Villetaneuse était l’une des dernières villes de Seine-Saint-Denis à ne pas voir de police municipale. Le maire (DVG) Dieunor Excellent a inauguré ce jeudi soir une poste flambant neuf. À terme, il compte recruter huit agents avec la possibilité d’être armés.
“Ça a de l’allure. Il n’y a pas beaucoup de problèmes à Villetaneuse, mais c’est rassurant de savoir qu’on a maintenant une police municipale“, se félicite Paulette, 85 ans, qui confie s’être fait voler son vélo électrique il y a deux mois sur le parking d’une grande surface. Comme elle, plusieurs dizaines d’habitants sont venus visiter le nouveau poste de police municipale “de proximité” comme c’est écrit sur le fronton. Un afflux inattendu : “On aurait pu faire payer l’entrée“, plaisante Kamel Drissi, le chef du service, heureux d’expliquer les différentes fonctions du local de 180 mètres carrés : l’accueil et sa vitre pare-balles, les vestiaires, la salle de réunion, le centre de supervision urbaine (CSU), les archives, les postes de rédaction…
“Il faut des gens sur le terrain pour s’occuper de la sécurité“
“On l’a dit, on l’a fait“, martèle Dieunor Excellent, le maire (DVG) de Villetaneuse. “Je défendais déjà le projet de créer une police municipale depuis 2014, lorsque j’étais dans l’opposition. On concrétise aujourd’hui ce projet qui est très important pour les habitants, parce que c’est d’abord un service public de proximité qui a vocation à créer du lien social. Villetaneuse est une ville où il fait bon vivre, où les gens se sentent en sécurité, mais où il y a aussi des problèmes auxquels il faut répondre“, explique l’édile.
Incivilités, stationnement, vols… Abdel, qui habite Villetaneuse depuis quinze ans, énumère les exemples de délits qui parfois compliquent le quotidien. “Pour moi, c’est une bonne chose cette police municipale, parce qu’il faut des gens sur le terrain pour s’occuper de la sécurité. Pas plus tard qu’hier il y a eu un cambriolage dans un pavillon juste à côté“, observe-t-il.
“Beaucoup de gens sont venus voir le poste de police municipale. Ça veut dire qu’il y a de véritables attentes. On ne va pas se leurrer, on est une ville de Seine-Saint-Denis, il y a des problématiques liées aux points de deal. Il y a aussi des gens qui craignent de rentrer chez eux. Bien sûr, la police municipale ne va pas régler le trafic [de drogue], ce n’est pas de son ressort, mais elle pourra aller au contact, créer une présence et, finalement, elle permettra d’apaiser certaines tensions“, espère Yasmina Essom, adjointe au maire en charge de la vie associative et de la réussite éducative.
“Il n’y a aucun tabou. Je suis en faveur d’un armement progressif“
Placée sous la responsabilité directe du maire, la police municipale compte pour l’instant quatre policiers municipaux, en plus de trois ASVP (agent de surveillance de la voie publique), mais ses effectifs ont vocation à s’étoffer dès 2025. La ville souhaite créer deux brigades de quatre agents. Elle sera aussi armée. “Il n’y a aucun tabou. Je suis en faveur d’un armement progressif, en fonction de l’expérience. C’est surtout un enjeu de recrutement. Pour un policier municipal, l’arme est avant tout un outil de dissuasif“, indique Dieunor Excellent. En 25 ans de carrière, Kamel Drissi tente de rassurer en indiquant n’avoir jamais eu à utiliser d’arme. L’édile ambitionne aussi “l’intervention rapide en cas de violences intrafamiliales” et encore la “lutte contre l’habitat indigne et les marchands de sommeil.”
Extension de la vidéosurveillance
Situé dans les locaux d’un ancien cabinet de notaires à deux pas, le poste de police municipale représente un investissement de 1,4 million d’euros, dont près deux tiers financés par la région Île-de-France. La mairie a acquis la coque auprès de Plaine Commune Habitat. Avec une dizaine d’agents, son coût de fonctionnement s’élèvera à environ 600 000 euros par an. En parallèle, la vidéosurveillance a aussi été densifiée, à raison 27 caméras supplémentaires à ce jour. “Il n’y avait que 19 caméras pour toute la ville, ce n’était pas suffisant. Nous allons en mettre 19 de plus en particulier aux abords de nos équipements publics comme nos écoles. Au total, on passera donc de 19 à 65 caméras“, défend l’édile, à 15 mois des prochaines municipales.
Considérant le projet onéreux et dépassant les compétences de la commune, le PCF, qui gérait la municipalité jusqu’en 2020, a pour sa part déploré la création de la police municipale, rappelant que la sécurité est de la compétence de la police nationale.
“J’ai écrit au préfet pour lui faire savoir que l’on aura besoin encore et encore de la police nationale. Nous ne pourrons pas assurer la sécurité 24 heures sur 24“, admet l’édile. Le service de la police municipale fonctionne 7 jour sur 7 de 8h à 20h.
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