Entreprendre | | 13/01
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Sur les bords de Marne à Saint-Maur-des-Fossés, Cermap fabrique les sorbonnes de protection de prestigieux laboratoires

Sur les bords de Marne à Saint-Maur-des-Fossés, Cermap fabrique les sorbonnes de protection de prestigieux laboratoires © CD

Après trente ans dans de grands groupes, Christophe Chauffrut s’est lancé un nouveau défi : racheter une petite entreprise industrielle pour lui donner un second souffle après le départ de son fondateur. Son dévolu s’est jeté sur Cermap, une fabrique d’équipements de laboratoire, à Saint-Maur-des-Fossés. Une pépite du fabriqué local paisiblement installée face à la Marne.

“Je viens d’un grand groupe industriel automobile avec près de 100 000 personnes dans le monde. Un grand groupe, c’est très bien, mais au bout d’un moment, on se fatigue. J’ai eu envie de faire autre chose et j’ai profité d’un plan social pour partir avec les moyens de lancer quelque-chose”, expose Christophe Chauffrut, 59 ans.

“Je n’avais pas envie de créer une entreprise, mais d’en reprendre une pour l’amener plus loin”

Une étape de la vie professionnelle où l’on peut être tenté par le conseil. Pas Christophe Chauffrut. “Je viens d’un monde d’informatique et de processus, des choses très intangibles. Là, je voulais du concret, des produits qu’on puisse toucher, avec une histoire, une âme. Je n’avais pas non plus envie de créer une entreprise. Je souhaitais reprendre une entreprise pour l’amener plus loin”, motive-t-il.

Pour trouver sa cible, le futur entrepreneur se tourne vers l’association CRA (Agir pour le repreneuriat) qui fédère des repreneurs et dirigeants. “Ils m’ont aidé, tant sur le plan de la formation à la reprise et à la gestion que pour trouver l’entreprise”, se souvient le dirigeant. Comme les autres repreneurs, Christophe Chauffrut insiste sur la nécessité de “prendre le temps de trouver la bonne entreprise, au bon prix”. C’est finalement dans la bibliothèque d’annonces de l’association CRA que Christophe Chauffrut découvre Cermap, dont le profil colle avec les attentes d’une PMI qui produit du concret. “Cermap, c’est quarante ans d’histoire, une excellente image, des équipements solides et un savoir-faire à perpétuer. C’était parfait. Et puis, le courant est immédiatement passé avec le cédant, le créateur.”

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Créée en 1983 par Patrice Delesport, Cermap fabrique des équipements de laboratoire. “Nous sommes, à la base, des chaudronniers plastiques. Nous transformons le plastique acheté en plaques pour fabriquer des cuves, des hottes et autres équipements, souvent sur-mesure”, détaille le nouveau patron. “Nous nous sommes spécialisés dans les équipements de laboratoire, car le plastique résiste très bien aux produits chimiques. Aujourd’hui, nous fabriquons des hottes, des sorbonnes, nous installons des bras, des paillasses, tout ce qui compose un laboratoire. L’objectif est de protéger l’opérateur pour qu’il ne respire pas les produits nocifs. Nous gérons toute la chaîne, depuis l’équipement en laboratoire jusqu’à l’évacuation de l’air vicié, en installant des gaines d’extraction, des ventilateurs, etc. Nous protégeons aussi l’environnement en filtrant  l’air extrait pour qu’il soit le plus pur possible en sortie.” La matière première plastique, elle, vient essentiellement d’Allemagne ou d’Italie.  

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Exemple de sorbonne, une enceinte ventilée utilisée dans les laboratoires, fabriquée par Cermap.

Un défi sur dix ans

Quarante ans après sa création, la PMi change donc de mains, en février 2023. Pour Christophe Chauffrut, qui a grandi à Champigny-sur-Marne et rejoint le lycée Marcelin Berthelot avant ses études d’ingénieur, c’est aussi un retour aux sources, après avoir fait l’essentiel de sa carrière à Lyon. Car Cermap est située sur les quais de la Marne, à Saint-Maur-des-Fossés.

“C’était une belle endormie. Il y avait donc une opportunité de réveil très bonne, à condition de ne pas brusquer les choses, ni pour les clients, ni pour les équipes en interne. Cela ne peut être que du petit pas”, prévient Christophe Chauffrut, qui s’est donné dix ans pour développer l’entreprise, avant de passer le relais, à son tour.

Sur le plan commercial, la société, qui travaille avec son propre service en interne, souhaite développer de nouveaux services pour aller encore plus loin dans la chaine de valeur, autour de l’entretien notamment, comme la gestion des filtres. Les débouchés sont variés. “Nous intervenons dans tous les secteurs où la protection des opérateurs est nécessaire, comme la chimie, les laboratoires, les écoles, les usines, mais aussi le luxe, ou encore les musées qui utilisent des solvants pour la conservation”, illustre Christophe Chauffrut. Une clientèle diversifiée, exclusivement BtoB. 

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“Le profil de chaudronnier plastique est rare”, il faut former

Concernant la partie production, le principal défi reste celui des ressources humaines. “Le profil de chaudronnier plastique est rare, il y a peu de formations en France pour ce métier”, confie le dirigeant qui emploie 8 personnes dont 5 en production. “Pour pallier ce manque, nous embauchons et formons, d’autant que le plastique est un matériau agréable à travailler. L’un de nos collaborateurs est un chaudronnier métal que nous avons formé au plastique. Un autre était menuisier. On forme en interne des gens qui ont déjà des bases.“

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Management participatif

Pour fidéliser son équipe, défi crucial pour les petites entreprises industrielles, le nouveau patron a misé sur le management participatif. “Je suis convaincu que pour bien travailler, il faut être reconnu et pouvoir s’exprimer. Nous avons donc un mode de management participatif. On prend les décisions de façon consensuelle, et chacun est responsable de son environnement de travail, insiste-t-il. Par ailleurs, le travail est très varié, avec des clients diversifiés. Un jour, vous allez fabriquer une sorbonne, un autre jour, il s’agit d’installer une hotte. Ce n’est pas de la production en série, mais du sur-mesure, proche des clients, ce qui est plus attachant. De plus, construire des équipements qui œuvrent à la sécurité des gens donne un côté vertueux à notre activité.”

Christophe Chauffrut, dirigeant de Cermap

Parmi les leviers d’optimisation, le nouveau dirigeant mise aussi sur la digitalisation. “Lorsque j’ai repris, l’entreprise fonctionnait encore beaucoup avec du papier. Nous essayons de tendre vers le zéro papier en s’appuyant sur des outils collaboratifs. Nous avons aussi commencé à lancer des automatisations, acheté une machine à commande numérique, commencé la refonte du site web… détaille Christophe Chauffrut. Mais, cela ne se fait pas en un claquement de doigts, il faut accoutumer les gens à une autre manière de penser, de réfléchir. C’est justement cela le management participatif. C’est un travail d’évolution et non pas de révolution.”

Prochaine étape : le lancement d’une stratégie RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) pour améliorer les pratiques, notamment sur le plan du tri des déchets et la réduction des consommations. Parmi les gros chantiers sur le plan environnemental : l’isolation des locaux reste aussi à entreprendre.

Cermap en bref
Date de création : 1983
Reprise  : 2023
Effectif : 8 personnes dont 5 en production
Chiffre d’affaires : 1 million d’euros par an
Localisation : Saint-Maur-des-Fossés

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