Les principaux syndicats d’enseignants de Seine-Saint-Denis ont appelé à la grève ce jeudi 1er février. En Seine-Saint-Denis, l’intersyndicale réclame un “plan d’urgence” pour le département.
Vingt-cinq ans après le premier plan de rattrapage pour la Seine-Saint-Denis, CGT, FSU, Solidaires éducation et le CNT ont réclamé, dès la veille de Noël, la mise en place d’un nouveau plan d’urgence pour le département.
Le département compte actuellement 325 000 élèves pour un peu plus de 25 000 enseignants, répartis dans 1 100 établissements. Lors de la rentrée 2023, le rectorat a annoncé un taux d’encadrement en progression, avec un effectif d’enseignants stable malgré la diminution du nombre, tablant sur un ratio de 6,56 professeurs attendus pour 100 élèves dans le 1er degré, en progression de 0,06%.
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Plus de profs
Pour les syndicats toutefois, le compte n’y est pas. “Notre école est significativement sous-dotée. En moyenne, un enfant perd une année de sa scolarité du fait des non-remplacements“, résume Louise Paternoster, co-secrétaire de la CGT Éduc’Action 93. “Cette pénurie aboutit à une crise d’attractivité sans précédent. En deux ans, nous avons perdu 1300 postes de professeurs des écoles (…) À besoin hors norme, il faut des moyens hors norme“, exige la syndicaliste.
Pour les 1er et 2ème cycles, les syndicats revendiquent l’abaissement des seuils à 20 élèves maximum par classe, condition optimale pour “gérer l’hétérogénéité dans les classes“, estime Marie-Hélène Plard, co-secrétaire de la FSU-Snuipp 93 (1er degré).
Au total, les syndicats réclament ainsi le recrutement de quelque 5 000 enseignants, dont 2 000 pour le premier degré et 1 000 pour le collège, mais aussi 100 conseillers principaux d’éducation (CPE), 350 assistants d’éducation et 200 assistants pédagogiques.
Pour Zoé Butzbach, l’autre co-secrétaire de la CGT Éduc’Action 93, 529 classes sont manquantes et 20 nouveaux collèges seraient nécessaires pour le département. Au lycée, ce sont 896 classes et 2 200 enseignants qui manquent, mais aussi 75 CPE, 300 assistants d’éducation et 120 assistants pédagogiques.
Bâti en mauvais état
Autre point noir pointé par les syndicats : la moitié des établissements signalent des fissures, des infestations, des fuites… “Comment apprendre sereinement dans ces conditions?“, interroge Emilie Benoît de Sud Education 93. “C’est l’entretien qui n’est pas à la hauteur”, estime-t-il, appelant les différentes collectivités responsables (les communes pour les écoles, le conseil départemental pour les collèges et la région Ile-de-France pour les lycées) à mobiliser les moyens nécessaires.
L’angle mort de l’inclusion scolaire
L’accompagnement des élèves porteurs de handicap reste aussi au-dessus des doléances, avec des seuils d’effectifs sont dans les dispositifs ULIS (unité localisée pour l’inclusion scolaire) dépassés dans 45% des lycées et 67% des collèges, selon les syndicats qui demandent la création d’un statut pour les AESH (accompagnants des élèves).
Les syndicats, qui ont questionné leurs membres, font état de manques récurrents. “40% des établissements qui ont répondu déclarent qu’ils n’ont pas d’infirmière et 24% n’ont pas d’assistante sociale. 48% des écoles, par exemple, disent qu’il leur manque un médecin scolaire ou un infirmier. 30% des lycées disent qu’il leur manquent une assistante sociale. Or, sans ces personnels, ce sont des élèves souffrants qui ne peuvent pas être soignés ou qui ne peuvent pas être accueillis (…) La liste des situations dramatiques ou invisibilisées est longue, d’autant plus quand on sait que notre département est un désert médical“, pointe Emilie Benoît de Sud Education 93.
Ce 1er février, les syndicats enseignants se sont donné rendez-vous devant le jardin Luxembourg en début d’après-midi, pour manifester jusqu’au ministère, rue de Grenelle.
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