’assassinat terroriste et libéré en juillet avec expulsion au Liban, devait initialement intervenir en vidéo lors de ce meeting.
“Une enquête afin d’établir les responsabilités et entamer toute démarche disciplinaire qui apparaîtra nécessaire“
“Face à de tels faits, aucune tolérance n’est envisageable. Les appels à la haine ou à la violence n’ont aucune place au sein de notre établissement“, a réagi la présidence de l’université Paris 8 qui annonce ce mercredi dans un communiqué avoir signalé les éléments portés à sa connaissance au procureur de la République, en application de l’article 40 du Code de procédure pénale. Elle a par ailleurs ordonné “l’ouverture d’une enquête afin d’établir les responsabilités et entamer toute démarche disciplinaire qui apparaîtra nécessaire.”
Dans la présentation de cette vidéo largement partagée dans les réseaux sociaux, Léon met de fait en cause les responsables qui ont permis la tenue de cet événement. “Ce qu’on a documenté interroge sur le laisser-faire de l’administration et de la justice“, indique-t-il sur son compte X. Dans son communiqué, l’université Paris 8 précise pour sa part que “le 15 octobre 2025, un événement s’est tenu au sein de l’université à l’initiative de la Fédération Syndicale Etudiante. Initialement présenté sous un autre format, avec un autre programme et sans invités annoncés, il a pris le jour même le titre de « Grand meeting anti-impérialiste », sans que les services compétents de l’université n’aient été préalablement informés.”
“Un rassemblement aux relents antisémites“
Dès mardi, Philippe Baptiste, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Espace, a republié la vidéo de Léon sur son compte X, condamnant “un rassemblement aux relents antisémites“. “Un sentiment : le dégoût”, ajoute-t-il, expliquant avoir demandé au rectorat de saisir le procureur de la République. “Je recevrai dès demain le président de Paris 8 pour comprendre comment un tel événement a pu se tenir sur son campus, alors même que des consignes de vigilance et de fermeté ont été passées à plusieurs reprises”, indiquait-il par ailleurs.
De son côté, Eric Mathais, le procureur de la République de Bobigny a fait savoir ce mercredi après-midi que la parquet avait été saisi par la rectrice académique Ile-de-France en application de l’article 40 du code de procédure pénale. “Il résulte de ce signalement que les autorités académiques ont pris connaisance d’une vidéo publiée le 21 octobre sur le réseau social Instagram dans laquelle des propos susceptibles de recevoir la qualification pénale d’apologie publique d’acte de terrorisme ont été tenus dans un amphithéâtre de l’Université [ndlr, Paris 8 Vincennes-Saint-Denis le 15 octobre]”. Une enquête a immédiatement été ouverte et confiée à la brigade de la répression de la délinquance contre la personne, a-t-il également fait savoir.
Doit-on rappeler que ce 7 octobre ne fut pas seulement une attaque contre des civils, mais aussi une prise d’assaut d’un poste de contrôle où, depuis des années, des gens en situation d’urgence médicale étaient morts simplement parce que, sans raison, le passage avait été fermé par les militaires israéliens ? Doit-on rappeler que le gros de l’offensive et des morts avait eu lieu à cet endroit et dans la ville attenante lors de combats militaires au sens plein du terme dans la tentative faite par les Palestiniens de détruire ce point de contrôle ? Vous souvenez-vous que les militaires israéliens, qui étaient dans le sous-sol, de ce point de contrôle sont morts par la décision du commandement israélien de tout détruire de peur que des commandos palestiniens en aient pris en partie le contrôle ?
Si l’attaque de civils étaient inexcusable, il faut se souvenir que les crimes monstrueux qui ont été imputés aux assaillants palestiniens (enfants brûlés, femme enceinte éventrée, etc.), ont tous été démentis par la suite par les Israéliens eux-mêmes. Une très grande partie des otages et de leurs ravisseurs ont été tués lors des tentatives de rejoindre Gaza par les hélicoptères israéliens qui avaient comme consigne ferme de ne rien négocier. Il en est allé de même de maisons où se trouvaient des Israéliens prisonniers de Palestiniens.
Enfin, cette action était une réponse à des bombardements aériens réguliers de la part des Israéliens depuis la mise en place d’un embargo sur la bande de Gaza. Que la manière dont cette opération militaire a été menée soit critiquable, sur le fond, elle devait un jour ou l’autre se produire.
Les autorités israéliennes sont la puissance occupante, qui aurait dû depuis longtemps évacuer les territoires qu’elles occupent. Elles ont violé les accords d’Oslo après avoir toujours refusé de se plier au droit international. Le gouvernement en place est favorable à la mise en place d’un Grand Israël, qui inclurait le Liban, l’ouest de la Syrie, la Jordanie, le Sinaï, la côte saoudienne et yémenite de la Mer Rouge jusqu’à Aden. Il suffit simplement de lire ce que les partis au pouvoir écrivent, regarder les cartes qu’ils proposent et les voir voter à la Knesset une conception de l’État d’Israël où les Juifs ont tous les droits et les non-Juifs sont des citoyens de seconde zone.
Tous les Juifs israéliens ne sont pas sur cette ligne, mais des années de propagande, présentant les “Arabes” comme des ennemis et des voleurs de terre et jouant sans cesse de la peur de l’antisémitisme, en rendent la majorité sourde et aveugle aux souffrances de leurs voisins palestiniens et leur fait voir toute solidarité avec ces derniers comme de “l’antisémitisme”. Le résultat est catastrophique : plus de 60.000 morts et toute une agglomération détruite comme par une bombe atomique, dans l’indifférence sinon l’approbation d’une majorité de Juifs israéliens.
Que la colère de jeunes profondément choqués par les crimes d’un État semant la terreur, donc terroriste, amène l’un d’entre eux à tenir des propos de soutien à l’offensive palestinienne du 7 octobre, qui peuvent laisser penser qu’il approuve les prises d’otages et les meurtres de civils, ne devrait être pris pour de l’antisémitisme que si cet intervenant s’attaquait aux Juifs en eux-mêmes, ce qui ne semble pas avoir été le cas.
Le Hamas, qui fut à la tête de cette offensive, est considérée par notre pays comme “terroriste”, mais pas l’État d’Israël dont les dirigeants font l’objet d’un mandat d’arrêt international que la présidence française se refuse à appliquer et qui se permet de violer les eaux internationales et palestiniennes sans qu’aucune protection militaire ne soit apportée aux humanitaires qui tente de ravitailler une population affamée volontairement par l’armée israélienne. C’est là que se trouve le scandale.
Apologie du terrorisme ? Que l’on arrête donc les “journalistes” qui font celle de l’État d’Israël et que l’on cesse d’assimiler celui-ci à ses habitants.
On peut rappeler à certains, laïques anticléricaux à sens unique compris, une parabole célèbre, il y a près de 2000 ans. Un juif (un peu dissident en religion, certes) nommé Jésus disait alors :
« Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? (..)
Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton œil, et alors tu verras comment ôter la paille de l’œil de ton frère. »
Crime de guerre, crime contre l’humanité, conflit armé, génocide, etc…
“Chaque conflit rappellent l’importance des mots et de leur usage. Notre unique boussole : le droit international. ” écrit Amnesty International, sur son site.
Quelle définition de terrorisme, pour ces vigies des droits humains depuis plus de 50 ans (en ce temps là ce n’était déjà pas si facile, avec la gauche, la droite, les extrêmes, les dictatures et la guerre froide) ?
Constat : il n’existe à ce jour “aucune définition reconnue et communément adoptée au niveau international.” (du terrorisme) “Nous n’ignorons pas et comprenons que ce terme puisse être utilisé par d’autres, en référence au droit national.” (écrit Amnesty).
Mais il l’est aussi par V. Poutine contre les Ukrainiens ! Par des dictateurs contre leurs opposant démocrates… Délicat.
3 citations de plus d’Amnesty, pour cadrer leur position :
“Le terme “terrorisme” désigne habituellement les actes de violence commis par des groupes armés, et plus particulièrement ceux visant des civils. Dans la pratique, il sert à désigner différents types de comportements. Les États et les observateurs qualifient de « terroristes » les actes ou les motivations politiques auxquels ils sont opposés, tout en rejetant l’utilisation de ce terme quand il s’applique à des activités ou à des causes qu’ils soutiennent.”
“Le fait que le terme “groupe terroriste” ne fasse pas partie de notre vocabulaire ne diminue en rien notre jugement de la gravité des actes commis par des groupes armés, dont nous condamnons sans réserve les crimes.”
“Les crimes commis par le Hamas et des groupes armés palestiniens le 7 octobre 2023 relèvent tous de crimes de guerre. Nous avons ainsi appelé à une enquête de la Cour Pénale internationale afin que leurs auteurs répondent de leurs actes.”
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