Accès aux soins

15 Maisons France Santé en Val-de-Marne : au-delà du label, de nouveaux moyens pour les soins de proximité

Quinze premières Maisons France Santé ont été labellisées en Val-de-Marne ce jeudi 18 décembre, avec des moyens financiers à la clef, en contrepartie d’engagements comme le non-dépassement d’honoraires et des RDV avec un généraliste dans les 48 heures.

Priorité aux déserts médicaux

Ces labellisations, décidées conjointement par la préfecture, l’Assurance maladie du Val-de-Marne (CPAM), le conseil départemental et l’Agence régionale de santé (ARS), se sont basées sur plusieurs critères conjuguant des engagements des centres concernés et leur emplacement dans des zones les plus tendues du point de vue de l’accès aux soins, recoupant en partie les zones d’intervention prioritaire (Zip), en fonction de la densité de la population, a détaillé Eric Véchard, directeur de la délégation Val-de-Marne de l’ARS, à l’occasion de l’officialisation de ces labellisations.

Neuf maisons ont ainsi été labellisées dans le Grand-Orly Seine Bièvre, intercommunalité la plus peuplée et quasi-intégralement en Zip et Zip +. Les six autres Maisons France Santé se sont réparties à part égale entre le Grand Paris Sud Est Avenir et Paris Est Marne et Bois.

Ces maisons France Santé sont les “garants d’une offre de soin de proximité de soin en continue mais aussi les acteurs concrets d’une réduction des inégalités territoriales et sociales”, insiste Frantz Leocadie, directeur de l’Assurance Maladie du Val-de-Marne. “Une dizaine d’autres Maisons France Santé seront labellisées en 2026”, a d’ores et déjà précisé Eric Véchard.

Pour rappel, il ne s’agit donc pas de création ex-nihilo de Maisons France Santé mais de labellisations de centres existants. Certains, a rappelé le préfet Étienne Stoskopf, sont même très anciens, comme celui de Villeneuve-Saint-Georges, ouvert en 1919. Cette labellisation permet aux habitants d’identifier à moins de trente minutes de chez eux une offre de soins de manière de manière “lisible, simple et identique partout en France”, résume le préfet.

Ci-dessous la carte des 15 première Maisons France Santé et la carte des zones d’intervention prioritaire, allant des zones normales (en gris) au zones d’intervention prioritaire renforcée (zip+) en rouge et blanc en passant par les zones d’action complémentaires (zac) en jaune et les zip en rouge. (Carte ARS établie à partir des chiffres 2022)

Prise en charge dans les 48 heures, pas de dépassement d’honoraires

Au-delà du zonage, les labellisations s’appuient sur des engagements de la part des centres : être au moins composé d’un médecin et d’une infirmière, être ouvert 5 jours sur 7, proposer un rendez-vous dans les 48 heures et ne pas pratiquer de dépassement d’honoraires.

Du matériel pour proposer des diagnostics avancés

En contrepartie de ces engagements, la labellisation ne sera pas un simple sticker à ajouter à la devanture des centres et maisons de santé. Des enveloppes de 40 000 ou 50 000 euros, financées par l’ARS et la CPAM leur permettront de financer de nouvelles actions ou investissements en matériel.

“Des appareils pou enregistrer l’électrocardiogramme ou la pression artérielle d’un patient sur 24 heures, un spiromètre pour mesurer la capacité respiratoire, notamment des asthmatiques, du matériel de microbiologie pour avoir les résultats plus rapidement, détecter une pyélonéphrite (infection du rein), une grossesse débutante, une infection sévère…” Autant de matériel dans lequel la Maison de santé pluriprofessionnelle (MSP) de Champigny-sur-Marne envisage d’investir, énumère l’un de ses médecins. Du matériel dont peu de cabinets généralistes disposent, qui permettra d’éviter d’envoyer le patient chez des spécialistes déjà débordés ou carrément aux urgences. “Si on fait déjà un premier bilan et qu’on arrive à avoir un diagnostic plus fin, on pourra orienter précisément le patient, parfois même directement dans le service concerné d’un hôpital, sans passer par les urgences”, motive Jean-Noël Lépront, membre de cette maison de santé et coprésident de la CPTS de Champigny. “Cela évite de passer des heures sur les brancards, des heures dans les urgences, ce sont des coûts en moins pour l’Assurance maladie, et surtout un confort pour le patient.”

Médecin généraliste à la MSP de Valenton, Antoine Lefèvre abonde, impatient de pouvoir investir dans du matériel pour diagnostiquer la BPCO, maladie respiratoire du fumeur, “qui reste largement sous-diagnostiquée”, ou encore des “patients vasculaires méconnus“. Le patient type à détecter : celui qui n’a jamais vu de médecin, est un peu en surpoids, fait un peu d’apnée du sommeil sans s’en rendre compte… détaille le médecin. “Un patient à haut risque de voir son espérance de vie réduite” s’il n’est pas sérieusement pris en charge rapidement. Dans un autre registre, “le dépistage des troubles du neurodéveloppement de l’enfant nécessite aussi du matériel coûteux dont nous allons pouvoir nous équiper au auquel nous allons nous former.” De quoi renforcer la prévention. “Ça fait vingt ans que je suis installé et vingt ans ans que je fais de la prévention et du dépistage. Mai, jusqu’à présent, le dépistage se faisait uniquement par des interrogatoires et un examen clinique succinct. Aujourd’hui, on va pouvoir construire des protocoles avec des vrais outils”, se réjouit le médecin.

Une nouvelle brique dans le dispositif de coordination des acteurs de santé

Cette labellisation s’inscrit aussi dans l’objectif de coordination des acteurs de santé sur chaque territoire, qui s’appuie aujourd’hui sur les Communautés professionnelles des territoires de santé (CPTS) regroupant médecins, hôpitaux, paramédicaux ou médico-sociaux sur une ou plusieurs villes pour se coordonner afin de faciliter l’accès aux soins (numéro unique pour avoir un médecin sans rendez-vous) mais aussi pour organiser de la prévention, en fonction des problématiques identifiées sur un territoire donné (obésité…). “L’accès aux soins ne se réduit pas à la présence de professionnels de santé mais repose aussi sur le pilier de la prévention”, insiste Frantz Leocadie. Des CPTS, mais aussi les Sami, services d’accès aux soins le soir et le week-end initiés par le Conseil de l’ordre du Val-de-Marne dès le début des années 2000, et encore les SAS (services d’accès aux soins), les coordinations ville-hôpital…

Le financement dédié aux Maisons France Santé permettra aussi d’augmenter le temps de coordination entre soignants, “parce que c’est important de se parler, d’échanger sur les patients, de faire des réunions de concertation autour de cas complexes et de trouver des solutions pour des patients“, reprend Jean-Noël Lépront. “Cela va nous permettre de financer un poste de secrétariat pour pouvoir répondre à la demande supplémentaire”, témoigne pour sa part Noham Settbon, coordinateur à la Maison de santé des Gondoles de Choisy-le-Roi.

Du côté du département, qui a plusieurs missions médico-sociales, des plus petits aux plus âgés en passant par les collégiens, cette coordination est aussi essentielle. Olivier Capitanio, président du conseil départemental, a ainsi rappelé l’enjeu santé chez les petits – alors que 40% des 17 700 enfants de quatre ans vus par les centres de PMI (Protection maternelle infantile) lors d’un premier bilan à l’école maternelle, sont orientés vers un médecin, ou encore chez les enfants accueillis par l’Aide sociale à l’enfance, souvent sous-diagnostiqués et pour lesquels le département vient de créer une service santé dédié.

Les 15 Maisons France Santé en Val-de-Marne

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Les médecins généralistes ont chacun leurs axes de prise en charge : médecine générale pour tous les âges, santé de la femme, médecine du sport, hypnose médicale. L’infirmière diplômée en pratique avancée suit les patients chroniques (diabète, insuffisance cardiaque), adapte les traitements et intervient dans la prévention.

Les RDV peuvent se prendre directement sur Doctolib

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