Alors que les livraisons de masques en pharmacie et ailleurs ne permettent pas de répondre à tous les besoins prévus, chacun veille sur son stock comme du lait sur le feu. Le point en Val-de-Marne.
Nogent-sur-Marne, Thiais, Villeneuve-Saint-Georges… D’une ville à l’autre, le constat est le même dans les pharmacies du Val-de-Marne, celui d’une livraison plus que partielle des masques attendus. “La première semaine de livraison, la distribution était organisée par nos grossistes répartiteurs et nous avons reçu le nombre de boites qui était prévu. La semaine dernière, l’organisation a changé et c’est Geodis qui était en charge d’acheminer les masques. Cette fois, nous avons reçu un seul carton sur les deux, et beaucoup de confrères ont eu le même problème”, témoigne Eric Douriez, président de la Chambre syndicale des pharmaciens du Val-de-Marne. “A Nogent, j’ai été en contact avec 3 pharmacies qui m’ont toutes rapporté n’avoir reçu que la moitié de la livraison attendue”, témoigne également Jacques Labescat, médecin et adjoint à la santé de la ville.
Chez Geodis, on explique que cette distribution, organisée dans un contexte d’urgence liée à l’épidémie de coronavirus Covid 19, avec engagement de livrer en 72 heures les 21 000 officines, s’est aussi effectuée en fonction du stock disponible et des directives du commanditaire, Santé Publique France. “Nous avons été obligés de reconditionner certains cartons pour s’adapter à chaque pharmacie”, précise-t-on chez le transporteur, en rappelant que les livraisons se font en plusieurs vagues et que d’autres sont donc à venir.
Un stock disponible insuffisant pour répondre au cahier des charges des pharmaciens. “J’ai reçu 6 boites de 50 masques chirurgicaux et une boite de 50 masques FFP2 (masques à protection renforcée). Mais je dois donner 18 masques FFP2 par semaine à chaque infirmier et médecin, 6 masques par semaine aux kinés, 18 masques chirurgicaux par semaine aux pharmaciens et depuis cette semaine, nous devons aussi fournir les services d’aide et de soin à domicile à raison de 9 masques par professionnel par semaine”, détaille le pharmacien. Une mission impossible…
Chacun son stock
Dans ce contexte de pénurie de masques, chaque reliquat est gardé comme un trésor de guerre. En préfecture, un stock est arrivé de la préfecture de région mais pas question de communiquer sur les chiffres, le sujet étant devenu trop sensible. Ce lundi, sa direction a organisé une réunion avec les réseaux associatifs qui interviennent en renfort du Samu ou qui continuent les maraudes, pour estimer leurs besoins et les fournir. Et ce mardi, un point doit être fait avec les CCAS (Centres communaux d’action sociale).
De son côté, le Conseil départemental du Val-de-Marne dispose encore d’un stock lié à la prévention contre l’épidémie de SRAS ainsi qu’à l’approvisionnement régulier pour fournir notamment les médecins de PMI (Protection maternelle infantile). “Pour l’instant nous en avons suffisamment et tous nos foyers enfance sont dotés, mais la pression est énorme”, prévient-on au département.
Les régions passent leur propre commande
Dans cette quête du Graal, plusieurs régions ont pris les devants, à l’instar des Hauts-de-France qui ont commandé directement 5 millions de masques en Chine en plus de ceux de l’Etat, ou de la région Nouvelle Aquitaine qui s’est associée avec ses départements pour acheter 2,5 millions de masques à 50 centimes pièces dans le cadre d’un groupement régional de commandes. Le Conseil régional d’Ile-de-France, lui, en a carrément commandé 20 millions! Délai de livraison attendu : une dizaine de jours, soit début avril, voire un peu moins pour les premières livraisons en Ile-de-France. Des dates qui correspondent à peu près à ce que l’on peut trouver en commande sur Internet. Car si les distributeurs français ne vendent plus de masques, en raison des réquisitions par l’Etat, les sites de vente extérieurs ne s’en privent pas et moyennant 2 euros pièce, on peut se faire livrer à domicile d’ici le 10 avril (voir image de une).
Commandes internationales et production nationale tous azimuts
En parallèle, le gouvernement promet de nouvelles livraisons rapides. Lors d’un point spécifique sur le sujet samedi 21 mars, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a indiqué que la France disposait d’un stock de 86 millions de masques dont 5 millions de FFP2, et qu’elle en avait commandé 250 millions. Les besoins sont estimés à 24 millions par semaine. Alors que le marché du masque est tendu au niveau mondial, la France s’appuie aussi sur une production maison et le ministre a indiqué qu’une quarantaine de prototypes étaient en cours.
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