“On souhaitait que les visiteurs puissent emporter un petit morceau du musée avec eux”: 500 copistes sont attendus jusqu’à lundi au Centre Pompidou pour reproduire les œuvres du célèbre musée parisien d’art moderne, qui fermera le 10 mars pour cinq années de travaux.
Enfants et adultes, artistes confirmés ou amateurs, ils participent tous à un marathon artistique consistant à recopier collectivement l’ensemble des 1 300 œuvres exposées aux 4e et 5e étages du bâtiment.
“Cela n’arrive jamais qu’il y ait autant de personnes qui dessinent dans les allées du musée”, s’enthousiasme Selma Toprak-Denis, directrice adjointe des publics au Centre Pompidou. Les inscriptions ont ouvert le 13 janvier et, trois jours plus tard, 700 demandes étaient déjà déposées.
Simon Gauchet, metteur en scène et directeur artistique du collectif “L’école Parallèle Imaginaire” à l’origine du projet, a eu l’idée de cette manifestation il y a une dizaine d’années lorsqu’il a “vu un jeune homme qui recopiait une œuvre” à Pompidou.
“J’ai eu l’impression que les visiteurs du musée étaient presque plus intéressés par l’œuvre en train de naître sous leurs yeux que par l’original. De là est née cette idée”, rembobine-t-il.
“Nouveaux liens”
Installé sur une chaise pliante, Gilbert Gucheney, ingénieur de 56 ans, s’est attaqué à “L’homme indifférent” de Georges Ribemont-Dessaignes.
Il fréquente assidûment le musée depuis une trentaine d’années et s’il n’est “pas du tout un artiste”, il a tenu à participer à l’expérience.
“J’ai voulu faire partie de la vie du musée. Les œuvres vont continuer à exister non seulement parce qu’elles seront dans les réserves, mais aussi parce qu’on aura créé une âme immatérielle de ces œuvres, aussi imparfaite soit-elle”, souligne-t-il.
Au fur et à mesure, les nouvelles copies viennent rejoindre celles déjà achevées sur les murs. Visiteurs comme copistes sont invités à réorganiser ce musée éphémère à leur guise, pour créer “de nouveaux liens entre les œuvres”, explique Selma Toprak-Denis.
Après lundi, les copistes pourront repartir avec leur création. “On souhaitait que les visiteurs puissent emporter un petit morceau du musée avec eux, inventer une sorte de rituel d’adieu”, ajoute-t-elle.
“Musée Recopié”
“Pouvoir dire au revoir au musée à ma manière”, c’est ce qui a motivé Mathilde Chemouni, étudiante en muséologie de 25 ans, à participer à ce “Musée Recopié”.
“S’asseoir, prendre le temps de dessiner, de recopier, ça permet de vraiment bien regarder l’accrochage tel qu’il est fait maintenant et de s’en souvenir. Parce qu’on ne va plus jamais retrouver le Centre Pompidou exactement de la même manière”, s’émeut-elle, après s’être mise en chaussettes pour dessiner devant le tableau de Robert Delaunay “Rythme, Joie de vivre”.
Selon Simon Gauchet, “quand on visite un musée, cela provoque les mêmes hormones que quand on tombe amoureux”.
“C’est d’abord un lieu de conservation, mais je pense qu’il faudrait plaider pour que ce soient surtout des lieux de création, pour des artistes comme pour des gens qui ne le sont pas forcément”, juge-t-il.
Le Centre Pompidou, également appelé Beaubourg et inauguré en 1977, doit fermer progressivement entre mars et septembre, laissant notamment une partie des œuvres de son musée circuler dans d’autres institutions culturelles, en France et dans le monde, le temps de sa fermeture censée durer cinq ans.
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