Les inestimables bijoux volés du Louvre ont désormais une estimation : le préjudice du spectaculaire cambriolage de dimanche a été évalué à 88 millions d’euros, sans compter bien sûr la valeur historique des joyaux.
“Le préjudice a été accru par la conservatrice du Louvre à 88 millions d’euros”, un somme “extrêmement spectaculaire” mais qui “n’a rien de parallèle et de comparable au préjudice historique”, a déclaré mardi la procureure de Paris, Laure Beccuau, sur RTL. Les malfaiteurs “ne gagneront pas” cette somme “s’ils avaient la très mauvaise idée de fondre ces bijoux”, a-t-elle prévenu.
Premiers indices
La magistrate a indiqué “attendre avec intérêt de savoir si, selon le jargon policier”, les empreintes retrouvées “vont matcher ou pas”: “Elles sont en cours d’analyse”. Elle a aussi confirmé le chiffre de “quatre personnes identifiées comme étant présentes sur les lieux”, tout en ouvrant la porte à ce qu‘”autour d’eux”, il y avait “tout un tas d’équipes” qui les avait “aides à perpétrer ce vol”. Interrogée sur l’existence d’éventuelles complicités internes au sein du musée le plus visité au monde, Laure Beccuau a répondu ne pas pouvoir “répondre par oui ou par non” à ce stade. La procureure a par ailleurs indiqué que le véhicule-nacelle qui a servi à commettre le vol a été obtenu par les malfaiteurs via “une pseudo-location sur un prétendu déménagement”. “Lorsque l’un des employés de cette entreprise se présentait sur les lieux du déménagement, il s’est trouvé confronté à deux hommes menaçants mais qui n’ont utilisé à son rencontre d’aucune violence”, a ajouté la procureure, évoquant un dépôt de plainte.
La présidente-directrice du Louvre entendue au Sénat ce mercredi
Ces précisions interviennent à la veille d’une audition très attendue : la présidente-directrice du Louvre, Laurence des Cars, sera entendue mercredi après-midi par la commission des affaires culturelles du Sénat. Elle devra répondre à la cascade de questions sur la sécurité des œuvres qu’a soulevées ce cambriolage, commenté dans les médias du monde entier. Nommée en 2021 à la tête du prestigieux musée parisien, elle devra rendre des comptes devant les sénateurs sur ce vol qui met en cause la fiabilité de son système de surveillance.
Côté ministère de la Culture, tutelle du Louvre, la ministre Rachida Dati a assuré que “les dispositifs de sécurité du musée n’ont pas été défaillants”, lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale. Elle a annoncé la création d’une mission sur “la sécurité de tous les lieux patrimoniaux”, confiée au député Jérémie Patrier-Leitus (groupe Horizons).
Polémique sur les vitrines
Le Louvre a défendu mardi auprès de l’AFP la qualité des vitrines qui abritaient les joyaux dérobés dimanche dans la galerie d’Apollon. Le musée réagissait à un article du Canard enchaîné qui les disait “apparemment plus fragiles que les anciennes”.
“Le musée du Louvre affirme que les vitrines installées en décembre 2019 représentaient un progrès considérable en termes de sécurité tant le degré d’obsolescence des anciens équipements était avéré et aurait mené, sans remplacement, à retirer les œuvres de la vue du public”, a écrit sa direction dans un message à l’AFP.
Aucun blessé
“Il y a les œuvres certes, mais sans les cinq agents qui se découvrent sur place ou à proximité on aurait pu se retrouver avec un vrai drame humain”, a pour sa part rappelé Gary Guillaud, de la CGT-Culture, auprès de l’AFP, rappelant que personne n’a été blessé au cours du cambriolage.
Baisse des effectifs liés à la sécurité
Le cabinet de Mme Dati a reçu mardi les organisations syndicales (CGT, SUD, CFDT, CFTC, FSU) du musée pour leur annoncer que l’enquête administrative évoquée la veille était confiée à l’inspection générale des affaires culturelles (IGAC), selon les syndicats. Ceux-ci ont à cette occasion déploré la baisse des effectifs consacrés à la sûreté et à la sécurité des musées, en diminution de « 25 % en dix ans », selon Elise Muller de SUD-Culture. Ils dénoncent également “des budgets réorientés vers des projets muséaux au détriment du renouvellement des équipements dédiés à la surveillance des œuvres et du public”, selon elle.

N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.