Ateliers cuisine, initiation au maraichage, colloque, concerts… Pour fêter le printemps, les sept villes de Plaine Commune déroulent du 20 mars au 3 avril un tapis rouge aux producteurs, restaurateurs et autres associations qui forment les maillons d’une chaine de l’alimentation durable, bio et locale. Un festival qui s’inscrit dans le projet alimentaire territorial (PAT) de l’intercommunalité. Contexte et programme.
Avec plus de 100 animations, il y en aura pour tous les goûts durant le premier festival de l’alimentation de Plaine Commune qui s’ouvre ce jeudi. Il sera, par exemple, possible de s’initier au maraichage biologique à Stains, d’apprendre à faire des energy balls à l’Ile-Saint-Denis ou à cuisiner des légumes sans cuisson à Aubervilliers, de découvrir la cuisine centrale de Saint-Denis, ou tout simplement de déguster.
“Il y a une forte dimension collective avec de nombreux ateliers de cuisine“
“L’objectif de ce premier festival de l’alimentation est de valoriser tous les savoir-faire qui tournent autour de l’alimentation, mais aussi de montrer à l’ensemble de nos habitants comment nos aliments arrivent dans nos assiettes“, explique Laurent Monnet, conseiller en charge du projet alimentaire territorial (PAT) de Plaine Commune. “Il y a une forte dimension collective avec de nombreux ateliers de cuisine qui proposent d’imaginer des recettes, d’apprendre à connaître les bonnes filières pour s’approvisionner ensemble de manière durable et locale, de rencontrer des traiteurs locaux ou de partager un repas et-ou de repartir avec sa propre production à des prix qui sont vraiment attractifs parce qu’on a acheté et fait ensemble“, complète-t-il.
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A noter notamment, un job dating ce jeudi 27 mars de 14h à 16h30.
Signe d’un certain engouement, “les gens se sont précipités sur le don d’arbres ou d’arbustes fruitiers que l’on va distribuer le samedi 29 au parc du glacis à Saint-Denis. On en avait prévu 400 et on a dû clore les inscriptions. Mais finalement, il y a en plus de 650“, se félicite Laurent Monnet, qui est aussi adjoint au maire (PS) de Saint-Denis en charge de la transformation écologique.
“Souvent, on pense que le bio est plus cher, mais il y a des acteurs encore trop peu connus qui proposent des prix abordables“
En mobilisant le réseau des 21 médiathèques de Plaine Commune, tout l’enjeu de ce festival est aussi de faire connaitre les acteurs de l’alimentation durable au grand public. “Souvent, on pense que le bio est plus cher, mais il y a des acteurs encore trop peu connus qui proposent des prix abordables grâce à leur modèle économique“, pointe l’élu qui cite en exemple la création, fin 2023, d’une association VRAC (Vers un réseau d’achat en commun) Plaine Commune, qui permet, via trois groupements d’achat (à Aubervilliers, Saint-Denis et Stains) l’accès à denrées bio à prix coûtant, grâce à un approvisionnement en circuit-court, à la limitation des emballages et à l’absence de loyer.
“On s’est rendu compte de la fragilité de tous ces systèmes“
Ce festival de l’alimentation s’inscrit dans le prolongement du plan alimentaire territorial (PAT) adopté par Plaine Commune en janvier 2024, à la suite de celui du département de la Seine-Saint-Denis. “Cette préoccupation sur l’alimentation est apparue durant la période du confinement, il y a cinq ans pile. Les politiques se sont rendus compte que cette question avait été délaissée au prétexte que l’on pensait que tout nous arrivait dans les assiettes tout cuit et que la grande distribution assurait pleinement la capacité à alimenter les citoyens. On a fait le constat de la fragilité de tous ces systèmes“, explique Laurent Monnet. Localement, la réappropriation de la question du “bien manger” s’est d’ailleurs traduite par le retour de délégations spécifiques comme celle qu’il assume.
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Dans la pratique, le PAT de Plaine Commune fixe un cadre opérationnel à l’horizon 2028. “L’idée maîtresse s’est de savoir comment on fait en sorte d’assurer à l’ensemble de nos habitants la capacité à s’alimenter en tout temps, y compris en période de crise. Les conséquences de celle du covid, puis de celle de l’énergie avec ses conséquences en terme d’inflation, mais aussi de l’urgence climatique ont imposé la nécessité pour les élus de construire une résilience du territoire sur cet enjeu“, signale Laurent Monnet.
Toute la difficulté reste leur dépendance au flux extérieur. “Nous vivons dans des territoires très urbanisés. Il y a donc des limites à produire localement les ressources nécessaires à la population et ce n’est pas notre objet“, poursuit l’élu. De fait, selon le diagnostic dressé dans le PAT de Plaine Commune, les espaces de production du territoire représentent 75 hectares, soit 1,5% de la surface totale du territoire (hors jardins domestiques de particuliers). Pour nourrir les habitants de Plaine Commune, il faudrait 35 fois la surface totale du territoire avec le régime alimentaire actuel et le pourcentage de bio actuel (14% des fruits et légumes). Une proportion qui tomberait toutefois à 12 fois sa surface avec un régime alimentaire végétarien, le pourcentage de bio actuel et un effort de réduction du gaspillage de 25%. En 2020, Plaine Commune estimait ainsi ses gisements de gaspillage à 582 tonnes pour les écoles maternelles et élémentaires, 4 122 tonnes pour les commerces de détails, la restauration commerciale et les grandes et moyennes surfaces, 93 tonnes pour les marchés alimentaires et près de 20 000 tonnes pour les habitants (environ 40 kg/an/habitant).
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De nombreux projets locaux
De nombreux projets montrent néanmoins la voie. “Plaine commune est un territoire historiquement attaché à la question alimentaire, avec de nombreux maraîchers, ce qui a permis de préserver quelques terres. Il y a aujourd’hui des fermes qui peuvent le montrer avec des vertus pédagogiques. Notre but est créer un réseau avec l’ensemble des maillons de la chaîne du système alimentaire, les producteurs bien sûr, mais aussi la logistique, la transformation, la restauration y compris collective, la lutte contre le gaspillage, la valorisation des déchets alimentaires à travers le compostage et le retour à la terre.” Le PAT peut ainsi s’appuyer sur un tissu de 285 projets d’agricultures urbaines.
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