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Société | | 01/04/2021
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Mandres-les-Roses: une résidence où les autistes sont autonomes

Mandres-les-Roses: une résidence où les autistes sont autonomes © FB

Depuis une douzaine d’années, une résidence de la Fondation Perce-Neige accueille trente adultes autistes dans un lotissement de Mandres-les-Roses. Âgés de 40 ans en moyenne, ils ont appris, grâce à des méthodes longtemps ignorées, à vivre plus sereinement.

Les pavillons de la maison d’accueil spécialisée de Mandres-les-Roses passent presque inaperçus parmi les lotissements de la petite ville briarde. En 2008, la Fondation Perce-Neige a acquis ce terrain et l’a fait viabiliser pour y ouvrir une structure médico-sociale. Sur le foncier inoccupé, ont été construits des logements autour desquels serpente une rue au nom de Lino Ventura, défenseur de la cause des handicapés à l’origine de l’association. Autour de ce quartier, se trouvent quelques exploitations agricoles.

C’est dans ce cadre de vie tranquille que vivent trente hommes et femmes adultes autistes répartis en cinq maisons où ils bénéficient tous d’une chambre individuelle. Une soixantaine de professionnels se relaient jour et nuit pour les accompagner.

Ce mardi matin, autour de 10 heures, Julien, la trentaine, seul membre de la résidence à pouvoir s’exprimer sans aucune difficulté, déboule dans une grande salle du bâtiment central pour une session de sport. Une psychologue, une psychomotricienne ainsi qu’une éducatrice vont lui faire enchaîner un parc d’obstacles, des jeux d’adresse, quelques échanges de ping-pong, du trampoline. A l’extérieur, Anthony, à peu près du même âge, atteint de trouble de la motricité, enchaîne les tours de tricycle, épaulé par un éducateur. D’autres résidents se balancent sur des agrès sportifs, certains se contentent de marcher. Pendant ce temps, un petit groupe rentre des courses avec des commissions plein les bras.

© FB

Des petites victoires au quotidien

Longtemps, lorsqu’il était devenu trop dur pour les familles de s’occuper d’un proche autiste, ces derniers étaient placés dans des institutions inadaptées comme des hôpitaux psychiatriques. “On considérait alors l’autisme comme une maladie qu’il fallait soigner avec, pour conséquence, un recours massif aux traitements neuroleptiques ou à la contention physique. Aujourd’hui les approches comportementalistes venues des Etats-Unis apportent une alternative et les autorités de santé encouragent leur développement. L’autiste est quelqu’un qui a des problèmes de communication sociale et des centres d’intérêts restreints et répétitifs. Il faut être capable de comprendre la cause de leur mal-être car ils peuvent l’exprimer par des comportements-problèmes, et leur donner des outils pour qu’ils puissent exprimer leurs besoins”, résume Théophile Thuillier, chef de service éducatif.

Les résidents sont par exemple incités à utiliser des pictogrammes. C’est de cette manière qu’ils planifient leurs journées, avec l’aide de leur éducateur spécialisé. Ils placent sur des bandes de velcro les items correspondant aux tâches et activités prévues. A la routine quotidienne des repas ou de l’hygiène, peuvent venir s’ajouter des loisirs, du sport ainsi que des moments de temps libre. Chaque résident bénéficie d’un projet personnalisé fixé en accord avec sa famille pour qu’il puisse atteindre des objectifs et se renforcer sur des comportements, des gestes ou des connaissances.

Un métier qui recrute difficilement

Si ce type d’établissement constitue un havre pour les autistes et leurs proches, la MAS de Mandres-les-Roses peine à recruter le personnel nécessaire à la prise en charge des trente résidents, et ce depuis son ouverture. “Si l’on ne connaît pas l’autisme, on peut parfois ne pas se rendre compte que l’on est maltraitant envers la personne dont on s’occupe. Aussi, nous formons du personnel médico-social mais nous avons un niveau d’exigence tel qu’il n’est pas toujours facile de trouver le personnel adéquat”, explique Théophile Thuillier. Un constat confirmé par Julie Carcone, éducatrice spécialisée. “A ce jour, le sujet est très peu évoqué en centre de formation, donc les gens ne cherchent pas à travailler dans ce secteur parce qu’ils appréhendent les troubles de comportement, les handicaps, et que les salaires ne sont pas toujours attractifs. Je me suis tournée vers cette structure parce que j’avais déjà travaillé avec des enfants autistes. C’est un métier qui mobilise beaucoup d’énergie mais qui procure aussi une grande satisfaction lorsque l’on constate au quotidien les petites victoires des personnes dont nous nous occupons”.

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