Travailler à la préfecture de Seine-Saint-Denis, “ça peut être un tremplin pour votre carrière!”, et puis “notre cantine est excellente!”, sourit Anmol Sodhi-Kaur pour conclure son “pitch” de présentation de l’autorité incarnant l’État en Seine-Saint-Denis.
Comme pour une vingtaine d’autres ministères, hôpitaux ou collectivités, la jeune femme est venue vanter les atouts de son employeur aux visiteurs du salon national de recrutement de la fonction publique, organisé mardi à la Cité universitaire internationale de Paris.
À la préfecture, “on ne fait pas que de l’instruction de titres de séjour”, insiste-t-elle entre deux coups d’œil à son calepin. “En nous rejoignant, vous pouvez assurer la sécurité des personnes et des biens” mais aussi lutter contre “l’habitat indigne”, poursuit-elle avec enthousiasme.
Entre les murs immaculés d’une salle exiguë de la “Cité U”, une quinzaine de personnes sont venues l’écouter.
Assises au deuxième rang, deux étudiantes de l’université de Rouen se demandent si la préfecture recrute des stagiaires.
“Pour le premier semestre, l’ensemble de nos offres sont pourvues, mais nous sommes à la recherche de stagiaires du 1er juillet au 31 décembre”, répond Anmol Sodhi-Kaur.
L’opération séduction de la préfecture a manifestement fonctionné : près de 100 CV ont été déposés au stand préfectoral dans la matinée, assure-t-elle à l’AFP.
Double déficit d’attractivité
Pour pourvoir ses postes vacants, la préfecture de Seine-Saint-Denis “souffre d’un double déficit d’attractivité : celui de la fonction publique” dans son ensemble, “cumulé à l’image négative” du département, dit-elle.
Pour Louis Lefebvre, DRH du centre hospitalier de Plaisir (Yvelines), “le rapport de force a changé” entre les employeurs publics et les candidats : “c’est beaucoup plus à l’établissement (hospitalier, NDLR) d’aller vers” les postulants, là où la sécurité de l’emploi a longtemps suffi à attirer dans le secteur public.
Pour séduire les 4 500 inscrits au salon, les hôpitaux du sud des Yvelines (dont celui de Plaisir) misent sur leurs singularités et celles du département.
Leur slogan tient en trois mots, explique Alice Jaffré, directrice adjointe de trois hôpitaux locaux : “verdoyant, remarquable et responsable”, pour souligner la richesse du patrimoine naturel et culturel du département, mais aussi l’engagement environnemental de ses établissements de santé.
De l’autre côté d’un grand auditorium, dans l’aile du bâtiment réservée aux collectivités locales, deux agentes du département de l’Essonne profitent d’un moment de répit.
Leur employeur, qui recrute chaque année 800 personnes sur un effectif total de 4 000 agents, s’est aussi plié mardi à l’exercice du pitch.
“On est éloignés de Paris, l’intérêt du pitch c’est de nous faire connaître”, explique à l’AFP Céline Delisle.
Sa collègue Sabrina Garcia énumère les avantages du département francilien : cinquante jours de congé par an, l’accès à une mutuelle… “et une prime de fin d’année”, une carotte appréciable en période de forte inflation.
En début d’après-midi, malgré la vue imprenable sur les pelouses détrempées du parc de la “Cité U”, le pitch de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) n’attire qu’une poignée de visiteurs.
Directeur du département attractivité de l’AP-HP, Florian Taysse souligne la diversité des métiers qui y sont proposés (210) et la facilité d’y accéder.
“L’avantage de la fonction publique hospitalière, c’est qu’on ne recrute pas que par concours. On peut venir travailler à l’AP-HP sans avoir fait des études de santé”, argumente-t-il.
“C’est pas facile”, lui répond une dame au premier rang, qui a déjà envoyé plusieurs candidatures infructueuses.
Quelque 2 500 offres d’emploi à l’AP-HP sont actuellement en ligne, tente de la rassurer Florian Taysse.
À l’échelle de la fonction publique, le choix est encore plus large, avec plus de 70 000 offres à pourvoir.
Smartphones à la main, de nombreux visiteurs du salon scannent d’ailleurs les panneaux truffés de QR codes redirigeant vers des offres d’emploi.
“On peut être l’employeur le plus attractif du pays !”, se prend à espérer le ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini.
6 000 visiteurs
— Stanislas Guerini (@StanGuerini) March 12, 2024
74 000 offres d’emploi
1 000 métiers différents
Cassons les clichés : oui, la fonction publique bouge !
C’était la 2ème édition du salon national de l’emploi public. pic.twitter.com/9W1ovQT1jR
Mais plutôt que de miser sur la sécurité d’emploi offerte par le statut de fonctionnaire, “il vaut mieux mettre en avant nos vrais atouts : diversité des métiers, parcours de carrière passionnants et la question du sens” des métiers, développe-t-il.
par Damien GAUDISSART
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