La 21e édition du festival Écrans Documentaires revient jusqu'au mardi 14 novembre. Des faubourgs de Ouagadougou aux provinces de Minsk en passant par la Grèce, les Comores et le Japon, cette sélection offre une vision globale d'un monde en pleine mutation.
Les fantômes du Haut-Karabagh en ouverture
Trois autres films en avant-première seront proposés. Les spectres hantent l’Europe, de Maria Kourkouta et Niki Giannari. La vie quotidienne des migrants (Syriens,Kurdes, Pakistanais, Afghans et autres) dans le camp d’Idomeni. En attendant de traverser la frontière gréco-macédonienne : des queues pour manger, pour boire du thé, pour consulter un médecin. Un jour, l’Europe décide de fermer ses frontières une bonne fois pour toutes. Les «habitants» d’Idomeni, décident, à leur tour, de bloquer les rails des trains qui traversent la frontière… (le 11 novembre à 17 heures 30 à l’Espace Jean-Vilar – Salle 1)
L’usine de Rien, de Pedro Pinho, le 12 novembre à 16h30 à l’Espace Jean-Vilar (salle 1). Une nuit, des travailleurs surprennent la direction en train de vider leur usine de ses machines. Ils comprennent qu’elle est en cours de démantèlement et qu’ils vont rapidement être licenciés. Pour empêcher la délocalisation de la production, ils décident d’occuper les lieux.
À leur grande surprise, la direction se volatilise laissant au collectif toute la place pour imaginer de nouvelles façons de travailler dans un système où la crise est devenue le modèle de gouvernement dominant.
Enfin en clôture le 11 novembre à 20h45 à l’Espace Jean-Vilar (Salle 1), le film Meteors, de Gürcan Keltek. Ils viennent la nuit. Tout le monde sort. Ils allument des torches et se souviennent de ceux qui ont arpenté ces rues avant eux. Dans les heures qui viennent, la ville sera bouclée et une éclipse apparaîtra. La nuit, des météores commencent à tomber.
Kling klang : la musique, c’est du cinéma !
Anoosh et Arash, les deux DJ de « Raving Iran », soumis à une censure maximale pour tout ce qui concerne les productions culturelles considérées par la République islamique d’Iran comme « occidentalisées », ont les plus grandes difficultés à faire exister leur musique et leur passion. Même chose pour Colette Magny, artiste française, aux textes engagés. « J’ai été censurée pas parce que je faisais de la poésie difficile mais parce que j’avais des textes politiques ». Cette question de la censure, Colette Magny la pose frontalement dans le film d’Yves-Marie Mahé. Constitué entièrement d’images d’archives, le travail de montage non linéaire opère des va-et-vient entre les époques et rend un hommage appuyé, mais jamais nostalgique ni larmoyant, à une grande voix de la chanson ostensiblement ignorée des médias, notamment par la télévision.
Autre écorché vif, Jean-Louis Costes a beaucoup plus en partage avec Colette Magny que ce que l’on imagine. Et pas qu’une simple mais trop restrictive aimantation pour les marges. Comme Magny, Costes est un intercesseur et un catalyseur. Comme chez elle, ses « spectacles » sont potentiellement cathartiques par les émotions qu’ils libèrent. Et ils ont tous les deux en commun la même attraction pour les expérimentations les plus libres. Artiste pluridisciplinaire, Costes exprime ses angoisses autant par la musique (expérimentale, pop, industrielle, noise) que par la performance, le dessin ou l’écriture (qu’il considère comme une véritable ascèse).
Une énergie équivalente, une même tension électrique et, surtout, une identique sincérité traverse « Fugazi: Instrument », le documentaire de Jem Cohen sur le groupe de rock « hardcore » Fugazi. Engagé sur le plan artistique et politique, c’est en étroite collaboration avec les musiciens que Cohen met au premier plan les causes qu’ils défendent.
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