Pour les Associations pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD) de Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne qui comptent ensemble plusieurs milliers d’adhérents, les deux lois votées ce mardi 27 mai à l’Assemblée nationale, pour accéder d’une part aux soins palliatifs, d’autre part à l’aide à mourir, sous conditions, étaient extrêmement attendues, alors qu’elles sont régulièrement confrontées à des situations de détresse. Echanges avec Stéphane Aujé et Jérémy Budzynowski, délégués généraux des ADMD 93 et 94.
Pour Stéphane Aujé, délégué général de l’ADMD 93, le texte n’est certes “pas parfait”, mais constitue une sérieuse avancée. “Le texte belge, qui a plus de vingt ans, a connu progressivement des améliorations”, rappelle-t-il. “Quand le temps viendra, on discutera de cas particuliers, comme les directives anticipées (ndlr : la loi qui vient d’être votée exige que la personne exprime sa demande et ne peut donc s’appliquer si la personne est en incapacité de le faire, même si elle en a fait la demande dans ses directives anticipées) ou l’exception d’euthanasie, c’est à la personne de faire le geste sauf si elle ne peut pas, au lieu d’avoir le choix”, développe le délégué du 93. Parmi le millier d’adhérents que compte l’association en Seine-Saint-Denis, beaucoup sont motivés par le “plus jamais çà” qu’ils ont expérimenté en voyant souffrir des proches.
Forte attente aussi sur les soins palliatifs
Pour Stéphane Aujé, la proposition de loi sur l’accès aux soins palliatifs, était aussi capitale. “On se bat aussi pour un accès universel aux soins palliatifs. En Seine Saint Denis, on a 1,5 millions d’habitants et seulement une vingtaine de lits en unité de soins palliatifs, hors unités mobiles. Le 1er texte sur les soins palliatifs devrait débloquer des moyens”, espère le militant associatif.
“Les histoires personnelles permettent de détabouiser”
Sur le terrain, les associations ont milité en écrivant aux députés, en participant aux débats, en faisant témoigner, en tractant parfois auprès des habitants. “Les histoires personnelles permettent de détabouiser”, explique Jérémy Budzynowski, délégué général de l’ADMD 94, qui compte plus de 1 800 adhérents. “Il y a deux ans, par exemple, nous avons organisé une réunion à Fontenay-sous-Bois, avec Katherine Icardi-Lazareff, une adhérente qui était atteinte de la maladie de Charcot et est décédée en janvier 2024. Dès le début, elle a voulu témoigner”, se souvient le délégué du 94. “Nous avons même participé à des débats organisés par des associations qui militent contre, comme les Associations familiales catholiques (AFC)”, témoigne-t-il.
“sortir de la clandestinité”
“Cette loi n’oblige personne. Il est toute à fait respectable d’être prêt à souffrir jusqu’au bout, on souhaite simplement avoir le choix. Cette loi va nous permettre de sortir de la clandestinité”, insiste aussi Jérémy Budzynowski.
En attendant, les ADMD accompagnent les personnes en demande comme elles peuvent, les aidant à monter leur dossier pour aller en Suisse notamment. “Ce n’est pas notre coeur de métier mais on propose une aide administrative”, indique Stéphane Aujé.
Actualisé à 16h30 (précisions date, sigle et formulation)
Lire aussi :
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.