Surproduction, marges faibles, chute généralisée de la lecture, concurrence des plateformes, révolution du livre d’occasion… Il faut aux libraires indépendants des trésors d’inventivité et de persévérance pour maintenir le rideau levé. Même si de nouvelles pousses continuent de voir le jour, encouragées par les villes. A l’occasion de la Fête des librairies indépendantes, ce samedi 26 avril, Citoyens.com a été à leur rencontre, en Val-de-Marne et Seine-Saint-Denis. Enquête.
Ce samedi 26 avril, c’est la fête des librairies indépendantes. En France, 700 libraires offriront un livre et une rose aux chalands. L’initiative, menée en partenariat avec les éditions Gallimard, permettra de faire découvrir cinq œuvres de Gabriel Dufay, Antoine Ginésy, Claire Morel, Daniel Sangsue et Vahram Muratyan, réunies en un livre, titré “Esprit, es-tu là ?” et tiré à 26 000 exemplaires. La fête est organisée en France par l’association Verbes et la librairie parisienne des Abbesses, comme une déclinaison de la Sant Jordi en Catalogne, journée durant laquelle les Catalans s’offrent un livre et une rose.
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“On est un commerce comme les autres : si on ne vend pas nos livres, on ferme”
“Pour la visibilité des librairies indépendantes, c’est évidemment un événement important, mais il faudrait qu’on lui donne plus d’ampleur collectivement“, pointe Amanda Spiegel, directrice de la librairie Folie d’encres à Montreuil. “Ça n’a rien à voir avec ce qui se passe à Barcelone, où a été créé la Sant-Jordi. Cette fête est très célébrée en Occitanie, mais elle dû mal à prendre dans le reste de la France“, poursuit-elle. Même constat pour Jacques-Étienne Ully, patron d’un réseau des six librairies (cinq en Seine-Saint-Denis et une en Val-de-Marne) également fondées sous la “marque” Folie d’Encres. “On est preneur de ce genre de rendez-vous. Ça ne va pas changer grand-chose parce que ce n’est pas une rose et un bouquin qui vont faire venir les gens. Mais, en termes de communication, c’est très bien, ça met un coup de projecteur sur le livre et le métier de libraire. Très souvent, les gens ne réalisent pas que l’on est un commerce comme les autres : si on ne vend pas nos livres, on ferme“, résume-t-il. “Ça demande beaucoup logistique et je préfère m’investir au quotidien pour faire venir de nouvelles personnes dans ma librairie“, confie en revanche, Lucile Samark, fondatrice de la librairie Zeugma à Montreuil.
“On est dans une situation complètement délirante : les gens rêvent de livres, veulent devenir libraires, mais n’achètent plus de livres“
Pour de nombreux professionnels, la librairie indépendante va mal. Après une bouffée d’air durant les deux années de la crise Covid, la filière a encaissé de plein fouet la hausse des charges, notamment de l’électricité, des salaires, et l’explosion des loyers. Face à une inflation de plus de 4,5%, le prix du livre n’a augmenté que de 2,7%, conduisant certains commerces à devenir structurellement déficitaires. “Depuis la loi Lang de 1982, le prix du livre est fixe. Or, les maisons d’édition accordent des remises trop faibles aux librairies indépendantes, de l’ordre de 30 à 40%, alors qu’elles devraient se situer de 36 à 46% pour couvrir l’impact de l’inflation“, estime Amanda Spiegel qui rappelle que “les librairies et les fleuristes sont les deux commerces qui réalisent les plus faibles marges“, de 1% en général à 3% pour les plus grandes.
Plus alarmant, signale celle qui porte aussi la casquette de vice-présidente du Syndicat de la librairie française (SLF), “selon la dernière étude du CNL [Centre national du livre], la lecture diminue chez tous les publics, y compris chez les 50-64 ans et dans tous les milieux sociaux“. Le baromètre bisannuel du CNL établit, en effet, que 63% des Français ont lu au moins cinq livres au cours des douze derniers mois, soit 6 points de moins qu’en 2023. Une baisse plus marquée chez les 50-64 ans, les moins de 35 ans et les hommes. “On est dans une situation complètement délirante : les gens rêvent de livres, veulent devenir libraires, mais n’achètent plus de livres. En plus, on se retrouve à gérer une surproduction aberrante, sachant que l’on n’a pas trop le choix puisque quatre acteurs contrôlent 80% de la production“, complète Jacques-Étienne Ully.
Voir le baromètre 2025 “Les Français et la lecture” du CNL
Dans la pratique, ce n’est pas la hausse du prix du livre, d’environ un euro pour les livres de poche par exemple, qui détourne les gens de la lecture, observe Antonin Bonnet qui travaille depuis dix ans chez Folie d’encres à Montreuil, la première librairie indépendante de Seine-Saint-Denis créée par Jean-Michel Ozanne en 1981. “D’un point de vue sociologique, une librairie est un commerce de distinction, ce n’est pas un commerce essentiel. Même s’il n’y a pas que des CSP+ plus qui achètent des livres, ce sont des gens qui, de part leur pouvoir d’achat, font vivre les librairies“, souligne-t-il.

Faire avec les réseaux sociaux
Pour Amanda Spiegel, ce sont “les écrans et les réseaux sociaux qui sont essentiellement la cause de l’érosion du temps de lecture“. Une tendance transgénérationnelle. “Les nouvelles générations sont attirées par l’écran, mais c’est aussi de plus en plus vrai des retraités. Comme le temps de loisir n’est pas extensible, les choix sont vite faits, pointe Jacques-Étienne Ully. Notre monde change très vite alors que le livre est, par nature, très stable. Nous devons donc trouver notre place dans ce nouvel écosystème.
“Tik Tok a fait découvrir des auteurs et des genres littéraires”, observe Lucile Samak, à cet égard. Un phénomène qui a même conduit à créer un nouveau vocable “Booktok” pour qualifier les vidéos d’influenceurs TikTok qui font décoller les ventes. Rien ne dit en revanche si ceux-ci sont achetés en librairie…
De nombreux libraires aussi, se mettent aux réseaux sociaux, pour prodiguer leurs conseils et inciter leurs lecteurs à venir en boutique. C’est le cas d’Olivier Place, cogérant de La Librairie du Village à Créteil, qui présente ses livres en vidéo sur Instagram. “Parfois, les gens me demandent les livres dont j’ai parlé dans mes vidéos, c’est comme ça que je vois qu’il y a un impact. Ils sont en demande de conseil. Je crois en ce que je dis à propos des livres. C’est notre principale valeur ajoutée en tant que libraire !” témoigne le libraire cristolien.
A Nogent-sur-Marne, la libraire Nogent Presse, dont l’unique salariée a dû partir travailler à la boulangerie, laissant la gérante tenir seule la boutique, en raison de la diminution de la fréquentation, vient de lancer sa page Facebook ce printemps pour garder le contact avec ses conseils et billets d’humeur, d’ordinaire affichés sur la vitrine et très appréciés des passants.
Lire : Nogent-sur-Marne : quand la libraire doit travailler à la boulangerie pour surmonter la crise
“Il faut suivre les évolutions de la société, mais est-ce qu’on va survivre? Les chutes de lectures sont importantes et en face, le rouleau compresseur des Gafam [les géants de la tech américain Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft] est structurel“, s’inquiète néanmoins Antonin Bonnet.
Evénementiel
Pour donner envie aux lecteurs de passer la porte d’une librairie plutôt que d’acheter en deux clics un livre sur une plate-forme, les rencontres se multiplient aussi, avec les auteurs, offrant des moments uniques, privilégiés. Pour Grégoire Orsingher, créateur de Tome 47, une librairie dédiée aux BD, mangas et romans graphiques à Vitry-sur-Seine, ces moments permettent de renouveler l’intérêt pour les ouvrages exposés, tout en attirant un public plus large. La configuration de sa librairie a été pensée pour déplacer facilement les produits et d’adapter l’espace en fonction des formats d’événements. « On peut accueillir une vingtaine de personnes sans trop de difficulté. S’il faut plus, on pousse un peu les rayons, et ça passe ». Ces animations sont aussi l’occasion de valoriser d’autres titres du catalogue, en déroulant une thématique, ou de soutenir des éditeurs avec un peu moins de visibilité, indique le libraire.
Lire : BD, mangas, romans graphiques : la librairie Tome 47 enracinée avec succès à Vitry-sur-Seine
Le pass culture, une aide bienvenue mais rabotée
Coup de pouce pour inciter, notamment, à acheter des livres, le pass culture, victime de son succès et des difficultés budgétaires de l’Etat, a été raboté depuis début mars concernant sa part individuelle, laquelle est passée de 300 à 150 euros, potentiellement bonifiée en fonction de la situation sociale. Les 50 euros pour les jeunes de 15 et 16 ans ont par ailleurs été supprimés. Pour Christine Desmares, gérante de la librairie du Plateau à Chevilly-Larue, cette révision à la baisse “risque à terme d’engendrer de grosses pertes” alors qu’il permet “à certains jeunes de rentrer pour la première fois dans une librairie.” Ce samedi 12 avril, dans une des librairies indépendantes de Montreuil, Éloïse, étudiante, est, elle, venue “écouler son pass culture” avant de partir en vacances. “On est allé à la Fnac de Rosny 2, mais je préfère revenir ici. On a vécu pendant dix ans à Montreuil et je reste à très attachée à cette librairie. Ils ont un choix diversifié, ils ont tout lu et ils sont toujours à l’écoute“, motive-t-elle.
Les villes à la rescousse
Les municipalités, en revanche, sont de plus en plus nombreuses à se mobiliser pour conserver ou accueillir une librairie en ville, afin de contribuer à l’animation culturelle locale et de diversifier l’offre commerçante. Achat de locaux pour les louer à un libraire à des loyers accessibles au démarrage ou préemption de baux commerciaux pour les réserver à cette activité… les initiatives ne manquent pas, qui ont permis d’implanter ou de faire revenir un certain nombre de libraires dans le Val-de-Marne. Ce fut le cas à Champigny-sur-Marne il y a quelques années, quand la ville a racheté le droit au bail de la librairie Honoré, d’abord pour lui donner un peu marge de manœuvre, puis, une fois celle-ci fermée, pour confier les clefs à un autre libraire, Albert Zenouda. Depuis, la librairie est toujours en place.

Récemment, c’est à Charenton-le-Pont qu’une nouvelle librairie indépendante a vu le jour, La vie immédiate, créée par Simon Payen et Jérôme Guichet dans un local de la ville, avec un loyer évolutif. Et d’ici le mois de juin, c’est au Kremlin-Bicêtre que Julien Doussinault ouvrira, également dans un local commercial racheté par la commune.
Lire : La Vie Immédiate : une nouvelle librairie indépendante à Charenton-le-Pont
Et : La Grande balade au Kremlin-Bicêtre : une nouvelle librairie indépendante va tracer sa route
Un sacré coup de pouce de départ, gage également d’un certain engagement des villes à travailler avec leur libraire local, mais qui ne fait pas tout. La nécessite d’avoir un modèle économique viable demeure et atteindre les objectifs reste un combat quotidien. A Chevilly-Larue, où Christine Desmares s’est installée il y a maintenant trois ans et demi, dans un local de la ville avec un loyer progressif au démarrage, les partenariats locaux et la détermination de la gérante ont réussi à faire tenir le commerce. Mais il n’y a rien de trop. Avec “50 à 60 tickets un samedi de base” cela reste “raide”, confie Christine Desmares. “Les gens n’ont pas les sous pour acheter des bouquins. Heureusement qu’il y a une activité sur du long terme, avec les établissements, les hors les murs, car le trafic n’est pas suffisant.”
Lire : A Chevilly-Larue, la librairie du Plateau s’accroche, défendant la lecture pour tous
Diversification : “On vend même des chaussettes thématiques !”
Pour sortir de l’ornière, beaucoup de libraires s’appuient aussi sur la diversification, pour ne pas vendre seulement des livres. “Beaucoup de libraires font du hors livre : papeterie, carterie, jeux, loisirs créatifs, qu’on peut rattacher à des rayons thématiques. On fait, par exemple, des kits de camping au rayon voyages, des rouleaux à pâtisserie au rayon cuisine. On vend même des chaussettes thématiques ! C’est une période complexe parce qu’on est les gardiens d’une image, mais pour moi le danger, c’est de devenir une librairie-musée“, témoigne Jacques-Etienne Ully. “Ce qui a vraiment changé la donne pour nous, c’est l’ouverture de Kraft en 2018, l’annexe dédiée à la papeterie“, confie également Amanda Spiegel.
Taille critique
Alors que la marge sur les livres est faible, l’un des leviers est aussi, finalement, la quête d’une taille critique. C’est ce qu’a fait Jacques-Étienne Ully. Ancien cadre dans la communication, il a ouvert sa première librairie à Aulnay-sous-Bois en 2005 et en créé cinq depuis. “Je me suis formé en 2004 chez Jean-Michel Ozanne qui a eu cette idée de créer une pépinière de libraires dans un département pauvre en librairies parce que le plus pauvre de France. Ce qui est dingue, c’est qu’il a fait don de sa marque, alors qu’il aurait pu imposer une franchise comme cela se fait dans le commerce de détail“, relate l’entrepreneur de cinquante ans. Aujourd’hui, le réseau de Folies d’encre compte 16 librairies indépendantes, dont les six qu’il a créées. Après celle d’Aulnay-sous-Bois, Jacques- Etienne Ully en a repris une en 2011 au Perreux-sur-Marne, en Val-de-Marne, qu’il a déménagé en 2021 dans les anciens locaux de la Maison de la presse, puis une autre à Gagny, en 2018, avant de racheter l’ancienne librairie Arthur au Raincy en 2021, puis l’ancienne Gulliver à Villemomble en 2024. Entre temps, il a par ailleurs racheté le local voisin de sa librairie aulnaysienne pour créer un magasin papeterie et loisirs. “Ce réseau nous permet d’avoir un stock conséquent et d’être très flexible. Nous avons une navette interne qui nous permet même d’être plus fort qu’Amazon !”

Avec près de 400 mètres carrés de surface de vente, Folie d’Encres Montreuil (qui ne fait pas partie du réseau de J-E Ully) est devenue la plus grande librairie indépendante de la Seine-Saint-Denis, qui compte aujourd’hui une vingtaine de structures. “Quand je suis arrivé ici, c’était la seule à Montreuil, aujourd’hui il y a en six. À l’origine, c’était une petite boutique dans la rue piétonne. Puis, elle a déménagé avenue de la Résistance, sur un emplacement très bien situé à côté du centre commercial, en plein quartier de la Croix de Chavaux“, se souvient Antony Bonnet qui y travaille depuis dix ans. Sa proximité avec le conservatoire Pina Bausch, qui vient de rouvrir, lui permet d’ailleurs d’attirer une nouvelle clientèle. Les segments qui marchent : les auteurs français et francophones comme Amélie Nothomb, Virginie Despentes, Mona Chollet, les romans autobiographiques comme ceux de Vanessa Springora, les sujets de société ou encore la new romance. Si la BD a un regain d’attractivité, le manga a tendance à marquer le pas. “On est des vendeurs d’idées. Nous sommes des généralistes, il est donc important d’avoir une diversité de propositions.”
Nouvelle révolution de consommation : développer l’occasion
Alors que la situation économique est déjà complexe, les libraires doivent aussi composer avec une autre tendance dans la consommation, bienvenue pour sauver la planète, celle de l’économie circulaire et donc, du livre d’occasion. De même que les magasins de prêt-à-porter commencent à proposer de la seconde main, l’occasion commence à pointer son nez en librairie. “C’est une révolution parce que le métier du libraire indépendant, c’est de vendre du neuf. Passer au livre d’occasion suppose un véritable sacrifice parce que c’est moins de place pour le neuf“, souligne Amanda Spiegel. “C’est un autre mode de pensée, une révolution. Il s’agit d’une activité de dépôt-vente, qui suppose de faire du tri. On peut appeler ça le livre circulaire. Comme les prix ne sont plus fixes, il faut aussi s’équiper d’une imprimante pour les étiquettes de prix et d’un prologiciel pour veiller à la traçabilité“, abonde Jacques-Étienne Ully qui lancera sa nouvelle offre en mai dans sa librairie d’Aulnay-sous-Bois. Pour lui, le phénomène de la seconde main est arrivé de manière “soudaine et violente“, avec une progression à deux chiffres. Résultat : un livre sur quatre est aujourd’hui vendu d’occasion. Et les plateformes ne sont pas en reste pour prendre leur part du gâteau. “Quand il n’y avait pas d’application, avoir un livre d’occasion, c’était compliqué, voire impossible, il fallait chercher dans des bacs. Maintenant, on trouve quatre ou cinq sites qui vendent les livres que vous cherchez en occasion alors qu’ils ont parfois trois mois !”
Un métier passion parfois fantasmé
Dans ce contexte, il faut sacrément s’accrocher pour tenir, et sacrément l’aimer. “Ce métier est très fantasmé. Tout le monde pense au côté romantique, au libraire qui lit, mais on passe l’essentiel de notre temps sur l’aspect commerce. On ouvre des cartons tous les jours, glisse Antonin Bonnet. Des collègues ont même parfois mal au dos à force de les porter. On gère le stock. Ceci dit, ce que j’aime dans ce métier, c’est la polyvalence.”, glisse Antonin Bonnet. La réalité du libraire indépendant est aussi celle d’une charge de travail lourde. Grégoire Orsingher, le gérant de la librairie Tome 47 de Vitry-sur-Seine, témoigne ainsi travailler de 60 heures à 90 heures par semaine, tandis qu’Olivier et Sylvie Place, gérants de la Librairie du Village à Créteil, estiment leur semaine autour de 75 heures. “Mais en vingt ans, j’ai vu grandir des enfants”, confie Jacques-Etienne Ully.
Fondatrice de la librairie Zeugma de Montreuil en 2017, Lucile Samak, elle, a décidé de revendre, “non pas pour une question financière mais pour faire radicalement autre chose.”
Rédaction : Charles Henry, Staya Laval, Tom Chaurand et Cécile Dubois
A propos des livres d’occasion, il y eut une très bonne idée : les ‘boites à livres’. Malheureusement, elles sont régulièrement pillées par des gens qui pensent les revendre sur Internet … d’où la pléthore d’offres en ligne !
L’idée est bonne : nous sommes tous encombrés de livres que l’on ne lira plus jamais ; plutôt que les jeter offrons les pour qu’ils aient plusieurs vies. Mais il faut les déposer dans des boites à livres situées dans des locaux associatifs, ou actuellement dans les quelques bureaux de poste qui existent encore.
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