La police a démantelé ce mercredi 17 avril le squat de la Zac Seine Gare à Vitry-sur-Seine. Les services de l’Etat ont proposé des mises à l’abri en Île-de-France, Centre Val de Loire et Aquitaine aux 450 migrants. Associations et élus dénoncent l’invisibilisation de populations vulnérables à 100 jours des Jeux Olympiques.
Le plus grand squat de France – qui a abrité jusqu’à 450 migrants, en situation régulière pour la plupart selon les associations – était en cours d’évacuation mercredi matin dans la banlieue sud de Paris, à 100 jours des Jeux olympiques, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Une partie des sans-abris qui avaient trouvé refuge dans cette entreprise désaffectée de Vitry-sur-Seine avaient quitté les lieux les jours précédents. Les habitants et leurs soutiens associatifs et politiques anticipaient cette expulsion et ont participé samedi dernier une manifestation.
Lire : Manifestation contre le démantèlement d’un squat dans la zac Seine Gare
250 policiers mobilisés
Quelque 250 agents ont été mobilisés pour cette opération, selon la préfecture du Val-de-Marne. Des mises à l’abri sont prévues pour les personnes délogées, en Val de Loire et Aquitaine. Une centaine de personnes vulnérables ont été orientées vers des structures d’hébergement adapté en Val-de-Marne. Une autre centaine de personnes ont été transportées vers des sites à Bordeaux et en région Centre Val de Loire. Enfin, une cinquantaine de personnes bénéficiaires de la protection internationale ont été envoyés en centre provisoire d’hébergement pour faire l’objet d’une évaluation de situation.
“Cette opération a été organisée avec l’appui de la préfecture de la Région Île-de-France, des services municipaux ainsi que des forces de police et de secours. Un examen précis des situations individuelles a été réalisé, à la demande de l’État, par France Terre d’Asile, ce qui a permis d’identifier des prises en charge adaptées à chacune des situations rencontrées“, précise la préfecture dans un communiqué.
Des valises à la main, qui contiennent les effets de toute leur vie en France, le visage inquiet, les quelque 300 occupants qui restaient encore – hommes, femmes, enfants – ont quitté les lieux peu après 8 heures. Ils logeaient dans ces locaux depuis plusieurs mois pour certains, faute de trouver un logement dans le parc privé, ou en attente d’un logement social.
Selon l’association United migrants, qui leur apporte régulièrement son aide, 80% d’entre eux sont en situation régulière en France. Depuis plusieurs mois, le collectif le Revers de la médaille, qui regroupe
des associations venant en aide aux personnes précaires vivant dans la rue, alerte sur le sort des sans-abris dont les camps de fortune sont démantelés à un rythme plus soutenu à l’approche des JO (26 juillet – 11 août) selon ce collectif.
“Je vais aller où ?”
C’est dans ce squat qu’habitait depuis trois ans Mohammed Sayed, Erythréen. Il a le statut de réfugié, travaille dans la maintenance électrique à Eiffage en CDI, mais ne trouve pas de logement. “Ce n’est pas que je suis content d’être là, mais je vais aller où ?“, s’interroge le quadragénaire auprès de l’AFP, sa grosse valise à roulettes à côté de lui. La députée LFI Mathilde Panot était sur place.
Selon Paul Alauzy, qui travaille pour Médecins du monde, cette nouvelle évacuation est liée aux Jeux olympiques. “Cela fait un an qu’on assiste à des expulsions et les squats évacués restent toujours vides”, dit-il à l’AFP.
À cent jours des JO, “on expulse (des squats: ndlr) des Tchadiens, des Soudanais, des Erythréens, des Ivoiriens, des Guinéens qui ont des papiers : des gens en CDI mais à qui on ne veut pas louer d’appartements. La seule solution reste le squat” puisque ces personnes travaillent en Ile-de-France,
ajoute-t-il.
De l’habitat insalubre faute de logement
Autrefois siège d’une entreprise d’autobus, le bâtiment de Vitry-sur Seine a été progressivement investi par des personnes délogées d’autres squats d’Ile-de-France. Ces dernières ont expliqué à l’AFP fin mars qu’elles ne trouvaient pas de logement dans le parc privé ou qu’elles étaient inscrites sur liste d’attente depuis plusieurs années pour bénéficier d’un logement social.
Derrières les vitres miroir du bâtiment insalubre de plusieurs étages, les occupants avaient installé des lits et des matelas par terre jusque sous les escaliers et dans les couloirs faute de place. Le long de murs décrépis pendent des fils électriques, tandis que des douches rudimentaires fonctionnent à l’eau froide.
Il y a un an, les autorités avaient évacué l’ancien siège désaffecté d’Unibéton sur L’Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), à proximité du futur village des athlètes de JO de Paris où vivaient 500 migrants. En juillet, 150 autres personnes qui avaient trouvé refuge dans une maison de retraite abandonnée dans le quartier des Baudemons à Thiais avaient également été expulsés.
Lire : À Thiais, près de 170 migrants expulsés
Ali, homme de ménage à Disneyland, avait raconté, lors de son expulsion d’un précédent squat, en Seine-Saint-Denis, avoir été envoyé par les autorités en car près de Toulouse par erreur. Ce réfugié soudanais était finalement revenu quelques jours plus tard en région parisienne, pour poser ses valises au squat de Vitry-sur-Seine, faute de mieux, afin de pouvoir continuer son travail.
Article mis à jour avec le communiqué de presse de la préfecture à 16h20
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