Le cimentier Holcim et le bailleur social Seqens annoncent la construction d’un ensemble de logements utilisant du béton recyclé à 100% à Gennevilliers. Une première mondiale selon les protagonistes.
“C’est une première mondiale, pour reconstruire la ville sur la ville, éviter l’étalement urbain, et à terme réduire les émissions de CO2 du bâtiment”, se félicite Stéphane Dauphin directeur général de Seqens (groupe Action Logement), qui gère un parc de 100 000 logements, principalement en Ile-de-France. Après la démolition (déjà réalisée) de 166 logements sociaux et d’un bâtiment de logements privés, à Gennevilliers près de Paris, environ 220 logements, dont 70 sociaux et 100 en accession privée dont 30 en accession sociale, doivent être livrés fin 2024. “C’est la première fois que l’on va être capable de construire des logements avec tous les matériaux de la structure entièrement recyclés (ciment, gravillons, sable, eau)”, précise François Petry, président de Holcim France (ex-Lafarge).
Le bâtiment : 40% des émissions mondiales de gaz à effet de serre
À l’heure actuelle, si 80% des bétons de démolition sont recyclés en France, seule une faible part (moins de 15%) est réutilisée dans des bétons neufs de bâtiments. L’essentiel est recyclé pour des soubassements routiers. Au niveau mondial, le secteur du bâtiment est responsable de près de 40% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
La fabrication du béton et de ses constituants génère aussi des émissions d’oxydes d’azote et de dioxyde de soufre à l’origine de 15% de l’acidification des milieux causée par l’industrie et la construction, indique Florent Dubois, responsable de la construction durable chez Lafarge France dans son ouvrage récent “béton écologique et construction durable” (Eyrolles, 2022). “La part du béton armé dans l’empreinte carbone des bâtiments (chantier compris) est de 22% pour une maison individuelle, 31% pour les bureaux et 34% pour des logements collectifs”, ajoute-t-il.
Après la parution l’an dernier de nouvelles normes de construction permettant d’augmenter les taux de recyclage du béton, les deux partenaires veulent “démontrer la faisabilité” du procédé de recyclage à 100%, dans l’espoir d’entraîner l’ensemble de la filière dans un schéma de décarbonation.
Pour ce chantier expérimental, ils indiquent que les émissions de CO2 seront en baisse par rapport à un chantier normal, mais sans donner de chiffre précis. “Nous nous concentrons sur la faisabilité du projet” dit M. Petry, l’évaluation des baisses d’émission de CO2 devant intervenir “plus tard”.
Élément clé du procédé, le “clinker” recyclé – c’est-à-dire le liant du ciment, un élément fortement émissif de CO2- sera produit à Altkirch dans l’est et broyé à Dunkerque dans le nord pour ce chantier.
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.