Politique | | 08/03/2023
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Rétrogradé pour faire place aux écologistes, Bertrand Revol quitte le conseil municipal de Saint-Denis

Rétrogradé pour faire place aux écologistes, Bertrand Revol quitte le conseil municipal de Saint-Denis

Après avoir perdu ses fonctions d’adjoint au maire de Saint-Denis lors du conseil municipal du 2 février, Bertrand Revol, ancien adjoint notamment au tourisme et à l’économie sociale et solidaire (ESS) a annoncé lundi sa démission de toute fonction municipale, dénonçant “des manières de gangster” et l’échec de la démocratie participative.

J’avais cru à un véritable mouvement de démocratie participative lors de la campagne [des élections municipales de mars 2020], dans l’élaboration des programmes de cette équipe, Notre Saint-Denis, qui a été élue“, lâche Bertrand Revol.

L’ancien adjoint au maire PS de Saint-Denis Mathieu Hanotin, en charge du tourisme, de l’ESS, de l’artisanat et des métiers d’arts, n’en revient toujours pas. Alors qu’il revient d’une hospitalisation, il découvre que, depuis le conseil du 2 février, il n’est plus que conseiller municipal avec les délégations de l’artisanat et des métiers d’art. “C’est une forme d’humiliation, de trahison. Au-delà de ma personne, ça en dit long sur la démocratie locale. Après, on se plaint de l’abstention qui monte, mais les simples citoyens qui sont engagés mais en dehors des partis politiques n’ont en fait que peu de poids“, explique-t-il amer.

Effet colatéral de l’arrivée des élus écologistes

Sur son compte Facebook, Bertrand Revol détaille les trois “actes” de sa “rétrogradation“. Sur le fond, il fustige l’élargissement de la majorité municipale aux élus écologistes dont il a fait les frais. C’est “un coup politique” pour les élection de 2026, estime-t-il. “Ce soi-disant deuxième souffle qu’il [Mathieu Hanotin] veut donner, c’est un calcul politicien médiocre, pour faire un coup parce que les EELV étaient avec les communistes pendant la campagne et dans l’opposition.”

De son côté, Mathieu Hanotin fait savoir qu’il “prend acte de la décision de Bertrand Revol. Il s’agit d’un choix personnel qui intervient à l’issue de l’arrivée des écologistes dans la majorité municipale.” Cet élargissement, explique-t-il, “nous a conduit à opérer plusieurs mouvements au sein de l’exécutif. Plusieurs adjoints ont vu leur délégation modifiée afin de permettre aux écologistes de participer pleinement à la mise en œuvre de notre politique pour Saint-Denis et je ne peux que regretter le départ de Monsieur Revol dans ce cadre.” Il rappelle que cet élargissement s’inscrit dans “une volonté de rassemblement de la gauche.”

Manière de gangster

Ce n’est pas la première fois que Bertrand Revol doit s’effacer devant un écologiste. “Je suis philosophe et artiste. Durant la campagne j’étais celui qui s’occupait de la culture. Et tout le monde s’attendait, moi le premier, à ce que je sois nommé adjoint à la culture. Mais ça n’a pas été le cas: le lendemain des élections, j’ai appris qu’ils avaient réussi à débaucher une EELV [ndlr, Nadège Grosbois] parce que ce parti avait fait un gros score aux élections européennes.”

Sur la forme, Bertrand Revol déplore “des manières de gangsters“. “Délibération A 1.1 : nomination de Wallid Allam, élu EELV, comme 8ème adjoint. Cette entrée vaut ma sortie comme adjoint“, écrit-il sur sa page Facebook, décryptant le vote du conseil municipal en date du 2 février.

Quand j’ai vu que je votais contre moi, je me suis dit qu’ils faisaient une gaffe, rien ne les obligeait à me faire voter, c’est naïf“, tonne-t-il. Absent lors de cette séance du conseil municipal, c’est Katy Bontinck qui a en effet voté en son nom, notamment pour la délibération 1.1, comme le voit sur la retransmission du conseil municipal sur le site de la mairie. “Ces pouvoirs sont des papiers donnés à l’avance, des chèques en blanc“, indique Bertrand Revol. La mairie de Saint-Denis confirme bien que Bertrand Revol avait laissé un pouvoir en cas d’absence aux conseils municipaux. Mais elle affirme que ce pouvoir n’a pas été utilisé pour le délibérations concernant le changement de l’exécutif municipal.

Je pars terriblement pessimiste sur la démocratie locale. Quand on parle de démocratie participative, d’implication des citoyens, ça n’est que un faire valoir. Dans les faits, la politique est concentrée entre les mains de quelques-uns qui depuis leur jeunesse sont des aparatchiks. Dans l’équipe NSD, il n’y a pas que moi avoir été utilisé pour amener de la diversité. Moi c’était le milieu des artistes qui était vu comme inaccessible“, conclut-il.

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