Depuis Ivry-sur-Seine, Raphaël Gandiol a créé son entreprise artisanale, Fabrique Edmond, pour redonner vie aux éléments de mobilier en bois abandonnés aux encombrants. Portrait.
Cet article s’inscrit dans le cadre de la rubrique Histoires d’entreprises et d’entrepreneurs, rédigée – en toute indépendance – grâce au soutien de la CCI du Val-de-Marne, pour donner à voir la géographie entrepreneuriale du département. Voir tous les articles publiés dans cette rubrique.
C’est en flânant dans les rues que Raphaël Gandiol a pris conscience du gisement inépuisable de matière première à valoriser. «Les gens ne se rendent pas compte qu’ils se séparent de meubles et d’objets qui sont encore utilisables. Les logements étant petits, dès qu’un équipement est défaillant, ils préfèrent souvent le remplacer plutôt que de chercher la panne et réparer.»
Parmi tous les encombrants qui sont déposés dans la rue, ce-sont les pièces en bois qui ont sa préférence. Vieux planchers, lattes, planches, meubles ou caisses abandonnées constituent pour Raphaël Gandiol un gisement précieux. «Ces meubles ont une histoire, ils portent souvent les marques du temps, ils ont une âme. Ils peuvent être un peu endommagés ou salis mais, une fois nettoyés, réparés, poncés ou décapés, ils révèlent tout leur potentiel », explique le jeune entrepreneur. Après avoir traité préventivement les boiseries en cas de suspicion d’insecte xylophage (qui se nourrit de bois), il transforme, assemble et remodèle les meubles avec un nouveau design depuis la cave de son appartement. «Ce-sont des produits tellement travaillés que cela ne peut pas être considéré comme de l’occasion, c’est du milieu de gamme, défend l’artisan. Au départ, en essayant de vendre sur le Bon coin, j’étais contraint de brader les articles. Depuis, je me suis tourné vers la plateforme Etsy qui est spécialisée dans le fait-main, le vintage et le modèle unique.»
D’abord autodidacte, ce géo trouve-tout qui a étudié le Chinois et bourlingué dans les différents continents avant de se poser, s’est depuis perfectionné auprès de menuisiers professionnels. «J’ai appris de mes erreurs. Au début, je peignais sans sous couche et me retrouvais trois semaines après avec des remontées de résine en surface, obligé de tout reprendre depuis le début. Au fur et à mesure, j’ai acquis une pratique et une connaissance des différentes essences», témoigne-t-il. C’est en septembre 2018 qu’il décide de se professionnaliser en créant son entreprise artisanale sur ses fonds propre, avec l’aide de Pôle emploi pour la création d’entreprise. Son nom, Fabrique Edmond, rend hommage à son arrière-grand-père, dont il a vidé la maison en Normandie.
Le temps de la professionnalisation
L’entrepreneur suit ensuite un stage de préparation à l’installation et des formations pour apprendre à gérer sa micro entreprise, et réalise une étude de marché pour travailler son positionnement. «Il y a énormément d’acteurs qui font de la récupération : professionnels, amateurs, associations… Et de plus en plus de ressourceries voient le jour. Mais il y a une place pour faire des meubles design à partir de matériaux récupérés.» Sur le plan administratif, Raphaël Gandiol opte pour le statut d’auto-entrepreneur, qu’il estime bien adapté pour lancer une activité. «Durant les premiers mois, il faut faire des investissements pour acheter des outils, un véhicule, et se faire un stock de base Pendant ces premiers mois, il intéressant de ne pas avoir à payer de cotisations sociales puisque ce statut ne l’impose que lorsque l’on réalise un chiffre d’affaire. La comptabilité est simplifiée et au cas où l’activité peinerait à démarrer, je peux cumuler avec une activité salariée. En revanche, le statut plafonne le chiffre d’affaire et ne protège pas notre responsabilité et notre patrimoine en cas de déroute», résume-t-il. La CCI du Val-de-Marne et territoire du Grand Orly Seine Bièvre lui viennent également en aide en l’aidant notamment à trouver un atelier à Ivry-sur-Seine et à poursuivre sa professionnalisation.
Pour la vitrine commerciale, Raphaël Gandiol mise sur la présence en ligne, et a peaufiné son site internet avec sa sœur web-designer. Un canal d’autant plus stratégique que l’atelier de la Fabrique Edmond n’est pas ouvert au public. «Lorsque je travaille sur les meubles, il est difficile de s’interrompre pour répondre à des clients. Et puis, il est important de communiquer en ligne et sur les réseaux sociaux. J’ai investi dans un fond blanc et de la photographie professionnelle pour permettre aux internautes de voir très en détail les modèles.» L’entrepreneur a en revanche investi boutique éphémère de Saint-Mandé le temps de son déménagement vers l’atelier d’Ivry et il prospecte les salons professionnels à venir et les marchés, manière de créer également des occasion de découvrir ses objets directement.
Prochain défi à relever pour la petite fabrique : la livraison. «A l’heure actuelle, j’assure la livraison en Île-de-France avec mon véhicule utilitaire. Cela me prend beaucoup de temps parce que chaque meuble ayant une taille différente, il me faut à chaque fois faire un emballage spécial et cela prend un certain temps. Il faudrait que je trouve un prestataire pour les livraisons hors région», se projette déjà l’entrepreneur.
Quelques exemples avant/après des meubles “upcyclés” ci-dessous.
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