Commerce | Val-de-Marne | 24/03/2020
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Confinement coronavirus: pas de dérogation pour les marchés en Val-de-Marne

Confinement coronavirus: pas de dérogation pour les marchés en Val-de-Marne © Ville Nogent-sur-Marne

Alors que pas moins d’une vingtaine de villes du Val-de-Marne ont déjà taté le terrain pour obtenir une dérogation afin de conserver leur marché, la préfecture estime à ce stade que des exceptions n’ont pas lieu d’être dans ce département de petite couronne.

C’est ce lundi soir que le Premier ministre, invité au 20 heures de TF1, a annoncé que les marchés ouverts seraient fermés dès ce mardi sauf dérogation. A Nogent-sur-Marne, le maire LR de la ville, Jacques J-P Martin, en a conclu que le grand marché couvert central pouvait donc se tenir normalement, sa grande halle de 4000 m2 permettant de filtrer à l’entrée et à la sortie. Le soir même toutefois, le décret précisant les nouvelles mesures dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire lié à l’épidémie de coronavirus Covid 19 précisait que “la tenue des marchés, couverts ou non et quel qu’en soit l’objet, est interdite”.

A 11 heures ce matin, la police est donc venue fermer la halle. “Ce décret est en contradiction avec les propos du Premier ministre qui m’ont conduit à maintenir l’activité du marché du centre-ville”, estime le maire qui a immédiatement demandé une dérogation.

Le décret prévoit en effet que les préfets puissent accorder une autorisation d’ouverture des marchés alimentaires “qui répondent à un besoin d’approvisionnement de la population si les conditions de leur organisation ainsi que les contrôles mis en place sont propres à garantir le respect des dispositions” en vigueur.

“Le centre-ville, comme le secteur de la place Leclerc, ne possède pas la diversité de commerces d’alimentation, de produits frais… du fait de la configuration commerciale de ces deux quartiers. Nous possédons des boulangers, quelques supérettes… mais pas suffisamment de diversité en matière de commerces alimentaires pour une ville de plus de 30 000 habitants, défend le maire de Nogent. Par ailleurs, le dispositif déjà mis en place dans la gestion des marchés alimentaires de la ville présente aujourd’hui la sécurité nécessaire pour préserver de toute contamination à la fois les usagers et les commerçants.” Concrètement, les consommateurs sont contingentés police municipale à l’appui (voir photo de une), les chalands ne peuvent toucher eux-mêmes les produits… “Nous organisons le filtrage, faisons disposer du film plastique autour des étals, assurons un marquage au sol pour espacer les clients, demandons un nettoyage régulier des terminaux de carte bancaire, faisons respecter la jauge de 100 personnes en même temps, commerçants compris”, détaille-t-on au groupe Géraud, qui opère de nombreux marchés dans la région, dont celui de Nogent, confirmant avoir déjà obtenu une dérogation pour maintenir celui de Rueil-Malmaison dans les Hauts-de-Seine. “C’est plus sécurisé que dans une petite supérette ou un hypermarché”, estime Jacques J-P Martin. Il y a aussi moins de marchands, les poissonniers ayant notamment déserté du fait de la fermeture des ports et de l’arrêt de la pêche.

Autant d’arguments qui ne convainquent pas la préfecture. “Aucune des communes qui ont déposé des demandes de dérogation dans le département ne constituent des déserts commerciaux. Certes, les fruits et légumes ne seront peut-être pas les mêmes qu’au marché mais à Nogent par exemple, les habitants n’auront pas de difficultés pour faire leurs courses”, détaille-t-on au cabinet du préfet. Pas question non plus d’accorder une dérogation ici et pas à côté, qui pourrait entraîner des effets de déport avec de longues files d’attente. A ce stade, la réponse de la préfecture est donc plutôt Niet pour tout le monde.

Les villes espèrent un compromis

De leur côté, les villes espèrent obtenir gain de cause. C’est le cas de Vitry-sur-Seine qui envisage de déposer une dérogation. “Nous sommes dans une ville populaire et les marchés correspondent à la réalité sociale des habitants. Les fermer complètement constituerait un handicap pour la population. Ce serait dommage que tout le monde se retrouve à manger des patates et du riz. Nous avons demandé à notre opérateur de marché de nous faire une proposition qui offre toutes les garanties pour se conformer à l’état d’urgence sanitaire, notamment pour éviter tout croisement entre les clients, et nous espérons pouvoir ainsi déposer une demande de dérogation”, explique-t-on au cabinet de Jean-Claude Kennedy, le maire PCF de la ville.

Même espoir à Villeneuve-le-Roi où le maire LR, Didier Gonzales, explique dans sa lettre au préfet, photos à l’appui, la séparation des flux d’entrée et de sortie entre le parking aérien et le marché, la segmentation des cheminements avec marquage au sol et même la proposition d’un créneau réservé aux plus de 65 ans, jusqu’à 9 heures du matin ainsi que des “mesures exceptionnelles de nettoyage désinfectant.”

Marquage au sol au marché de Villeneuve-le-Roi

“Le marché couvert de Villeneuve-le-Roi est un lieu essentiel pour la vie communale, notamment pour l’approvisionnement des Villeneuvois en produits frais. Il est sans équivalent par son importance et sa variété notamment en centre-ville”, insiste l’élu.

Dans le département, seules quelques communes avaient suspendu d’elles-mêmes ce rendez-vous, avant même la prise de parole du ministre. “Nous n’avions pas la capacité de respecter les distances et de faire respecter les gestes barrière. Nous en avons tiré les conséquences, ce qu’a fait le gouvernement quelques jours après. L’avantage du marché est que c’est un lieu ouvert, vivant et convivial, mais dans cette période, c’est malheureusement un inconvénient”, expose le maire PS d’Alfortville, Michel Gerchinovitz, qui avait suspendu le marché avant le weekend, rappelant que la ville de Paris a aussi fermé le rideau. A Choisy-le-Roi, le décret a été pris ce lundi après avoir été envisagé dès vendredi dernier. “Le marché est un lieu d’interaction sociale, insiste Didier Guillaume, maire PCF de la ville. J’ai pris la décision après avoir été rencontré les commerçants et leurs représentants dimanche. Les normes de sécurité étaient respectées dans certains étals mais pas partout et il en va de la sécurité des clients comme des commerçants”.

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