Culte | Val-de-Marne | 21/10/2022
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Sanctionné pour voyeurisme, l’ancien évêque du Val-de-Marne, Michel Santier, accusé par de nouvelles victimes

Sanctionné pour voyeurisme, l’ancien évêque du Val-de-Marne, Michel Santier, accusé par de nouvelles victimes © CD

Voilà déjà un an que le Vatican a sanctionné l’ancien évêque de Créteil, Michel Santier, après des signalements en 2019, véritables motifs de sa retraite anticipée. L’information, elle, n’a fuité qu’il y a quelques semaines grâce à l’hebdomadaire Famille Chrétienne. Depuis, de nouvelles victimes se sont fait connaître, pour des faits plus graves.

C’est en 2019 que deux hommes se sont signalés auprès des autorités ecclésiales pour évoquer des faits qui se sont produits dans les années 1990, lorsque l’ancien évêque était prêtre à Coutances (Manche) et directeur de l’Ecole de la foi, une école de formation à la prière d’une année pour les jeunes de 18 à 30 ans. Selon l’entourage de l’actuel évêque de Créteil, Dominique Blanchet, l’ecclésiastique “a été sanctionné il y a un an par Rome pour des abus spirituels ayant mené à du voyeurisme sur deux hommes majeurs”. Des abus qui se sont produits durant accompagnement spirituel et que l’évêque a reconnus. Concrètement, le prête demandait aux jeunes hommes de se dénuder devant le Saint-Sacrement pour chaque péché avoué lors de confessions.

“Je tiens avant tout à assurer de ma compassion toute particulière les personnes ayant été victimes des faits. Je partage également la peine et la consternation de tous ceux qui se sentiront blessés par ces révélations”, ajoute l’actuel évêque du diocèse valdemarnais avant de s’en remettre à Saint Paul. “Rappelons-nous ce conseil avisé de St Paul dans sa lettre aux Romains : “ Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien.” Ce sera notre meilleure façon de faire face, et de soutenir tous ceux et celles que nous rencontrons et qui se trouvent blessés et atteints par ces faits”, estime l’évêque.

En décembre 2019, Michel Aupetit, archevêque de Paris et responsable de la province dont fait partie le diocèse de Créteil, a adressé un dossier de signalement au Vatican. Les deux victimes n’ont pour leur part pas souhaité porter plainte.

Une affaire traitée en toute opacité à Créteil

Dans le diocèse de Créteil, une discrétion absolue a été de rigueur autour de cette affaire. Toujours selon l’entourage de l’évêque actuel, Michel Santier “a présenté sa démission, dans une lettre dans laquelle il évoque les faits qui lui sont reprochés, et qu’il reconnaît.” Une retraité anticipée, deux ans avant l’âge de principe, 75 ans, acceptée par le pape François le 6 juin 2020. Pas question en revanche de révéler aux paroissiens la véritable raison de ce départ. A l’époque, l’évêque, en charge du diocèe de Créteil depuis 2007, était convalescent du coronavirus et sa retraite avait donc été présentée comme une conséquence de son affaiblissement.

Lire : Convalescent du coronavirus, l’évêque de Créteil Michel Santier rend sa charge

Au sein de l’église, l’affaire ne s’est toutefois pas arrêtée là et la Congrégation pour la doctrine de la foi a pris à son encontre des mesures disciplinaires qui lui ont été signifiées en octobre 2021. L’ancien évêque est ainsi prié de “mener une vie de prière et de pénitence” et vit à l’écart, dans une communauté religieuse, selon l’entourage de Mgr Blanchet. Il s’agit de l’abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte (Manche), où il exerce notamment la fonction d’aumônier. Selon l’évêque de Coutances, Laurent Le Boulc’h, dans un communiqué, l’ex-évêque de Créteil assure un “ministère restreint“. Il ne lui est pas interdit de célébrer la messe auprès de cette communauté.

Nouvelles victimes

Depuis les révélations publiques des faits par le magazine Famille Chrétienne, d’autres personnes se sont fait connaître “pour des faits commis sur elles par Michel Santier dans le cadre de son ministère de prêtre alors qu’elles étaient jeunes adultes”, a en effet révélé l’archevêque de Rouen, Dominique Lebrun, dans un communiqué. “En tant qu’archevêque métropolitain des diocèses normands, j’en ai été informé comme le veut la procédure lorsqu’un autre évêque résidant dans la province est mis en cause”, indique le religieux qui précise avoir “adressé aussitôt un signalement au Dicastère pour la doctrine de la foi (ministère au Vatican qui supervise les enquêtes sur les cas d’agression sexuelle au sein de l’Eglise : ndlr)“, sitôt après avoir “entendu directement une de ces personnes victimes”. Et de poursuivre : “Nul doute que le Dicastère diligentera une nouvelle enquête devant des révélations qui accentuent la gravité des faits reprochés à Mgr Michel Santier.”

des faits impensables

Dominique Lebrun remercie “les évêques, en particulier ceux de Normandie qui ont dirigé vers (lui) les personnes victimes, en leur proposant une véritable écoute” et “exprime à ces personnes toute (sa) compassion et (sa) colère devant des faits impensables”.

“Il ne doit pas y avoir d’exception pour les évêques

L’archevêque a par ailleurs sollicité la justice de la République. “Je m’assure que le procureur de la République est également informé. (…) Il ne doit pas y avoir d’exception pour les évêques.”, insiste-t-il, tout en indiquant également avoir “rencontré Mgr Michel Santier” qu’il a “informé de la nouvelle procédure”.

En octobre 2021, l’Eglise catholique de France avait été secouée par la parution du rapport choc de la Commission Sauvé. Ce rapport donnait à voir les proportions des actes pédophiles perpétrés au sein de l’église catholique, faisant état de 216 000 victimes de clercs ou religieux depuis 1950 en France, 330 000 en comptant les victimes de laïcs, et environ 3000 agresseurs qui pour la plupart ne rendront jamais de comptes, les faits étant prescrits ou les auteurs décédés.
Lien vers le site de la Ciase pour prendre connaissance du rapport et des témoignages
Ce rapport dénonçait aussi les agressions sexuelles subies par les religieuses, majeures mais plus facilement sujettes aux abus de pouvoir, spirituel ou sexuel, du fait de leur isolement. A Lourdes, en novembre 2021, l’épiscopat avait reconnu sa “responsabilité institutionnelle” ainsi que le caractère “systémique” de ces violences.

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