Entreprendre | Val-de-Marne | 06/03
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Fresnes : Osco réveille une boisson médiévale pour inventer un apéritif sans alcool bio et festif

Fresnes : Osco réveille une boisson médiévale pour inventer un apéritif sans alcool bio et festif © AH

Longtemps marginal dans les rayons, l’apéritif sans alcool connaît aujourd’hui une croissance à presque deux chiffres, propulsé par une demande accrue et une offre de plus en plus attrayante. En témoigne la marque Osco, lancée en 2021, en Val-de-Marne, par deux créatrices. Histoire.

À l’origine de la marque : deux trentenaires, Marion Lebeau (à gauche sur la photo) et Laura Falque (à droite sur la photo). Les deux associées, professionnelles du marketing, ont toutes les deux fait leurs armes dans la même agence de design global de produits de luxe. Enceintes en même temps, elles profitent de cette période pour repenser la suite de leur carrière, après plusieurs années passées dans la même agence. Progressivement, l’idée d’entreprendre a fait son chemin. “Pendant des années, nous avons donné des conseils à d’autres, à présent, c’était à nous de créer quelque chose“, se souvient Laura Falque. Elles découvrent aussi à quel point l’offre de boissons sans alcool est restreinte et peu festive. “En 2020, quand nous avons lancé cette idée de cocktail sans alcool, nous passions un peu pour des rabats-joie“, se souvient du reste la cofondatrice.

Pourtant, les habitudes commencent à changer, la consommation de vin diminue d’année en année et le dry january embarque de plus en plus d’adeptes. Pendant la crise sanitaire, les futures associées décident donc de creuser l’idée, s’entretenant à distance avec des barmans professionnels travaillant à Paris ou dans des pays anglo-saxons. “Les barmans confirmaient l’attente des clients, mais nous expliquaient qu’ils étaient face à des contraintes de temps et de complexités aromatiques”. Pour réussir un cocktail, sans alcool il faut, en effet, compenser par d’autres ingrédients pour obtenir l’équilibre gustatif. Les combinaisons sont complexes pour aboutir à la puissance et la longueur en bouche d’un équivalent alcoolisé. “C’est un paramètre difficile à gérer pour eux, alors que tout est fait à la minute“, explique Laura Falque.

Cet article s’inscrit dans le cadre d’une série de portraits d’entreprise du Val-de-Marne réalisés avec le soutien de la Chambre de commerce et d’industrie. La CCI 94 a accompagné la marque Osco dans le cadre de son club Agroalia. Celui-ci favorise les échanges entre acteurs économiques de la filière agroalimentaire et de la #foodtech

Le verjus : de la cuisine médiévale aux bars branchés

Ce tour d’horizon permet aux entrepreneuses de préciser les besoins : une préparation de cocktail sans alcool prête à l’emploi, avec de vraies qualités gustatives et une apparence attractive. Il ne s’agit pas juste de faire du sans alcool. Sinon, autant rester au jus de tomate ou à l’eau gazeuze. C’est à partir de ce cahier des charges que Laura Falque et Marion Lebeau décident de réveiller une boisson française oubliée, le verjus.

Bio et naturel

Ce jus de raisins verts, non fermenté, était prisé dans la cuisine médiévale pour son goût acide, à une époque où les citrons ne couraient pas les rues, avant de tomber progressivement dans l’oubli. Une spécialité française redécouverte au 20e siècle, notamment dans le Périgord, sous forme pasteurisée pour pouvoir être conservé. C’est là que les associées se rendent, auprès d’une productrice locale bio, dès 2020. “Le verjus permet d’avoir l’attaque franche que nous recherchons pour les cocktails, et il se conserve longtemps après l’ouverture, sans recours à des conservateurs artificiels“, détaille Laura Falque.

Pour développer leur produit, les entrepreneuses rejoignent l’incubateur Rungis & Co, initié par la Chambre de commerce et d’industrie et le Min de Rungis, et spécialisé dans l’accompagnement des startups de l’agroalimentaire. “Comme nous n’avions jamais développé de produit agroalimentaire, il nous fallait appréhender les aspects réglementaires, comme les barèmes de conservation, les contraintes d’hygiène. Nous devions aussi nous intéresser aux réseaux de distribution”, détaille la cofondatrice. Ainsi nait le premier apéritif Osco, L’Original, à base de verjus aromatisé aux plantes épices et gentiane. Un liquide à la couleur dorée, proposé dans un packaging soigné.

Un financement participatif à près de 1 000% de l’objectif

Dans la foulée, une campagne de financement participatif sur la plateforme Ulule pour financer une première série de mille bouteilles. Le résultat est au rendez-vous, à 940% de l’objectif ! de quoi assurer la prévente de près de 1 000 bouteilles.

Primé aux concours

Les créatrices participent aussi au concours des Épicures 2021, un rendez-vous annuel où sont primés les meilleurs produits d’épicerie fine, et y remportent l’Épicure d’or dans la catégorie boissons sans alcool. “Cela nous a soulagé d’être adoubées par des professionnels, des chefs étoilés. Nous pouvions sereinement envisager le début de la distribution de nos bouteilles dans de beaux établissements.” Depuis, la marque a gagné de nouveaux prix au salon Vinexpo en 2022, puis à l’IWSC, un salon international dédié aux vins et spiritueux.

Entre-temps, l’entreprise, dont le siège basé à Fresnes, a rejoint Willa, un incubateur spécialisé dans l’entrepreneuriat féminin. Pour assurer la distribution, la startup s’appuie sur des compétences extérieures : un embouteilleur et un logisticien. “Il fallait répondre très vite aux exigences des clients haut de gamme et à l’arrivée de la concurrence“, indique Laura Falque.

Car le marché est en pleine maturation. “Il y a deux ans, vous pouviez trouver un à deux cocktails sans alcool en vous rendant dans un bar. Aujourd’hui, de plus en plus d’établissements en proposent jusqu’à une dizaine.” Une demande croissante d’alternatives festives à l’alcool documentée par l’étude Opus de CGA, menée sur 5 000 consommateurs français de boissons hors domicile. L’étude chiffre à 52 % des sondés ceux qui envisagent de réduire leur consommation d’alcool dans l’année et que 16 % sont déjà passés à l’acte. Parmi ces derniers, 41 % se reportent sur les “mocktails” (cocktails sans alcool). En face, l’offre se muscle donc, et Osco entend bien rester dans la place.

Diversification

C’est là qu’entre en scène le talent marketing des deux associées. Après la création de leur premier opus, “l’original”, à la robe dorée, les associées lancent la réplique, le “Rouge ardent”, plus fruité et épicé, toujours bio. De quoi commencer une gamme.

Aujourd’hui, la marque est distribuée dans des centaines de caves en France, au rayon des spiritueux, mais, aussi, dans des supermarchés bios, épiceries fines ou concept stores. Elle reste par ailleurs vendue en direct via un portail e-commerce.

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