Alerter les personnes allergiques dès l’apparition des premiers pollens, telle est la vocation des pollinariums Sentinelle, déployés dans l’ouest de la France depuis une douzaine d’années. Un premier vient d’ouvrir au parc floral de Paris, dans le bois de Vincennes. Pour les personnes allergiques, il suffit de s’inscrire à une mailing liste pour recevoir des alertes. Explications.
Noisetier, bouleau, aulne, charme, vulpin, flouve…, huit espèces d’arbres et dix d’herbacées, principalement des graminées, ont été collectées dans un rayon de 20 à 50 km autour de la capitale. Elles ont été plantées près du bassin du Parc Floral, à raison de quatre plants par espèce récoltés aux quatre points cardinaux de Paris afin de représenter la diversité génétique des végétaux franciliens les plus allergisants.
Pollinarium mode d’emploi
Pour repérer les pollens, les jardiniers du parc viennent tapoter chaque matin les inflorescences de chaque plant. “Ils regardent s’il y a un début ou une fin d’émission de pollens et renseignent une interface numérique avant 12h00”, explique Emmanuelle Boulvert, ingénieure à la Direction de la santé publique de la Ville de Paris, à l’initiative de ce premier pollinarium Sentinelle en Ile-de-France. Un message est alors envoyé aux abonnés du site Alerte Pollens pour les inviter à prendre un traitement préventif. L’objectif est, en effet, d’anticiper l’arrivée des grains dès les premières émissions, soit deux à trois semaines avant leur diffusion générale dans l’air, pour en informer la population. “Le pollinarium va permettre de savoir exactement à quel pollen on est allergique et de réduire la durée des traitements”, souligne l’ingénieure. Les émissions de pollen s’étendent en général de janvier à octobre. Mais selon les années, les dates peuvent varier en fonction des conditions météorologiques.
Un enjeu de santé publique
“On a déjà 30% d’adultes allergiques aujourd’hui en France. On sait qu’on risque d’arriver à 50% en 2050 et l’objectif est d’inverser cette tendance”, plaide Anne Souyris, adjointe à la mairie de Paris chargée de la Santé. En région parisienne, la pollution de l’air liée au trafic routier, facteur important d’allergies, démultiplie par ailleurs l’effet des allergies dues aux essences végétales. “C’est très important d’agir sur ces deux facteurs, en particulier près du périphérique où l’on a 11% d’enfants en plus qui sont asthmatiques”, précise l’élue. Le changement climatique rend par ailleurs l’arrivée des pollens plus précoce. “On a des épisodes plus longs et des charges polliniques plus importantes”, souligne Marie Gantois, de la Direction des espaces verts de Paris.
Le premier pollinarium Sentinelle en Ile-de-France
C’est en 2003 que le projet de Pollinarium a débuté, à la demande de médecins allergologues, d’abord expérimenté au jardin des plantes de Nantes, jusqu’en 2011. S’est alors créée l’Association des Pollinariums Sentinelles de France (APSF) pour essaimer ailleurs, en partenariat avec les collectivités locales. Jusqu’à présent, 15 pollinariums Sentinelle avaient été déployés dans l’ouest de la France, de Brest à la Rochelle en passant par le Havre. Le pollinarium du bois de Vincennes, aménagé par la ville de Paris, vient en diversifier la géographie. Il complète l’observatoire de concentration des pollens dans l’air ambiant qui existe déjà depuis 25 ans via un capteur sur le toit de l’Institut Pasteur.
Mode d’emploi pour être informé
Pour être informé de l’arrivée des pollens, il suffit de s’enregistrer sur le site Alerte Pollens, édité par l’association APSF. Un mail est alors envoyé automatiquement, en cas d’arrivée d’un nouveau pollen.
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