Société | | 01/07/2023
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L’Haÿ-les-Roses : trois nuits de feu et des équipements publics ravagés

L’Haÿ-les-Roses : trois nuits de feu et des équipements publics ravagés © V Jeanbrun

Relais mairie entièrement détruit, rez-de-chaussée de l’hôtel de ville dévasté, marché partiellement cramé… À L’Haÿ-les-Roses, l’intensité des attaques a été crescendo ces trois dernières nuits, même si le nombre de protagonistes a légèrement diminué. Retour sur ces trois nuits avec le maire, Vincent Jeanbrun.

Dans la ville de 30 000 habitants, connue pour sa roseraie historique, les émeutes ont été intenses dès la première nuit, de mercredi à jeudi. “Le relais-mairie du jardin parisien, où les habitants viennent effectuer leurs démarches, a entièrement brûlé”, relate Vincent Jeanbrun, maire de la ville. Dans les rues, poubelles, voitures et panneaux d’affichage ont aussi été ciblés. “Ils ont aussi détruit des bouches d’incendie, ce qui réduit la pression des autres”, poursuit l’élu.

Mise à jour du 2 juillet : le domicile du maire a été pris pour cible dans la nuit de samedi à dimanche, lire :
Le domicile du maire de L’Haÿ-les-Roses, Vincent Jeanbrun, attaqué à la voiture-bélier

Mairie, Marché, commissariat et magasins ciblés

En nombre de participants, c’est toutefois la deuxième nuit qui a mobilisé le plus d’émeutiers. “On estime qu’il y avait entre 180 à 200 personnes, la nuit de jeudi à vendredi, dont 80 extrêmement déterminées. Ils venaient très probablement tous de la ville car, d’après les caméras, on peut observer des rassemblements depuis plusieurs quartiers comme Le Jardin parisien”, indique l’édile. Cette fois, le commissariat est attaqué, mobilisant la police nationale pour le défendre. En parallèle, des attaques visent aussi la mairie, le marché et les magasins de centre-ville. “Ils ont glissé des rouleaux de papier absorbant imbibés d’essence sous les meubles du marché pour être sûr de bien les faire brûler mais, heureusement, ceux-ci étaient ignifugés. Cela a surtout fait beaucoup de fumée. La police municipale a réussi à les mettre dehors et des riverains sont ensuite venus éteindre le feu.” La halle est en revanche fracturée et les poubelles du local à ordures complètement brûlées. Côté mairie, l’accueil est vandalisé. Les baies vitrées sont brisées, les ordinateurs et bornes d’accueil sont saccagés.

Demande de munitions en renfort

Cette nuit-là, la police nationale était occupée à défendre le commissariat, et il n’y a donc que 7 policiers municipaux pour défendre la ville”, reprend le maire. “Le problème est que nous manquons de munitions pour LBD. Il est urgent de nous réapprovisionner car il s’agit de la seule arme non létale pour se défendre.”

Mairie barricadée et couvre-feu

Vendredi 30 juin, le parvis de l’hôtel prend des allures de place forte. Grillages et barbelés s’amoncellent en bas des escaliers pour empêcher d’accéder au bâtiment. À 20 heures ce vendredi, le maire signe par ailleurs un couvre-feu piéton, interdisant de se promener entre 23 heures et 6 heures du matin, pour “protéger les honnêtes gens”, défend l’édile, qui souhaite carrément que le président décrète l’État d’urgence. “Nous avons constaté que des habitants ne se rendaient pas compte de la situation, continuaient de laisser leur poubelle et leur voiture dehors quand bien même ils pouvaient la rentrer, ou s’amusaient à prendre en photo les poubelles qui brûlent. Cela pose à la fois un problème de sécurité pour eux et gêne les forces de sécurité.”

Le marché sauvé des flammes de justesse

Cette troisième nuit, de vendredi à samedi, le nombre d’attaquants a diminué, “mais pas l’intensité des combats”, estime Vincent Jeanbrun. Cette fois, la mairie est de nouveau ciblée. “Il n’y avait qu’une trentaine d’individus mais ils étaient déterminés comme jamais et étaient plus organisés. Ils font de mieux en mieux les cocktails Molotov et ont trouvé un système pour se protéger lors des tirs de mortiers. À la mairie, ils sont venus avec des matelas imbibés d’essence. On n’a pas installé les barbelés de gaité de cœur, mais si l’on ne l’avait pas fait, on n’aurait plus d’hôtel de ville.” Les heurts ont aussi été plus concentrés dans le temps, essentiellement entre 1h et 3h du matin, selon l’élu qui indique avoir passé la nuit en mairie.

Le marché, lui, a de nouveau été pris pour cible. “Cette fois, ils ont arrosé les murs d’essence pour accélérer l’incendie. Heureusement que les pompiers ont pu intervenir rapidement. A 5 minutes près, il n’y avait plus de marché ! Mais, les dégâts sont nombreux. Le transformateur électrique est HS, les vitrines extérieures sont brisées et les plaques en polycarbonate qui forment le toit ont fondu, comme la gouttière. La halle n’est donc plus utilisable. Nous sommes désormais en discussion avec les commerçants pour savoir s’ils souhaitent s’installer à l’extérieur ce dimanche.”

Des dégâts dont l’addition risque de se chiffrer en million d’euros.

“Le problème est que ce n’est pas fini, s’inquiète le maire. Et là, on est épuisé.”

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