C’est le procès d’un homicide à plusieurs mains, sur fond de guerre des clans du trafic de stupéfiants : sept hommes sont jugés à partir de mardi à Bobigny pour la mort d’un homme en 2021 à Saint-Ouen, à coups de couteau et de batte enrobée de fil barbelé.
La cour d’assises de Seine-Saint-Denis aura trois semaines pour départager les responsabilités dans cette expédition punitive ayant mené à la mort d’un homme de 26 ans, visiblement destinée à marquer les esprits.
Selon le dossier d’accusation, Kevin G. a été tué en moins de trois minutes, le soir du 3 janvier 2021, par un groupe y mettant un acharnement particulier, jusqu’à causer plus d’une trentaine de plaies. Les participants ont été filmés par la vidéosurveillance : un revenait sur ses pas pour asséner de nouveaux coups de couteau, un autre de nouveaux coups de pied dans la tête.
La cité Cordon où le meurtre a eu lieu, à 500 mètres de l’Hôtel de ville de Saint-Ouen, était connue comme un haut lieu du trafic de drogue aux portes de Paris.
Durant l’enquête, des policiers ont évoqué les rivalités entre deux clans, sur fond de rénovation urbaine ayant désorganisé les points de deal, qui aurait abouti à une expédition punitive.
Kevin G. – lui-même connu pour des faits de trafic de stupéfiants qui lui avait valu la prison – aurait été impliqué dans une guerre de territoires dont l’enjeu était la gestion d’un point de vente lucratif de la cité Émile-Cordon, ont avancé des enquêteurs. À l’arrivée du groupe d’agresseurs, il avait tenté de s’enfuir.
Ce soir-là, un autre blessé s’est présenté sur place aux policiers. Roué de coups de poing et de pied, il était parvenu à s’échapper. La cour va juger ces faits comme tentative de meurtre en bande organisée.
Deux frères dans le box
Sept hommes – à l’époque âgés de 23 à 35 ans – comparaissent jusqu’au 14 mars. Deux d’entre eux sont des frères ayant grandi à Saint-Ouen, Chakibe A. et Hichem A.
Le plus jeune des deux, alors âgé de 26 ans, avait été interpellé alors qu’il prenait la fuite, monté sur le scooter d’un autre homme. Chakibe A. portait à ce moment-là une batte de baseball ensanglantée et un survêtement blanc maculé du sang de la victime.
Au cours de l’instruction, il a reconnu avoir porté de nombreux coups de batte de baseball et coups de pied, tout en niant avoir eu l’intention de tuer.
Le jour de son interpellation, un autre des accusés, le conducteur du scooter, avait été entendu dire: “c’est pour venger Gacem, c’est pas fini” (il conteste avoir lancé cette phrase). Une évocation du meurtre retentissant en août 2019 de Mohamed Gacem, alias “Cyborg”, suivi ensuite d’une série d’homicides.
Chacun connaissait le contexte: le clan du défunt “Cyborg” avait été en guerre avec celui de El Mehdi Zouhairi, alias “le Gros” ou “Malsain”. Ce dernier, supposé en cavale au Maroc après l’assassinat de son rival, a été condamné depuis à Bobigny, en avril 2023, à dix ans de prison et deux millions d’euros d’amende pour trafic de cannabis et de cocaïne.
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