Festival biennal de photographies, le Vif (Vincennes images festival) fête déjà ses dix ans, lancé pour la première fois en 2015. En tête d’affiche cette année : Sebastião Salgado, mis à l’honneur au château de Vincennes, mais aussi la reporter Véronique de Viguerie (photo de une). Au total, ce sont 50 expositions gratuites et en plein air qui sont à découvrir jusqu’au 16 juin. Le temps fort se tient ce week-end du 23-25 mai, avec conférences, ateliers et rallye découverte.
Des photographes reconnus dans le monde entier aux jeunes talents, Vincennes Images Festival tient sa promesse.
Salgado sublimé au château de Vincennes
Invité d’honneur, le franco-brésilien Sebastião Salgado, qui témoigne depuis cinquante de l’humanité, son quotidien et ses souffrances, un peu partout dans le monde, mais aussi des paysages et de la nature, toujours en noir et blanc, est ici mis en valeur dans le décor exceptionnel du château de Vincennes pour son expo “L’humanité mise en lumière.”
Lire : Expo photo : les puissants clichés de Sebastião Salgado dans la cour du château de Vincennes
Révéler le rose dans le noir et blanc : le défi de Véronique de Viguerie, photographe de guerre
Autre tête d’affiche, la photoreporter et présidente du jury de cette édition, Véronique de Viguerie. Connue pour son immersion chez les talibans d’Afghanistan, la photographe s’emploie dans son exposition “La Vie en Rose” (place Pierre Semard) à révéler le rose dans le noir et blanc, pour montrer beauté et douceur dans une binarité apparente. “Pourquoi ne prends-tu des photos que de la vie laide ? “. La vérité, c’est que même dans les zones de conflit, je suis témoin de moments de grâce, vibrants de vie et d’humanité. Jusqu’à ce que ma fille de 7 ans me pose cette question, je n’avais tout simplement pas pris le temps de les regarder. Les images sont là, mais ce ne sont pas celles que les journaux publient. Trop décalées, trop légères, elles défigurent le cliché de la guerre. Depuis, je m’efforce de déconstruire la vision binaire d’un monde en noir et blanc, d’en révéler les nuances, les couleurs, la complexité. (…) Il est donc temps de porter nos lunettes roses”, témoigne-t-elle sur son blog. Afghanistan, Ukraine, Yémen, Kurdistan, Iraq … autant de zones en conflit que Véronique de Viguerie a parcouru appareil photo à la main et dont elle cherche à faire émerger une respiration faite d’espoir au côté du chaos.
Les derniers restos routiers sous l’œil de Guillaume Blot
Cours Marigny, la série “Restos Routiers” de Guillaume Blot. Attaché aux comptoirs populaires, le photographe, qui avait déjà collectionné 220 bistrots dans sa série “Rades“, rend cette fois compte de son tour de France initié en 2018, passant par plus 120 routiers. Un instantané sur des lieux en voie de disparition, alors que les routiers sont passés de 4 500 dans les années 1970 à 700 aujourd’hui.
Le baroque imagine de Le Turk
Rue Eugène Renaud, Le Turk (Sébastien Salamand) a construit son univers autour de la porosité entre réel et magique. Inspirées par la pop culture des années 1980 et de la peinture (post)romantique, ses photos sont à l’intersection du cinéma et de la peinture. L’artiste construit intégralement ses décors lui-même, en bois.
Plongée dans le quartier de La Noue à Montreuil, avec Leslie Courbon
Place Berault, Leslie Courbon propose un regard sur les quartiers populaires où elle a grandi, dans l’esprit des cartes postales de vacances de son enfance. L’expo “Bons baisers de la Noue” s’attache ainsi au quartier situé à la frontière de Montreuil et Bagnolet, en Seine-Saint-Denis.
A découvrir encore : le présentateur télévisuel Nikos Aliagas avec sa série “processions” (château de Vincennes), le danseur et photographe Mathieu Forget, aux clichés applaudis lors des Jeux olympiques de Paris où il mêlait sport olympique, lévitation des corps et photo, avec “The Levitation Project” (esplanade de la Mairie de Vincennes), les archives de France Soir, l’ancien journal créé par Pierre Lazareff à la libération, une plongée dans le bleu des glaciers par Julia Roger-Veyer, rue du Midi. Aurelien Voldoire, lauréat du concours Vif 2022, se tient rue Eugène Renaud, pour présenter son travail d’auteur. A voir aussi : Yann Orhan , Jean-Jacques Farré, Gérard Krawczyk, Pauline Planchon, Romain Rossard, Sébastien Decker… Du côté du lycée Berlioz, les élèves présenteront leur propres œuvres dans “Regards d’élèves”.
Conférences et Animations
Si les expositions restent accrochées jusqu’au 16 juin, le temps fort du Vif se tient ce week-end. Au programme : une conférence de Véronique de Viguerie et Jean-Jacques Farré, directeur artistique et rédacteur en chef de la revue photographique LIKE autour de “La Vie en Rose, des clichés pour casser le noir et blanc”, une conférence sur l’IA générative et sa confrontation à la photographie traditionnelle (animé par Le Turk), ou encore la traduction d’une intention musicale en image par Yann Orhan, photographe ayant travaillé avec Renaud, Ayo ou encore Calogero, et Yodelice auteur-compositeur et interprète. Toutes en accès libre. La conférence introductive avec Sebastião Salgado prévue le mercredi 21 mai a en revanche été annulée pour raisons de santé.
Des expériences immersives (photos vintages, street box…) et participatives comme Rallye Photo ou la relecture des portfolios par des professionnels de l’image sont également au programme.
Comme à chaque édition, le “Grand concours” récompensera des photographes émergents. Près de 200 candidats ont soumis dix photos autour du thème “Harmonie du Chaos”. Ils et elles seront jugés par un jury d’exception présidé par Véronique de Viguerie.
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