Culture | Seine-Saint-Denis | 19/11
Réagir Par

Seine-Saint-Denis : les friches industrielles poursuivent leur mue en tiers-lieux artistiques

Seine-Saint-Denis : les friches industrielles poursuivent leur mue en tiers-lieux artistiques © CH

Moulins, poudreries, abattoirs… Le patrimoine industriel délaissé de la Seine-Saint-Denis est de plus en plus prisé des ateliers et galeries d’art.

Le bâtiment fait face à une large avenue bordée de parkings, d’entrepôts et de commerces de gros. La seule touche de verdure aux alentours vient du cimetière de Pantin. Pourtant, c’est bien ici, dans une ancienne chaudronnerie, que le galeriste autrichien Thaddaeus Ropac a installé une antenne il y a dix ans.

Une trentaine d’Allemands entrent dans l’espace principal : une immense salle aux murs blancs imposants, où sont exposées les œuvres du peintre chinois Yan Pei-Ming. “C’est un endroit où j’amène beaucoup de touristes”, confie leur guide, Natasha Marest.

“Eux ne se posent pas la question d’où est le périphérique. C’est une question de Parisiens. Les touristes étrangers vont à l’adresse qu’on leur donne, ils viennent pour nous, pour voir un artiste exposé chez nous”, explique Quentin Carvalho, le directeur de la galerie, rappelant sa proximité avec les aéroports de Roissy et du Bourget mais aussi du RER.

Car l’accessibilité reste la clé du succès pour ces friches réhabilitées. A seulement une dizaine de minutes en vélo de la porte des Lilas, la Fondation Fiminco à Romainville l’a bien compris. Avec son millier de places de parking et une station de métro à proximité, le quartier culturel FAST, de bientôt 50 000 m2, permet d’accueillir un vaste public malgré sa localisation – entre un supermarché et des immeubles d’habitation.

Aujourd’hui l’endroit abrite des galeries, des artistes en résidence, les studios de danse de la Compagnie Blanca Li, une salle de spectacle qui ouvrira en décembre, avant d’accueillir le Conservatoire national supérieur d’art dramatique (CNSAD) en 2026.

Le chemin a été long. “Là vous voyez, c’est l’ancienne cheminée. C’était un site pharmaceutique où l’on fabriquait de la pénicilline”, explique sur place l’homme d’affaires Gérard Azincourt, à l’origine de la Fondation Fiminco. Le site, abandonné, a été racheté par le promoteur en 2017. “Au début, on en a eu énormément de réticences du milieu artistique parisien”, se souvient Gérard Azincourt.

Les mêmes a priori ont accompagné le projet de Thaddaeus Ropac. “C’était un vrai pari et beaucoup de personnes ont essayé de le dissuader”, selon Quentin Carvalho, “pour des raisons diverses comme la distance, la possible insécurité“. “A Paris, ce n’était pas du tout dans les mentalités de s’éloigner du centre”, poursuit le directeur de la galerie de Pantin. Dix ans plus tard, le succès est au rendez-vous. En plus des touristes étrangers, des Parisiens, des Pantinois, des scolaires et même des résidents de maisons de retraite passent gratuitement la porte de la galerie.

“Le périphérique, c’est une frontière physique, mais c’est aussi une frontière mentale

A Saint-Denis encore, la friche artistique du 6b s’est installée depuis 2008 dans un ancien immeuble de bureaux. Là aussi, les habitants sont les bienvenus, invite Anna Karsenti, l’administratrice de ce centre de création et espace d’exposition. “On fait partie de ces lieux intermédiaires qui donnent accès gratuitement à nos programmations.” Le jardin propose des ateliers de permaculture, ainsi qu’une boulangerie. “On ouvre la porte à la culture grâce à ces espaces”, motive Anna Karsenti.

A Romainville, la Fondation a “un accord tacite” avec les artistes pour autoriser le public à déambuler sur le site. Depuis la rentrée, des plages horaires permettent d’y assister gratuitement aux répétitions de la comédie musicale “La Cage aux folles”, jouée à partir de décembre au Théâtre du Châtelet à Paris. En face du studio de danse de Blanca Li, du linge sèche sur un balcon, et le week-end des enfants font du vélo dans les allées. “On ne veut pas juste être un hub artistique qui n’aurait pas de connexion avec la vie autour”, insiste Katharina Scriba, la directrice de la fondation.

“Le périphérique, c’est une frontière physique, mais c’est aussi une frontière mentale. Il faut du temps pour que ça change, mais on est sur le bon chemin“, résume avec le sourire la directrice de ce qui ambitionne de devenir le plus grand quartier culturel d’Europe.

Lire aussi :

Lire tous nos articles sur les expositions en Ile-de-France

A lire aussi sur les expositions en Ile-de-France

Nouvel appel aux dons pour soutenir le Musée de la Résistance à Champigny-sur-Marne
Seine-Saint-Denis : de nombreuses initiatives contre les violences envers les femmes
Lutte contre les violences faites aux femmes : les initiatives en Val-de-Marne
Weekend en Seine-Saint-Denis : festivals de films, salon du livre, théâtre, concerts, expos
Lire tous nos articles sur les expositions en Ile-de-France
Abonnez-vous pour pouvoir télécharger l'article au format PDF. Déjà abonné ? Cliquez ici.
Aucun commentaire

    N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.

    Ajouter une photo
    Ajouter une photo

    Laisser un commentaire

    Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

    Vous chargez l'article suivant