Emploi | Seine-Saint-Denis | 30/04
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Seine-Saint-Denis : France Travail veut surfer sur l’héritage des JO pour maintenir l’emploi

Seine-Saint-Denis : France Travail veut surfer sur l’héritage des JO pour maintenir l’emploi © France Travail

Selon la dernière enquête “Besoin de main d’oeuvre” (BMO) de France Travail, la Seine-Saint-Denis est le département où la part des projets de recrutements jugés difficiles est la plus faible en Ile-de-France. Les intentions de recrutement, au nombre de 53 330 en 2025, sont néanmoins en baisse. Pour maintenir la dynamique des JO, France Travail mise sur une palette d’outils complémentaires, entre task force entreprise, stage d’immersion ou job dating.

À première vue, le marché du travail tend à se dégrader au premier trimestre 2025. “Nous observons certes une baisse de 10% des projets de recrutement en Ile-de-France pour l’année 2025 par rapport à 2024 mais, au niveau national, la baisse est de 12,7%. Cette tendance fait par ailleurs suite à une année 2024 plutôt exceptionnelle, marquée par les jeux olympiques. 2025 devrait donc refléter un réajustement plutôt qu’un ralentissement structurel de l’activité“, analyse Sophie Damolida, la directrice de France Travail en Seine-Saint-Denis qui est à la tête de 21 agences et 1 500 conseillers.

La Seine-Saint-Denis représente à elle seule 12,5% des projets de recrutement franciliens

Dans ce territoire à l’épicentre des jeux olympiques, la décélération est manifeste avec 53 330 projets de recrutement prévus en 2025 contre 66 710 en 2024, soit une chute de près de 25% (contre -13,7% pour Paris, mais seulement -3,1% pour le Val-de-Marne et -2,8% pour les Hauts-de-Seine). “La Seine-Saint-Denis représente à elle seule 12,5% des projets de recrutement franciliens“, tempère toutefois Sophie Damolida qui estime également que “la dynamique de recrutement reste soutenue à l’échelle de la région avec 440 900 projets de recrutements prévus par les entreprises franciliennes.”

Point positif pour le 93, signale-t-elle, “quand la région anticipe un peu plus de 41% de projets de recrutement difficiles ou dans des métiers en tension, ils ne représentent que de 33% en Seine-Saint-Denis“, selon les résultats de la dernière enquête sur les “Besoins de main d’œuvre” (BMO). De manière surprenante, c’est dans l’art (musique, danse, spectacle) que se concentre le plus grand nombre de projets de recrutement (3 660), suivi des agents d’entretien de locaux (3 020), des agents de sécurité et de surveillance (2 880), des professionnels de l’animation socioculturelle (1 780) et des aides de cuisine et employés polyvalents de la restauration (1380).

Une personne sur quatre encore en emploi à l’issue des JO vient de la Seine-Saint-Denis

Dans un contexte de ralentissement de la croissance économique, la priorité de France Travail est de “pérenniser l’héritage des jeux olympiques et paralympiques” avec deux secteurs en ligne de mire pour favoriser les recrutements.

D’une part, la sécurité, métier, particulièrement en tension, qui a justement été au cœur de l’organisation des JO de Paris 2024. “En Ile-de-France, 25 800 personnes ont été formées et 22 000 recrutées dans la sécurité, dont 5 000 femmes. Il faut noter que 98% des personnes recrutées, notamment dans la sécurité, sont toujours en emploi à fin décembre 2024. Or, une personne sur quatre encore en emploi à l’issue des JO vient de la Seine-Saint-Denis“, souligne la directrice départementale de France Travail.

Au-delà de l’effet JO, ce sont les grands projets qui continuent de nourrir l’emploi, à commencer par les gares du Grand Paris Express, l’hôpital de l’AP-HP Grand Paris Nord ou le siège de la DGSI à Saint-Ouen.

D’autre part, les métiers dits de l’humain pour lesquels les difficultés à recruter restent élevées : 34% pour les personnels de ménage chez des particuliers, 41,6% pour les professionnels de l’animation socioculturelle, 54,7% pour les aides à domicile et auxiliaires de vie, 69,1% pour les infirmiers et les sages-femmes ou encore, plus de 71% pour les éducateurs spécialisés et autres intervenants socio-éducatifs. “Notre ambition est de former 10 000 personnes en 2025 en lien avec le plan d’action national lancée par la ministre du Travail Catherine Vautrin. On s’appuie sur ce que l’on a réussi à faire dans la sécurité. Mais, à l’inverse, il s’agit de faire découvrir aux hommes des emplois qui sont traditionnellement occupés par des femmes, hormis peut-être ceux d’infirmier ou d’aide-soignants, et de lever les croyances limitantes“, observe Sophie Damolida.

On ne va pas attendre de lever les freins pour parler emploi

Pour favoriser le recrutement, l’institution met en avant un changement de philosophie avec l’entrée en vigueur au 1er janvier dernier de la loi plein emploi qui instaure l’inscription de toutes les personnes sans emploi à France Travail (bénéficiaires et demandeurs de RSA ainsi que leur conjoint, jeunes en recherche d’emploi et accompagnés par les missions locales, personnes en situation de handicap accompagnées par Cap emploi). “L’objectif est de démarrer au plus vite l’accompagnement des demandeurs d’emploi. Contrairement à ce qui se faisait avant, on ne va pas attendre de lever les freins pour parler emploi. L’idée est aussi de privilégier des parcours sans coutures. Les personnes ne sont plus obligées de raconter à chaque fois leur parcours de vie, qui peut être parfois douloureux“, remarque Sophie Damolida. Les acteurs du “réseau pour l’emploi” (France Travail, missions Locales, Cap emploi, conseil départemental notamment pour les allocataires du RSA, structures d’insertion par l’activité économique) disposent ainsi depuis janvier d’un référentiel commun pour établir ce diagnostic global.

J’ai le sentiment que l’on a un peu sacrifié le côté accompagnement des entreprises

Côté relations avec les entreprises, Sophie Damolida préfère le terme de “retour aux sources” depuis la transformation de Pole Emploi en France Travail. “Nous souffrons d’une méconnaissance de ce que l’on peut apporter aux employeurs. J’ai le sentiment que l’on a un peu sacrifié le côté accompagnement des entreprises. Trop longtemps, on a dit que Pôle emploi était la maison des demandeurs d’emploi. Depuis le lancement de “France Travail Pro”, notre marque employeur en octobre dernier, nous nous positionnons comme le partenaire RH des entreprises. Ce n’est pas qu’un slogan. Nous identifions leurs besoins, mais nous allons même jusqu’à susciter des besoins de recrutement et à favoriser le maintien dans l’emploi“, explique-t-elle.

Principales cibles de France Travail, les TPE et les PME. “Beaucoup d’employeurs se plaignent d’avoir du mal à recruter, mais quand je leur demande ce qu’ils cherchent, leurs attentes ne sont pas très claires. En fait, ils recherchent une personne qui coche toutes les cases. Ce qui est difficile à trouver, voire impossible“, pointe Sophie Damolida. L’institution les incite, en retour, à prendre en immersion un candidat qui cocherait trois ou quatre cases sur cinq. “C’est un des leviers du “recruter autrement“, qui consiste à sortir des méthodes traditionnelles de recrutement comme l’entretien, le cv…“, développe-t-elle. “Nous passons aussi par la simulation, sans CV, en privilégiant les habiletés. Si trois enseignes, par exemple dans la distribution, cherchent à recruter plusieurs postes d’employés libre-service ou de magasiniers, nous pouvons aussi mutualiser les moyens pour organiser des cessions de recrutement communes. Ça plait aux entreprises et ça donne 80% de retour à l’emploi.”

Pour France Travail, l’objectif est ainsi de “gagner de potentiels nouveaux clients“. “Aujourd’hui, 17% des entreprises recrutent via France Travail. Il faudrait dans l’idéal que l’on soit à 100%. Mais si l’on gagne 5 à 10 points, ce sera déjà bien“, indique la cadre dirigeante qui connait bien la Seine-Saint-Denis pour y avoir débuté sa carrière comme référente RSA à l’agence de Montreuil. Auprès de ces “nouveaux clients”, les équipes vont “faire de la promotion de profils de demandeur d’emploi que l’on a accompagné et de qui on se porte garants”.

Le travailler ensemble constitue le principal héritage des JO

Dans la pratique, France Travail a mis en place un numéro unique et étendu la plage horaire de sa plateforme d’accompagnement téléphonique des entreprises “tôt le matin, tard le soir et le samedi, de manière à se mettre à disposition de l’ensemble des entreprises qui n’ont pas le temps de s’occuper de leur recrutement entre 9h et 17h“, précise Sophie Damolida. Des “task force entreprise” doivent aussi couvrir le territoire de chacune des quatre intercommunalités du département (Plaine Commune, Est Ensemble, Paris Terre d’Envol et Grand Paris Grand Est). Elles regroupent des conseillers du premier cercle des acteurs du réseau pour l’emploi. Leur rôle est de prospecter les entreprises, de mettre en commun toutes les informations recueillies et de diffuser les offres d’emploi.

“Au-delà des opportunités d’emplois et des équipements, “le travailler ensemble” constitue le principal héritage des JO. C’était le cas avant, mais chacun de son côté. Là, c’est de manière coordonnée“, constate Sophie Damolida. À Plaine Commune*, qui se distingue pour avoir organisé des assises pour l’emploi dès mars 2024, l’hôtellerie-restauration est le premier secteur couvert par la task force entreprise. “188 entreprises non clientes ont été démarchées. 56 offres d’emplois ont émergé de cette prospection, que l’on n’aurait pas identifiées si on ne s’y était pas mis tous ensemble. Au final, ce sont 45 recrutements résultant de cette action qui ont bénéficié au département“, détaille la directrice de France travail 93.

*Plaine Commune regroupe huit villes : Aubervilliers, Epinay-sur-Seine, L’Ile-Saint-Denis, La Courneuve, Saint-Denis, Saint-Ouen, Stains et Villetaneuse.

Les rendez-vous à venir

  • 17 mai : Festival à dimension national centré sur l’inclusion, l’emploi et l’égalité des chances, Uniques 2025 se tient au parc Floral à Vincennes (Val-de-Marne) avec 20 000 participants et 300 associations attendus.
  • 21 mai : Fête des métiers de l’alternance à Montreuil en partenariat avec le MEDEF
  • 26 juin : Place de l’emploi à Aubervilliers pour découvrir des formations, des métiers autour de stands d’entreprises qui recrutent et de table-rondes.
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