C'est un jeune homme de 22 ans, Léo Thomas, élève en art dramatique au conservatoire du dixième arrondissement de Paris et licencié d’histoire à la Sorbonne, qui a écrit la pièce Les fugitifs, et fondé le collectif éponyme pour la mettre en scène. L'histoire, à la fois très contemporaine et intemporelle, est née de l'indignation suscitée par les campements de réfugiés installés sous le métro aérien de la ligne 2, du côté de la Chapelle.
“Ayant quitté leurs familles, leurs domiciles, leurs pays, leurs cultures, ces gens aux langues diverses et obscures vivent ici traqués, démunis, sans repères après avoir bravé la mer, les frontières, les morts. Leur volonté est inébranlable. Qu’ont-ils à fuir qui justifie pour eux ce chemin de croix ? Naufragés, puisqu’ils sont les rescapés du plus grand cimetière marin, ils sont des fugitifs parce qu’ils sont en fuite et que cette action les définit, plus que la quête d’une inaccessible paix”, s’interroge l’auteur. “Il y eût aussi cette formule de « clochardisation rapide » trouvée dans plusieurs articles de journaux à propos de la soudaine arrivée à la rue de ces gens pourtant assez fortunés pour payer les passeurs, ayant grandi dans des villes ou villages au milieu de familles, ayant connu l’amour, le connaissant toujours mais d’un coup privés d’existence sociale. Cette expression transforma en moi le visage de ces gens, comme nous, qui ont fui pour se retrouver sur le bord d’un trottoir. Comme le notait Horace, nous fuyons tous quelque chose : les campagnards montent à la ville, les citadins se retirent à la campagne. Leurs raisons de fuir sont les mêmes que les nôtres transposées dans l’horreur, dans la misère, dans la guerre… Exotismes. Ces réflexions ont fait naître en moi le besoin d’exprimer l’universalité du besoin de fuite pour le saisir d’abord, pour comprendre la situation des exilés ensuite, puis pour nous comprendre, nous, êtres humains peuplant la terre et l’espace de notre mouvement du fait de la violence du monde, de notre insatisfaction ou de nos peurs. C’est ce voyage à travers le caractère inapaisable de l’espèce humaine qu’il m’est apparu possible de traduire à travers la matière théâtrale qui offre, au sens shakespearien, un miroir dans lequel nous pouvons voir jusqu’au fond de nous-mêmes. Il y a-t-il une différence fondamentale entre le besoin de voyage rendu indispensable, vital, par nos sociétés marchandes et le besoin tout aussi vital de quitter une société plongée par les hommes dans le feu et le sang ? Voilà la seule et unique question posée dans la pièce, celle du mouvement”, pose Léo Thomas.
La pièce a été écrite rapidement, au printemps 2017, et s’est mise en place avec le collectif de la Cie Les fugitifs, créée dans la foulée, et qui comprend une quinzaine de personnes, comédiens, musiciens, danseurs… Durée : 2 heures.
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Deux représentations à Ivry-sur-Seine
Deux représentations au théâtre El Duende, dans le cadre du festival Traits d’union, organisé par la Compagnie des entichés, dont la thématique porte cette année sur les frontières.
Samedi 20 janvier à 20h30
A partir de 23 heures : live de Korfall, créateur musical Les Entichés
Dimanche 21 janvier à 19h
(A noter avant, à 15 heures, la projection du documentaire Au pied du mûr, suivie du spectacle théâtre danse Démonstre-moi
Bon plan, places à gagner
Dans le cadre d’un partenariat avec le festival, 94 Citoyens offre des places pour ces spectacles à ses lecteurs abonnés payants. Envoyer un mail à redaction@citoyens.com. Premiers arrivés, premiers servis.
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