Au Samu, aux urgences, au laboratoire de virologie… depuis plusieurs jours, quelque 150 externes, étudiants à partir de la 4ème année de la fac de médecine de Créteil, sont sur le pont pour prêter main forte à la lutte contre le coronavirus Covid 19, et ce n’est qu’un début, au regard de l’intense mobilisation de ces futurs médecins. Les internes, eux, ont déjà rejoint le front.
En principe en stage toute l’année, beaucoup d’externes de l’Upec (Université Paris Est Créteil) se sont retrouvés disponibles alors que les hôpitaux ont reporté tout ce qui n’était pas urgent, retirés également des services où ils auraient été en contact avec des patients Covid 19. “Les trois-quart sont disponibles et ne se sentaient pas à leur place à la maison alors qu’à l’hôpital, les services sont très en tension”, explique François-Antoine Casciani, ancien vice-président de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF).
“Dès le début de la semaine, le 17 mars, nous avons lancé un questionnaire auprès des externes pour recenser les volontaires et en parallèle, on a identifié les services en tension. Pour chaque demande d’un service, nous lançons un appel à volontaire”, explique le jeune médecin. Canal de communication : les groupes Facebook des promotions.
“La réactivité et l’efficacité d’organisation des étudiants sont extrêmement émouvantes”, confie le doyen de la fac de médecine, Pierre Wolkenstein, qui indique s’entretenir avec les représentants des étudiants deux fois par jour pour faire le point, et recense de son côté les besoins des services.“Dès ce lundi, nous allons former les externes aux techniques de décubitus-ventral pour soulager les réanimateurs.”
150 externes déjà mobilisés dans 7 services
“En quelques jours, nous avons ouvert sept nouveaux terrains (ndlr, services, spécialités) de stage”, précise François-Antoine Casciani. Dans les Samu du 77 et du 94, les étudiants épaulent les médecins qui répondent aux appels au centre 15. Ils viennent aussi en soutien aux urgences de l’hôpital Henri Mondor de Créteil (groupe AP-HP), au laboratoire de virologie, pendant les gardes de nuit, et bientôt dans la nouvelle tente qui doit être installée devant l’hôpital pour orienter les patients symptomatiques ou pas de Covid 19. Au Centre hospitalier intercommunal de Villeneuve-Saint-Georges (CHIV), ils interviennent dans une nouvelle unité dédiée aux non Covid. “A chaque appel à volontaires, nous avons plus de réponses de que de demande. Au total, 500 à 600 externes sont mobilisables.”
Pas question toutefois d’envoyer les étudiants au front tous azimuts. D’où l’importance de l’organisation logistique. “Il y a au moins dix personnes qui s’occupent de la coordination, avec notamment un étudiant en charge du planning pour chaque stage. Nous pouvons ainsi tenir à jour qui est mobilisé, qui est mobilisable.” L’enjeu est aussi de garder du souffle. “C’est une course de fond, rappelle Pierre Wolkenstein. Il faut organiser les rotations pour pouvoir tenir sur la durée.”
Les 2ème et 3ème années sont aussi prêts
Dans cette mobilisation, les étudiants de 2ème et 3ème années, qui ne sont pas encore externes, sont aussi volontaires. “Il n’y a pas de cadre légal pour les envoyer dans les services et il n’y a pas de besoins pour le moment, mais nous essayons de mettre en place des actions comme faire les courses pour les personnes âgées ou se proposer comme aide-soignant. Plusieurs projets sont en construction”, explique Maelys Bide-Hountondji, élue référente des 2ème et 3ème années. Là encore, l’organisation s’effectue à partir des groupes Facebook des promotions.
Continuer à étudier malgré les circonstances
Dans ce contexte exceptionnel, comment continuer à étudier et conserver le rythme exigeant des études de médecine? “Nous avions déjà certains cours majoritairement en e-learning comme par exemple le neuro-sensoriel. L’objectif aujourd’hui est de faire des vidéos des cours qui étaient en présentiel”, témoigne l’élue étudiante. “Nous montons en charge sur la continuité de l’enseignement avec la mise en ligne de cours sonores et nous avons fait un partiel en ligne cette semaine. Nous allons aussi essayer de conserver le calendrier des thèses en organisant les présentations en visio-conférence”, détaille le doyen de la fac. “Car nous avons besoin de former les gens et nous ne voulons pas non plus handicaper l’évolution de carrière des futurs médecins.” L’administration, elle, s’est progressivement organisée en télétravail, avec l’aide de la mairie de Créteil qui a mis à disposition les ordinateurs qui manquaient.
Reste que pour les étudiants, étudier en étant confiné n’est pas toujours simple. “Il y a des personnes qui avaient l’habitude de travailler de chez elles. C’est plus compliqué pour ceux qui allaient à la bibliothèque de 9h à 22 heures car ils ont du mal à se concentrer chez eux où ils ne disposent pas toujours d’un espace au calme”, pointe Maelys Bide-Hountondji.
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