Entreprendre | | 17/06
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Plateau briard en Val-de-Marne : succès et circuit court pour les poulets bio de Sophie Besnard

Plateau briard en Val-de-Marne : succès et circuit court pour les poulets bio de Sophie Besnard © EF

Au cœur du plateau briard, à Mandres-les-Roses, Sophie Besnard pilote seule un élevage de quelque 10 000 poulets bio qui grandissent en plein air, protégés par des haies et des rangées de conifères. Reportage.

Technicienne de laboratoire chez Sanofi Vitry-sur-Seine durant plus de vingt ans, Sophie Besnard a franchi le cap il y a dix ans, en 2015, décidée à se mettre au vert. Depuis l’exploitation avicole a prospéré, grâce à une organisation bien rodée. Afin d’entretenir en continu l’herbe des parcours, l’éleveuse s’appuie par exemple sur des “poulaillers à roulettes” qu’elle a elle-même conçus. “Cela permet à l’herbe de repousser en permanence et aux poulets d’avoir un environnement propice à leur alimentation”, motive-t-elle. Après chaque rotation, les abris sont lavés puis mis au repos deux semaines. “En dix ans, on n’a jamais donné un seul antibiotique à un poulet !” Les volailles de chair sont ici élevées en moyenne 120 jours (il faut un minimum de 80 jours pour avoir la certification biologique). Les poules pondeuses, elles, occupent un enclos distinct.

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Les poules pondeuses, distinguées des volailles se situant dans un autre enclos

L’exploitation, qui a triplé depuis sa création, écoule sa production via plusieurs canaux : vente directe le vendredi et samedi après-midi, casiers automatiques et partenariats locaux. “Notre économie tourne en majeure partie grâce aux partenariats avec les collectivités territoriales, aux Amap (Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne) et le reste avec la vente à la ferme et les casiers automatiques”, développe Sophie Besnard.

Si les poussins viennent de Normandie et que les poulets passent par l’abattoir biologique de Beaune-la-Rollande (Loiret), la productrice tente de limiter les kilomètres parcourus par ses volailles. “Des chaînes de magasins bio nous ont sollicités, tout comme des institutions parisiennes prestigieuses, mais nous privilégions le local.”

“Les casiers ont permis le développement de la vente à emporter de manière spectaculaire”

Installée dans le plateau briard, l’avicultrice approvisionne en revanche en poulets bios la restauration collective de son intercommunalité, le Grand Paris Sud Est Avenir (GPSEA), qui regroupe les cantines centrales d’Alfortville et de Bonneuil-sur-Marne qui préparent quelque 20 000 repas chaque jour pour les écoles, Ehpads ou encore le portage à domicile dans les communes d’Alfortville, Créteil, Limeil-Brévannes, La Queue-en-Brie, Noiseau, Le Plessis-Trévise, Bonneuil-sur-Marne et Boissy-Saint-Léger.

L’exploitante a aussi ouvert des casiers automatiques il y a quelques années, occasion de diversifier son offre avec d’autres produits locaux comme de la farine de blé bio ou des fromages du domaine de Beaulieu à Pécy, en Seine-et-Marne. “Les casiers ont permis le développement de la vente à emporter de manière spectaculaire”, constate Sophie Besnard. De quoi élargir les horaires, du mercredi au dimanche (10h-19h), en plus de la vente directe à la ferme le vendredi et le samedi après-midi. Les lundis et mardis, eux, sont réservés à l’envoi à l’abattoir des poulets et autres activités en interne. 

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De nombreux produits sont proposés: produits bruts venant d’autres fermes, produits transformés à partir de leur élevage, etc.

La vente à la ferme a aussi ses adeptes. “On a les animaux devant nous, on sait qui sont les poulets que nous achetons, c’est ça la qualité” souligne Anne, venue de Brunoy (Essonne). “Cela nous évite d’aller en grande distribution”, témoignent Martine et son mari, venus de Villecresnes, qui apprécient “de consommer local”.

“Il y a un potentiel de commercialisation énorme autour de la ferme”

Désormais, Sophie Besnard commence à penser à la suite, la transmission. Une étape qui ne s’improvise pas. “Reprendre une exploitation n’est pas un effort de cinq, six ans, c’est au moins dix ans si l’on espère avoir une retour sur investissement suffisant”, prévient-elle, insistant sur l’envie de s’investir. “Quand j’ai arrêté mon métier de laborantine à Sanofi, il y a plus de dix ans, j’avais des connaissances théoriques du métier. Je me suis formée, mais j’ai surtout appris sur le terrain que de nombreux facteurs entrent en ligne de compte: la saisonnalité, les aléas naturels… Il y a une part d’incertitude qu’il ne faut pas négliger.”

L’agricultrice, qui a réussi son pari, reste toutefois très confiante pour la suite. “Je suis la seule exploitante de volailles sur le département et c’était dur de se faire une place, mais désormais, il y a un potentiel de commercialisation énorme autour de la ferme, en améliorant les initiatives locales tel que le portage à domicile ou l’approvisionnement des magasins indépendants.”

“Tout ce que je demande, c’est que le repreneur ou la repreneuse ait la niaque”

A condition d’être polyvalent. “Être éleveuse, c’est avant tout trois casquettes : proposer des produits de qualité, les vendre, et transmettre ce savoir-faire le mieux possible”, insiste-t-elle avant de conclure : “tout ce que je demande, c’est que le repreneur ou la repreneuse ait la niaque”

Les clients, eux, veillent au grain. “J’espère que le repreneur gardera cette exigence de proximité”, anticipe ainsi Karl, qui vient en vélo chaque semaine depuis Mandres-les-Roses. “Le local, la qualité et l’accueil sont les trois facteurs essentiels”, résume-t-il. “J’espère qu’ils vont continuer de proposer d’autres produits, notamment plus de fruits ou de légumes. Certaines fermes du coin proposent des haricots du Maroc, ça ne concorde pas forcément avec l’image que j’ai de consommer local à la ferme, il faut préserver le circuit court local le plus possible“, enjoint Martine. Ça tombe bien, les premiers arbres fruitiers plantés au milieu des poules il y a peu commencent à donner. Alors, “pourquoi pas en faire de la confiture et la vendre directement dans les casiers, suggère Sophie Besnard. Ce sont des pistes pour les successeurs.”

Pour mieux connaître les débuts

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