D’ici quatre mois, les agents municipaux de Vitry-sur-Seine vont perdre 9 jours de repos qui leur étaient offerts par la ville dans différentes circonstances, conséquence de l’application de la loi sur les 1607 heures de travail dans la fonction publique territoriale. Le syndicat FSU organisait une grève ce mardi matin pour protester. Reportage.
Une quarantaine d’agents de Vitry-sur-Seine se sont retrouvés ce mardi matin sur le parvis de l’hôtel de ville à l’appel du syndicat pour défendre une longue liste de revendications destinées à améliorer les conditions de travail et le pouvoir d’achat du personnel.
Quelques jours après la notification du jugement du tribunal administratif ordonnant à la ville d’appliquer dans les quatre mois la loi sur le transformation de la fonction publique, la mairie a pris attache avec les représentants du personnel pour une première réunion de travail. “Nous avons été très déçus de la façon dont ça s’est déroulé. Le maire a purement et simplement refusé de prendre en considération la pénibilité. Ce n’est pas la même chose de travailler dans un bureau et de travailler à l’extérieur. Je pense également aux ATSEM (ndlr assistantes dans les écoles maternelles) ou au personnel de crèche qui exercent également des métiers difficiles”, résume Dalila Moumeni, déléguée FSU au comité technique de la ville.
Un traitement différent des agents du territoire
Eric et Joffrey, au service voirie, sont venus à la manifestation en tenue de travail orange. C’est un syndicaliste qui leur a expliqué ce qui allait se passer pour eux. “Les 35 heures hebdomadaires, nous les faisons déjà ! Là, ils doivent nous ajouter 25 minutes de présence en plus et nous perdons des jours de congés. Au Grand-Orly Seine Bièvre, ils ont réussi à trouver un accord et à conserver leurs jours de repos. La situation va être aberrante. Nous avons des collègues de l’assainissement, avec qui nous partageons les locaux, ils auront le régime du territoire plus avantageux que le nôtre”.
Même pour les agents occupant des postes hors champs de la pénibilité, la perte des 9 jours pèse lourd. “C’est une contrepartie au fait que nous occupons des emplois faiblement rémunérés malgré des années d’ancienneté. De toute façon, les départs d’agents expérimentés et titulaires pour d’autres collectivités sont nombreux. Malheureusement, ils ne sont pas toujours remplacés, et quand ils le sont, c’est par des contractuels”, souligne cette agent de la catégorie C qui travaille depuis 20 ans pour la mairie.
Tickets restaurant, embauches, logements…
Au-delà des 1607 heures, FSU a également défendu un catalogue de revendications plus large comme l’attribution de tickets-restaurants pour les agents ne pouvant pas se rendre à la restauration municipale à cause de leur emploi du temps, une commission transparence pour les avancements de carrière, l’augmentation des effectifs dans les services en tension, une prise en compte meilleure des demandes de logement du personnel communal,…
Le maire rappelle l’obligation d’appliquer la loi et défend une politique de dé-précarisation des agents
Le maire, Pierre Bell-Lloch, explique devoir appliquer cette loi de transformation de la fonction publique et dit assumer des arbitrages politique. “Avec la prise en compte de la pénibilité, tout le monde n’y gagnera pas puis il existe un risque de fragilité juridique. Nous étudions donc des pistes inattaquables et équitables. Nous voulons éradiquer le travail gris, ces heures faites et non reconnues, travailler également sur la question des pauses méridiennes, la mise en place de temps collectif au sein des services. Ensuite, sur les autres revendications, lorsqu’elles nous paraissent justes, nous tâchons de les appliquer mais nous sommes contraints par des choix budgétaires. La déprécarisation cette année de 180 agents va coûter 140 000 euros, certaines des demandes qu’ils nous font depuis des années se chiffrent en points de fiscalité”.
Un peu agacé par ce mouvement social, le maire rappelle la tenue, d’ici la fin de l’année 2022, des élections professionnelles. “Nous écoutons tous les syndicats. Il n’y a pas d’ostracisme”, assure l’élu.
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