Une centaine de personnes se sont rassemblées mercredi devant la préfecture de Bobigny pour réclamer la “régularisation des élèves sans papiers” et dénoncer “l’impasse dans laquelle les pouvoirs publics jettent (les) élèves”.
La manifestation était constituée en majorité de personnels de l’Education nationale, ainsi que de quelques élèves, venant d’une douzaine de lycées de Seine-Saint-Denis, département qui compte la plus forte proportion d’étrangers.
“Je n’ai pas toute ma liberté. Je ne peux pas travailler pendant les grandes vacances, passer mon permis ou voyager”, témoigne auprès de l’AFP, sous un faux prénom, Deiraf, élève de terminale au lycée Paul Eluard, à Saint-Denis.
Arrivé en France avec ses parents en mai 2023, cet élève algérien, qui prépare un bac sciences et technologies de l’industrie et du développement durable (STI2D), a “encore plus peur de sortir dehors le soir” depuis qu’il a eu 18 ans au printemps dernier.
“60% de nos élèves sont susceptibles de recevoir du jour au lendemain une OQTF (obligation de quitter le territoire français, NDLR) et d’être raccompagnés à la frontière”, dénonce auprès de l’AFP Didier Pénet, professeur de lettres et d’histoire-géographie au lycée professionnel de l’ENNA, à Saint-Denis.
Selon lui, environ 25% du personnel de l’établissement étaient en grève ce mercredi.
“Les OQTF tombent depuis la circulaire Retailleau du mois de janvier” et celles-ci sont “justifiées n’importe comment”, s’insurge pour sa part Clotilde Maillard, du Réseau éducation sans frontières.
A titre d’exemple, elle cite le cas d’un jeune ayant obtenu un CAP Boulangerie et reçu une obligation de quitter le territoire fin août alors que “son patron veut le garder” après l’avoir fait travailler comme alternant.
“L’administration française est en train de briser des vies et de créer des fous furieux”, s’inquiète Abdoulaye Seck, Sénégalais, qui enseigne l’anglais comme contractuel depuis 2011, et peine depuis des années à faire venir sa femme et l’un de ses fils en France, où il vit depuis 25 ans.
Dans une lettre envoyée à la préfecture de Bobigny et au rectorat de Créteil il y a plusieurs semaines, le personnel d’une douzaine d’établissements demande à être reçu afin de permettre “l’élaboration d’une solution pérenne pour mettre fin à cette situation qui affecte durement l’ensemble de la communauté éducative”.
A ce stade, ni l’académie de Créteil ni la préfecture de Bobigny n’ont fait de commentaires.

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