Associations | Val-de-Marne | 23/12/2022
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Accueillant de plus en plus de bénéficiaires, les Restos du Cœur Val-de-Marne cherchent des bénévoles

Accueillant de plus en plus de bénéficiaires, les Restos du Cœur Val-de-Marne cherchent des bénévoles

Dans ce qui fut autrefois une allée marchande, entre la cité Henri Sellier et la RD6 à Villeneuve-Saint-Georges, tous les rideaux de fer sont baissés, sauf un, celui d’une des 21 antennes des Restos du Cœur du Val-de-Marne. Ici, il y a de la lumière, de la chaleur, et à manger. Un îlot de fraternité.

À l’intérieur, près d’une vingtaine de bénévoles s’affairent chaque matin, du lundi au vendredi, pour ranger les provisions, préparer les distributions, servir les bénéficiaires. La majorité sont des retraités, avec une grosse proportion de femmes. À commencer par Marie-Claude, qui vient tous les jours depuis qu’elle est partie en retraite, dix-huit mois auparavant. “Je travaillais dans un commerce et j’ai toujours été en contact avec les gens. J’ai besoin de continuer, de me sentir utile. Ici, je suis multifonction, je fais ce qu’il y a à faire”, livre-t-elle dans un grand sourire. Son rêve, ce serait que l’association nationale fasse participer, un jour, les bénévoles de sa banlieue au spectacle des Enfoirés, “et pas que ceux de Paris“, glisse-t-elle.

Envie d’aider, de retrouver une équipe, une ambiance

À ses côtés, Margareth, ancienne infirmière, a aussi rejoint les Restos depuis son départ en retraite, il y a dix ans déjà. “J’ai été embarquée par d’autres bénévoles, je viens ici deux jours par semaine.” Même scénario pour Danielle qui a commencé comme bénévole au Secours populaire de Crosnes en 2004 avant de rejoindre les Restos. “Moi, il me faut mes copines et mes bénéficiaires ! On donne, mais on reçoit aussi. Les bénéficiaires s’inquiètent toujours de ma santé, me demandent de mes nouvelles”, motive la bénévole de 77 ans, qui s’apprête à subir une opération du cœur. Elyse, 70 ans, a connu l’antenne en tant que bénéficiaire. Après une vie à travailler comme infirmière au Congo, elle a dû partir en France, démunie. Pour elle, aider ceux qui l’ont aidée est une évidence.

L’évidence d’aider quand on en a la disponibilité, c’est l’état d’esprit que partagent tous les bénévoles. À condition évidemment que l’ambiance soit au rendez-vous. Ici, on s’engage, mais cela reste décontracté. C’est ce qu’apprécie Jacques, l’un des rares représentants de la gent masculine, fidèle depuis qu’il a pris sa retraite d’une compagnie pétrolière, il y a déjà 23 ans. Il fait le trajet depuis Yerres chaque jour sauf le mardi. Depuis la fermeture des Restos du Cœur de Montgeron fin 2020, l’antenne de Villeneuve-Saint-Georges accueille du reste les habitants de plusieurs villes de l’Essonne.

Un effort de diversification, de produits frais

Ce mercredi matin, un couple turc arrive justement de l’Essonne avec leur fille. Semgiz, l’homme, n’a qu’un rêve en tête, “avoir des papiers pour pouvoir travailler“. Une habituée, qui vient pour la troisième année pour nourrir sa famille de quatre personnes, confie la même histoire, l’impossibilité de travailler faute de papiers. Pour elle, l’aide alimentaire des Restos du Cœur couvre la moitié des besoins, et elle apprécie particulièrement d’y trouver du lait et des œufs. Les produits frais, c’est le graal.

Renforcer la diversité des propositions, c’est aussi l’enjeu des centres, qui complètent la distribution organisée au niveau national par des collectes auprès des magasins du coin, et testent également cette année quelques achats complémentaires.

9 000 familles accompagnées en Val-de-Marne

Au total, ce sont 400 familles qui sont accompagnées à l’antenne de Villeneuve-Saint-Georges, “représentant 1114 personnes, dont beaucoup de bébés“, chiffre Sylvie Besse, responsable du centre et désormais retraitée, mais qui “n’a jamais bossé autant”. Avec une quarantaine de bénévoles qui se relaient et 400 foyers à servir, chacun une fois par semaine, l’organisation doit être bien rodée. Ajuster le planning pour tenir toute l’année, organiser les collectes locales complémentaires de la distribution centralisée, piloter l’entreposage et la préparation des distributions… autant de missions qui incombent au responsable du centre. Passionnant mais exigeant.

Une hausse de 11% des bénéficiaires en Val-de-Marne

Depuis le début de la campagne d’hiver, débutée il y a trois semaines, les Restos du Cœur Val-de-Marne accueillent en moyenne 11% de bénéficiaires supplémentaires par rapport à l’an dernier (contre 18% au niveau national). “Cette tendance s’explique par l’inflation et la crise énergétique qui pèsent sur le pouvoir d’achat des ménages, mais aussi parce que nous avons anticipé cette situation en modifiant notre barème. Nous avons ainsi intégré les charges de gaz et électricité“, explique Daniel Gissinger. “Au-delà du nombre de bénéficiaires, l’augmentation de la précarité se manifeste par une fréquentation plus assidue des bénéficiaires”, indique le président des Restos du Cœur Val-de-Marne.

Daniel Gissinger, président des Restos du Cœur Val-de-Marne

L’augmentation varie toutefois fortement d’un centre à l’autre, allant jusqu’à + 39% à Sucy-en-Brie, +40% à Orly, et même + 55% à Fontenay-sous-Bois, tandis que le centre de Fresnes, qui a récemment déménagé sur un site moins accessible par les transports en commun, a perdu en fréquentation.

Aujourd’hui, 8 900 familles inscrites dans le Val-de-Marne. Depuis le démarrage de la campagne d’hiver fin novembre, nous avons déjà servi 341 000 repas. Sur une année complète, nous servons environ 3 millions de repas”, détaille Daniel Gissinger. Une aide gratuite et inconditionnelle.

Un accompagnement au-delà de l’aide alimentaire mis à mal par la crise sanitaire

Au-delà de l’aide alimentaire, le principe de l’association, fondée par Coluche en 1985, est d’accompagner les personnes, que ce soit en matière d’alimentation, en conseillant les personnes, ou sur d’autres dimensions comme l’apprentissage du Français, l’accès aux droits, la recherche d’emploi… “Même si nous ne sommes pas des assistants sociaux“, indique Daniel Gissinger.

Une approche qui a toutefois été mise à mal par la pandémie, avec des permanences qui se sont transformées en simples distributions de paniers pendant près de deux ans. “Pour certains bénévoles et bénéficiaires, cela a été bien apprécié car c’est plus rapide, mais ce n’est pas l’esprit de l’association. La distribution est en principe un temps où l’on fait connaissance avec les bénéficiaires, où l’on peut démarrer un travail avec eux“, reprend le président 94. Progressivement, les points café se remettent en place, mais cela prend du temps.

La crise sanitaire a aussi chamboulé complètement les habitudes. “Avant, nous avions un noyau important de personnes qui venaient systématiquement. Aujourd’hui beaucoup moins.” L’âge des bénévoles, dont beaucoup sont des retraités, a aussi joué, ces personnes étant particulièrement fragiles face à la Covid. “Beaucoup des plus de 70 ans sont restés chez eux et ne sont plus ressortis.”

Besoin de bénévoles, de tous âges

Alors que des personnes en activité souhaitent aussi venir aider, mais peinent à concilier les horaires avec leur travail, l’association essaie de s’adapter. “À Villiers-sur-Marne, nous avons ouvert une permanence le lundi soir et constitué l’équipe sans aucune difficulté”, confie Daniel Gissinger. À Bonneuil-sur-Marne, l’antenne ouvre pour sa part également le samedi matin.

Car il n’y a pas d’âge pour venir en renfort. En témoigne Kylian, 17 ans. Lycéen à Maisons-Alfort, il vient passer ses vacances à Villeneuve-Saint-Georges pour aider sa grand-mère, Denise, 79 ans, bénévole depuis 20 ans et doyenne de l’antenne. “J’ai toujours vu mes grand-parents aider et je participe dès que je peux depuis que j’ai 14 ans, confie celui qui se destine à devenir ingénieur. J’aime l’ambiance qui règne ici, et cela fait plaisir d’aider son prochain !”

Voir le site des Restos du Cœur 94 avec la liste des centres et le détail des besoins de bénévoles

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