Attendu ce mercredi 19 avril, le verdict du Tribunal de commerce à propos de l’entreprise MIM de Thiais a été reporté à mercredi prochain, 26 avril. A cette date, le tribunal devra soit prononcer sa liquidation judiciaire, soit ouvrir à nouveau le dossier aux offres de reprise pour laisser l’opportunité au projet de Scop de tenter sa chance. Mardi 18 avril, Christophe Sirugue, secrétaire d’Etat à l’industrie, avait écrit au président du Tribunal de commerce pour
confirmer que son cabinet avait échangé avec les initiateurs de cette reprise par les salariés, et indiqué que l’Etat était « prêt à s’engager pour soutenir le projet, en examinant sans délai, l’octroi d’un prêt du Fonds de Développement Economique et Social (FDES) (…) en vue d’un déblocage des fonds d’ici trois semaines au plus tard.» Une très bonne nouvelle pour le projet, même si celui-ci arrive tard dans le processus, et n’a pas encore convaincu la majorité des salariés qui n’en peuvent plus d’attendre pour savoir à quelle sauce ils vont être achevés. Retour en détail sur cet embryon de nouvelle aventure entrepreneuriale.
Pour rappeler le contexte, le Tribunal de commerce a déjà confirmé la reprise par le groupe suisse Tally Weijl de 69 magasins, et par le groupe Etam de deux autres, sur les 250 que compte la chaîne de prêt-à-porter féminin à petits prix. Le projet de Scop porterait lui sur environ 130 des 180 magasins restants, et promet de sauver 650 emplois supplémentaires sur les 800 qui restent encore sur le carreau. Pour relancer la première année de fonctionnement, le projet a évalué son besoin en financement à hauteur de 5,6 millions d’euros.
Une idée germée à toute vitesse
Il y a deux semaines encore,
Le rendez-vous au ministère qui donne la pêche
Au-delà de ficeler le dossier, il faut aussi mobiliser les salariés, condition sine qua non pour créer une Scop. Là, c’est plus compliqué. “Avant le rendez-vous au ministère, nous en avons seulement parlé de manière informelle, nous ne voulions pas créer de faux espoirs“, indique Isabelle Vilela. Au siège, le rendez-vous au ministère redonne la pêche. Une vingtaine de personnes rejoignent l’équipe du projet. Mais il s’agit désormais de communiquer largement au-delà, et de motiver, car l’info a commencé à circuler de manière non officielle et pour un certain nombre de salariés, le projet est perçu comme venant des cadres. Alors que les nerfs des employés sont déjà à rude épreuve depuis des mois, ce nouveau rebondissement irrite plus qu’autre chose. “Je comprends tout à fait. Je demande juste un peu de compréhension, car il a fallu aller très vite“, plaide Isabelle Vilela.
Un prêt du FDES ?
De son côté, le ministère fait ce qu’il faut pour réagir promptement et la lettre de Christophe Sirugue adressée le 18 avril au président du Tribunal de Commerce de Bobigny, l’assurant d’un possible prêt sous trois semaines pour relancer un projet de reprise par les salariés, n’a sans doute pas été neutre dans la décision de ce mercredi 19, jour attendu du verdict après l’audience de la veille, de donner une semaine de délai supplémentaire.
Une semaine pour convaincre
Désormais, il reste une semaine pour convaincre. Convaincre les salariés d’abord, en exposant largement le projet. Un premier sondage en ligne (ouvert à tout internaute de manière anonyme) a donné le contre à 85%, mais une nouvelle consultation devrait être organisée après présentation complète du dossier.
Pour convaincre les équipes comme les autorités, le projet devra aussi démontrer ses chances de réussite, concernant la solidité de son financement d’abord, son modèle économique ensuite. Alors que Tally Weijl et Etam ont déjà repris 71 des 250 magasins de la chaîne, ceux qui restent ne sont-ils pas les moins rentables ? “C’était notre crainte au départ mais ce n’est pas le cas. Ces groupes ont repris les magasins en fonction de leur propre réseau, afin de le compléter”, indique un cadre.
Concernant le modèle économique, l’entreprise a cumulé les déficits avec une perte de 9 millions sur le dernier exercice, connu une descente aux enfers de son chiffre d’affaires passé de 206 millions d’euros en 2015 à 184 millions d’euros en 2016, et accuse une dette de 60 millions d’euros. Comment la nouvelle pousse peut-elle faire mieux à partir du même modèle, dans un marché de la fringue pas chère désormais très concurrentiel et donc de plus en plus exigeant ? “MIM a une place car la marque est présente là où beaucoup ne sont pas. Mais il manquait ces dernières années une vraie cohérence de gamme et on n’écoutait pas assez les retours qui nous venaient des magasins. On achetait des produits mais on ne pensait pas assez collection”, suggère un cadre. Dans un communiqué, le syndicat Seci Unsa met également en cause l’organisation qui avait été mise en place par l’actionnaire actuel, le groupe hong-kongais Main Asia. Le syndicat accuse le groupe de s’être “gavé sur la bête” en imposant un fournisseur exclusif qui a fait monter les prix 30% au-dessus du marché, et lui reproche également de n’avoir fait aucun investissement. Pour rappel, l’entreprise avait été créée en 1976 par deux frères, Emile et Charles Amzallag, avant d’être cédée progressivement à New Look de 2001 à 2003. Mais en 2014, New Look a décidé de se concentrer sur sa propre marque, larguant MIM au groupe Main Asia, propriété du Chinois Dejin Zheng.
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