Vivre en Ile-de-France, pour une petite fille, ne garantit pas d’être épargnée par les mutilations sexuelles, parfois opérées lors d’un retour au pays durant les vacances. 7 000 victimes sont concernées dans la région. La préfecture de région a proposé un plan pour lutter contre ce fléau.
“Nous voulons briser l’omerta” et faire en sorte que “chaque victime ou personne à risque puisse être accompagnée et protégée efficacement”, a déclaré la ministre chargée de l’Égalité femmes-hommes Aurore Bergé lors de la présentation de ce plan à Paris à l’occasion de la journée internationale contre les mutilations génitales.
“Ces mutilations concernent aussi notre pays. Des jeunes filles nées et élevées en France sont envoyées à l’étranger pour de prétendues vacances, et sont confrontées à l’horreur et aux instruments de torture”, a-t-elle ajouté. “On leur impose ces mutilations comme une obligation sous couvert de coutume, d’honneur familial.”
Dans le détail, le plan, qui est porté par la préfecture de Paris et d’Île-de-France, vise à “détecter et prévenir” les risques de mutilations, “permettre aux femmes déjà mutilées de se reconstruire”, former soignants, enseignants, forces de l’ordre, et “sensibiliser l’ensemble de la société”.
L’enjeu est de taille en Ile-de-France où vit une femme sur deux née dans un pays à risque de mutilations sexuelles féminines, selon une étude pilotée par la professeure de socio-démographie Marie Lesclingand.
Un parcours de soins expérimental à l’hôpital de Montreuil
Le plan prévoit notamment une meilleure sensibilisation de tous les acteurs de terrain ainsi que la mise en place d’une expérimentation d’un parcours de soin pluridisciplinaire, pris en charge à 100% par la sécurité sociale, à l’hôpital de Montreuil.
“On a trop de patientes qui arrivent après avoir été orientées n’importe où, n’importe comment”, déplore Sarah Abramowicz, chirurgienne spécialiste des mutilations sexuelles féminines.
Sur le plan des signalements, beaucoup reste encore à faire, estime également Marc Cimamonti, procureur général de la cour d’appel de Versailles. Le signalement est “le premier acte qui compte dans une procédure”, or “la dimension statistique et le nombre de signalements que nous avons aujourd’hui sont extrêmement réduits.”
125 000 femmes excisées en France
À Paris, une centaine de signalements ont été faits sur un an et “en Seine-Saint-Denis, nous n’en avons qu’une douzaine” sur la même période, abonde Laure Vermeersch, avocate générale du département des mineurs et de la famille de la cour d’appel de Paris.
Selon le ministère de l’Égalité entre les femmes et les hommes, le nombre de femmes excisées en France est estimé à 125 000.
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